Cher Wambi, on n’en parlera jamais assez.
A ce sujet, j’ai bien apprécié l’écrit du jeune Wilfried Zoundi dans L’Observateur Paalga du mercredi dernier dans lequel il a démontré, arguments en béton à l’appui, qu’il y a des privilèges régaliens de l’Etat qu’on ne saurait, sous aucun prétexte, déléguer à une association civile, s’appelât-elle Koglweogo.
Fait partie de ces privilèges-là, le monopole de la violence légitime, le droit de rendre justice et celui de prélever l’impôt que ce soit sous forme d’amendes ou de taxes. Or ces Koglweogo, là où ils existent, se sont arrogés tous ces privilèges puisqu’ils arrêtent, verbalisent à leur convenance et châtient à leur manière jusqu’à ce que souvent mort s’ensuive.
Dans l’émission « Controverse » de la TNB du jeudi 18 février, le représentant des magistrats qui étaient sur le plateau avait à son tour balayé de façon magistrale tous les arguments tendant à justifier l’existence des Koglweogo dans leurs rôles de justice et de répression.
Cher cousin, nous autres ne sommes pas armés des mêmes arguments, mais je sais depuis longtemps qu’il est interdit de rendre justice soi-même.
C’est ainsi que dans les années 70, dans ce même journal je m’étais élevé vigoureusement contre ces pratiques d’ordalies à la mode de chez nous et qui consistait à faire ingurgiter à de pauvres femmes des breuvages pour leur extorquer des aveux de sorcellerie. En son temps, ces pratiques ont fait fureur dans la banlieue de la capitale. Par la suite, avec d’autres, j’ai mené la même croisade contre le lynchage des voleurs qui a débuté au milieu des années 70 dans les rues de Ouaga.
Quarante après, nous sommes censés avoir évolué en matière de démocratie et de droits de l’homme et il est difficile de tolérer encore moins de justifier certaines pratiques quelles qu’en soient les finalités poursuivies car, comme on dit, l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Cher Wambi, c’est bien vrai que nul ne peut ignorer que nos villes et nos campagnes sont en butte à des problèmes sécuritaires graves qui ne se traduisent par des vols de tous ordres suivis parfois de coups mortels sur les victimes. On comprend aussi la frustration des populations devant ce qu’elle considère à tort ou à raison comme une forme de complaisance, voire de complicité des forces de l’ordre avec les malfrats puisqu’à peine arrêtés, on les retrouves en liberté, narguant leurs victimes.
De ce point de vue, c’est sûr que si une concertation populaire devrait avoir lieu au sujet des Koglweogo, une écrasante majorité se dégagerait pour leur maintien sinon leur renforcement. Mais en cette matière, la minorité, c’est-à-dire ceux qui sont contre l’institutionnalisation des Koglweogo, sont loin d’avoir tort. Car elle sait, et elle sent, et les exemples historiques sont là pour la convaincre que nous sommes en train de jouer avec le feu.
Comme on l’a vu récemment en Côte d’Ivoire, avec les « comzones » et les dozos, ce genre de situation génère forcément des économies parallèles avec ces magnats et autres profiteurs à telle enseigne que quand on va vouloir y toucher ils seraient prêts à tout pour préserver leur filon. Et si on n’y prend garde, ces associations seront suffisamment puissantes à tel point que pour les démanteler il va falloir mettre en place des programmes de désarmement-démobilisation-réinsertion (DDR) pour faire rentrer leurs membres dans les rangs.
Plus grave, il y a dans cette affaire des risques de récupération et de noyautage de tous ordres. Ce d’autant qu’à ce qu’il paraît, ces Koglweogo jurent qui sur le Coran, qui sur la Bible et qui sur telle ou telle autre fétiche. C’est à se demander à quelle loi soumettent-ils leurs justiciables ? A la Charia, à la loi du Talion, comme sous Moïse ou au poéré (1). Ce recours à la religion est pain bénit pour tous ceux qui sont tapis dans l’ombre et en mal d’adeptes pour subvertir notre pays.
Oui, cher Wambi, je te le répète, dans cette affaire-là, nous jouons avec le feu.
D’où la question où en est-on avec la Police de proximité, pourquoi ne pas réactiver ces structures pour répondre aux préoccupations légitimes de nos populations au lieu de chercher à adouber des initiatives qui pourraient nous revenir sur la figure ?
Pourquoi ne pas déployer une partie de l’armée dans nos campagnes pour traquer ces coupe-jarrets qui écument nos villages ?
Au niveau de l’élite politique, économique, syndicale droit-de-l’hommiste il ne devrait pas y avoir de divergences car si par calculs politiques ou par clientélisme chacun veut chercher à tirer partie de cette affaire, c’est la nation qui risque d’en payer le prix.
Cher Wambi, moins de deux moins après sa formation, voilà le gouvernement de Paul Thiéba Kaba à l’épreuve du front social. En effet, le comité intersyndical de la magistrature a appelé ses militants de tous les tribunaux à un mot d’ordre de grève du 24 février au 1er mars. A l’origine de cet arrêt de travail sur toute l’étendue du territoire, il y a, entre autres, l’application des textes relatifs au statut particulier des magistrats et la récurrente question de l’indépendance de la justice. Et le moins qu’on puisse dire c’est que cet appel a été entendu au regard du bilan du premier jour qui nous a été communiqué et aussi du constat que j’ai effectué au tribunal de grande instance de Ouagadougou.
Et à ce que j’ai appris, les hommes en noir pourraient prochainement, si rien n’est fait pour satisfaire leurs doléances, remettre l’ouvrage sur le métier en observant une grève illimitée.
Mais nous n’en sommes pas encore là. Toutefois, sur la situation actuelle, tout porte à croire que le torchon brûle particulièrement entre les juges et leur ministre de tutelle, René Bagoré, magistrat de formation et ancien dirigeant syndical, au sujet de l’interprétation des textes relatifs aux réquisitions. En tout cas à en juger par le ton de l’échange de courriers entre les secrétaires généraux des syndicats et le Garde des Sceaux. Du coup, on craint fort que cette affaire de service minimum n’en vienne à radicaliser les positions de part et d’autre au détriment du nécessaire dialogue.
Cher cousin, comme tu l’as constaté à travers les multiples radios FM dont le rayon d’action atteint le village, on ne parle plus que de ça : la naturalisation de Blaise Compaoré. Mais si tu te rappelles bien, avant que la chose ne soit sur la place publique, dans ma lettre du 15 janvier 2016, je te faisais déjà part de la nationalité ivoirienne acquise par l’ex-président burkinabè, visé, comme tu le sais, par un mandat d’arrêt international dans le dossier Thomas Sankara. Si cette naturalisation procède, comme on est fondé à le croire, d’une stratégie judiciaire, la législation ivoirienne ne prévoyant pas l’extradition d’un citoyen ivoirien, cela voudrait dire que l’ancien locataire du palais de Kosyam a fait le choix de l’exil définitif.
Cher Wambi, encore une histoire de gros sous qui ne manquera pas de faire tache de boue sur la robe des magistrats.
De quoi s’agit-il ? De cette affaire qui est en passe de faire des vagues, et portant sur un détournement ou abus de confiance dont aurait été victime un commerçant burkinabè. Il aurait été tout simplement spolié de la somme d’environ deux milliards de nos francs. Et depuis cette date, à force de fréquenter le palais de justice, sans que les responsabilités soient clairement établies, la victime a perdu totalement le sommeil, quelque peu dégouté par cette Justice qui tarderait à faire justice.
En effet, le 12 janvier 2013, Ilboudo Lamtibo Ousmane dit « Concorde », importateur, grossiste en huile et pagnes, portait plainte à la Brigade ville de la gendarmerie de Boulmiougou, contre un de ses anciens collaborateurs et parent pour des malversations portant sur la somme de 115 000 000 FCFA.
Interrogé, le mis en cause aurait déclaré que ce manquant serait dû à des créances non recouvrées. Mais après de minutieuses enquêtes, ce ne serait plus une question d’une centaine de briques, mais vingt fois plus, c’est-à-dire plus de deux milliards de nos francs. Et ce n’est vraiment pas faute de n’avoir pas clamé que justice soit rendue, mais depuis du côté du Palais, les choses semblent être au point mort, et son avocat (qui reste pourtant un ténor du barreau) est exténué par les nombreux va-et-vient sans lendemain.
Affaire à suivre donc...
Cher cousin, à présent, jetons un coup d’œil dans le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.
Quelques semaines avant le terme de la Transition, le conseil des ministres avait procédé à des nominations qui ont laissé perplexe une bonne partie de l’opinion convaincue « de petits arrangements entre transitaires ». Sont de celles-là la nomination aux postes d’ambassadeurs trois membres du gouvernement de Michel Kafando. Si en ce qui concerne Joséphine Ouédraogo, ancienne Garde des Sceaux, nommée ambassadeur à Paris, ce sera juste un changement de poste puisqu’elle devrait poser désormais ses valises à Rome, pour Aminata Bila et l’ex-PM, Yacouba Isaac Zida, leurs départs respectifs pour le Royaume du Danemark et Washington, s’annoncent plutôt corsés sinon tout simplement compromis.
- Cher Wambi, tu n’es probablement plus reparti à Yalgado depuis l’hospitalisation de ton beau-père Gomdaogo la saison des pluies passée. Ce qui se passe actuellement aux urgences de ce plus grand centre sanitaire de notre pays est tout simplement ahurissant. L’on se croirait dans un film de série B et les principaux acteurs sont les vigiles, les visiteurs et les accompagnateurs des malades, obligés de faire des va-et-vient pour acheter des médicaments.
Précisons que les vigiles sont chargés de filtrer les entrées afin de permettre aux soignants de s’occuper des malades et aux malades de ne pas être « envahis » par des visites incessantes. Le samedi 20 février dernier ne fut pas de tout repos pour les internés en effet. Plusieurs altercations ont jalonné la journée entre les vigiles et les visiteurs d’une part et entre les premier-cités et les accompagnateurs d’autre part. A plusieurs reprises, les acteurs ont failli en venir aux mains, n’eut été l’intervention d’autres vigiles venus à la rescousse afin que l’irréparable ne se produise et avant l’arrivée de leurs responsables qui vont certainement sévir devant pareille irresponsabilité.
Tout en condamnant l’attitude de certains usagers de l’hôpital, nous encourageons les agents chargés de la sécurité des lieux à plus de courtoisie envers ceux qui sont déjà sérieusement stressés face à l’urgence de la situation. Si les malades pouvaient en effet donner leur avis, ils auraient préféré la quiétude et souffrir en silence plutôt que d’être les involontaires spectateurs de ces piètres prestations servies devant les Urgences de Yalgado.
- Le président Michel Kafando vient de s’envoler aujourd’hui même pour Cotonou où il recevra aujourd’hui un trophée « CAURI INTERNATIONAL » de l’Excellence, du Mérite et de l’Intégration. C’est un honneur fait à lui, à la Transition et au Burkina. Il sera en même temps l’invité spécial du Président Emile D. Zinsou, âgé de 92 ans, père de l’actuel premier ministre et candidat de la majorité à la prochaine présidentielle.
- Ni exagération aucune, sans mauvais jeu de mots, on pourrait dire qu’ils veulent la peau… d’Alizet Gando ! Eux, ce sont les membres de l’Association des collecteurs des cuirs et peaux du Burkina (ACCPB). Leur poussée de fièvre date des évènements du 30 et 31 octobre 2014. En effet, ayant travaillé jusqu’à l’insurrection avec l’usine Tan Aliz, ils se sont retrouvés dans une situation bloquée. Ce que l’usine leur doit s’élève à près de 700 millions de F CFA. Le dossier constitué auprès des autorités de la transition est toujours sans suite. De guerre lasse, les collecteurs de cuirs et peaux ne savent plus à quel saint se vouer pour se sortir de cette situation pour le moins. Tonitruante.
- Le démarquage qui a toujours existé entre populations du Nord et du Sud du Togo est-il en train de se déporter au Burkina Faso où vit une forte communauté de ressortissants de ce pays voisin? On est enclin à le croire en dépit de ces tentatives de rapprochement entre frères entreprises par certaines personnes de bonne foi. Le dernier incident en date, une réunion dans la perspective de mettre en place une de fédération qui regrouperait toutes les entités et à laquelle étaient conviés des sages. A l’occasion, la présence d’un agent de police sans justificatif a failli faire dégénérer la rencontre. Que faisait-il là et au compte de qui?, se sont insurgés certains. C’est dire que le consul pressenti, le grand opérateur économique Mahamadi Bonkoungou pour ne pas le nommer, devra user de toutes ses compétences et stratégies pour qu’enfin un dialogue franc et constructif s’instaure entre les fils du Togo vivant au Burkina. Car, sous d’autres cieux, la diaspora a toujours su se rapprocher pour plus de solidarité et partant d’efficacité.
-Ce week-end, le Larlé Naaba Tigré célèbre son basga 2016 qui coïncide avec le vingt-sixième anniversaire de son règne. A cette occasion, un déjeuner est prévu ce dimanche 28 février à partir de 12h30 au palais suivi d’une animation culturelle.
Autre fête du basga du week-end, celui du Wogdgo Naaba Boulga demain samedi 27 février.
- Aujourd’hui vendredi 26 février aura lieu à partir de 17h au FESPACO l’Assemblée générale ordinaire de l’association des critiques de cinéma du Burkina Faso (ASCRI-B).
A l’ordre du jour de cette rencontre : le bilan des activités 2015 ; le programme d’activités 2016 ; et divers.
Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."
Ainsi va la vie.
Au revoir.
Ton cousin
Passek Taalé