Les magistrats burkinabè observent 7 jours de grève depuis ce mercredi 24 février 2016. Ce débrayage, selon les porte-paroles des trois syndicats de magistrats, (Samab, SBM et SMB), s’inscrit dans le cadre de leur lutte pour « une justice indépendante et crédible avec des acteurs efficaces et motivés ».
Le palais de justice de Ouagadougou a été déserté par les magistrats ce mercredi. Au grand dam des usagers. «Les magistrats doivent penser au sort des justiciables» se lamente Vincent Ouédraogo, rencontré ce mercredi matin dans les couloirs du palais, un dossier sous le bras. « J’étais ici hier et beaucoup de personnes se plaignaient parce qu’elles sentaient déjà que leurs dossiers souffriraient de cette grève », ajoute M. Ouédraogo pour qui, « cela entraine des dommages aussi bien chez le justiciable que pour la justice ».
Même son de cloche chez Mariata Birbo/Yaro qui déplore les conséquences de ce débrayage. « C’est vraiment dommage parce que c’est une perte de temps pour moi d’être venue ici. Et du coup, mon dossier prendra surement un retard », regrette Mme Yaro.
Au TGI de Ouagadougou ce matin, tout tournait presqu’au ralenti. « Nous faisons tout ici parallèlement aux magistrats. C’est le Greffier en chef qui reçoit par exemple la demande du casier judiciaire mais il est soumis à la signature du magistrat. Donc nous ne pouvons plus délivrer de casiers judiciaires en l’absence des magistrats. Pareil pour les certificats de nationalité », nous souffle Me Julien Kouda, Greffier en chef du TGI de Ouagadougou. Les nombreux détenus devront également attendre encore pour leur jugement.
Les magistrats burkinabè reprochent au gouvernement son refus et son mutisme quant à la prise de 8 décrets d’application qui devaient normalement accompagner les deux lois votées le 25 aout dernier par le Conseil national de la transition (CNT).
Face à la presse ce mercredi, le ministre de la Justice a expliqué que la question de la revalorisation du traitement salarial des magistrats était une préoccupation majeure pour le gouvernement, qui doit aussi faire face à de nombreux défis.
« Le gouvernement a en charge 18 millions de Burkinabè pour lesquels il faut réfléchir pour leur donner de meilleures conditions de vie. Le gouvernement ne va pas faire de déclarations démagogiques. On ne rejette pas les revendications des magistrats, mais en l’état actuel, nous ne pouvons pas prendre des décisions sans connaitre l’état réel de nos moyens financiers », a laissé entendre René Bagoro.
Abel Azonhandé