Le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba a reçu, le mardi 23 février 2016, les représentants des organisations syndicales. La rencontre de prise de contact a eu lieu en présence des ministres en charge du travail et de la sécurité sociale et celui chargé de la communication.
La première rencontre officielle entre le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba et les organisations syndicales a eu lieu, le mardi 23 février 2016, à Ouagadougou. La délégation syndicale forte de 26 membres avec à sa tête le président du mois des centrales syndicales, Blaise Hien a dit attendre le chef du gouvernement sur les grandes préoccupations économiques et financières du pays. Paul Kaba Thiéba a salué l’action des syndicats pendant l’insurrection d’octobre 2014 et le putsch manqué du 16 septembre 2015. Il a annoncé que conformément au programme du président du Faso, une grande place est accordée au dialogue social. Il a confirmé la volonté de son gouvernement à maintenir et à développer le cadre de concertation avec les syndicats. Les principales orientations portent sur ce programme. Le premier point dont M. Thiéba a fait cas, est la gouvernance vertueuse par la lutte contre la fraude, la corruption et l’impunité. Cela va se matérialiser par la création de pôles judiciaires spécialisés, par la déclaration de patrimoine des membres du gouvernement qui seront astreints également à un code d’éthique et de déontologie, etc. La politique économique a été l’objet du deuxième point évoqué au cours de la rencontre. Celle-ci va reposer sur le développement du capital humain par l’amélioration de l’offre éducative et sanitaire. Sur le plan de la santé, le Premier ministre a confié qu’il y aura des évaluations des CSPS, des CMA, des CHU afin de réaliser leur mise à niveau. La gratuité des soins d’urgence pour les personnes indigènes et âgées, la réduction du taux de mortalité de la mère et de l’enfant sont autant de mesures qui vont être prises. La problématique de l’emploi des jeunes constitue une des préoccupations du gouvernement Thiéba. Des actions fortes et immédiates pour le développement de l’enseignement est aussi envisagées. « Dans les semaines qui viennent nous allons demander à tous les jeunes bacheliers et plus qui n’ont pas d’emploi à venir se déclarer pour être recensés. Après six mois de formation, ils seront affectés dans des écoles primaires, des lycées et des collèges…», a affirmé le Premier ministre. Le recrutement de 16 000 agents communautaires en phase d’opérationnalisation (soit 2 par villages), l’Université dont il faut faire en sorte qu’elle soit un vivier de production de cadres compétents, ont été évoqués. Le troisième axe concerne la politique d’infrastructures. Dans ce domaine, Paul Kaba Thiéba pense que le manque d’infrastructures est un sérieux blocage pour le développement du pays. Pour y remédier, il a assuré qu’il faut investir dans l’énergie, notamment solaire. Pour lui, il faut une réponse durable à la question de l’énergie et la solution sera de miser sur le solaire. D’où, l’optique d’installer de centrales solaires.
La situation économique préoccupe
La croissance économique n’est pas reluisante et tourne autour de 5%. « Les salaires absorbent 49,5% des ressources fiscales. Si on prend en compte les mesures qui ont été prises par le gouvernement de la Transition, ils seront à 50%», a souligné le chef du gouvernement. D’où son inquiétude sur la possibilité de tenir le coup. « Selon les normes de l’UEMOA, la part des salaires ne doit pas dépasser 35% », a-t-il confié. Le déficit budgétaire tourne autour de 8% et les dépenses courantes représentent 94% des recettes fiscales. Concernant la situation économique et financière, le Premier ministre a annoncé que les mesures sociales accordées aux travailleurs par la Transition n’ont pas été prévues dans le budget de 2016. « Selon les premières évaluations dont j’ai eu connaissance, l’incidence globale de toutes ces mesures est estimée à 90 milliards », a-t-il soutenu. Il a, cependant, rassuré les syndicats en disant que «son gouvernement ne reniera pas les engagements pris. Mais, je voudrais être transparent avec vous. Je voudrais tenir un langage de vérité, de responsabilité». La solution qui s’impose aujourd’hui, a-t-il estimé, c’est la réduction du train de vie de l’Etat et la relecture du budget. «Il faut une loi de finance rectificative pour tenir compte des nouvelles priorités gouvernementales », a-t-il laissé entendre. Après avoir longuement écouté le premier responsable du gouvernement, le président de mois, Blaise Hien a salué l’initiative de la rencontre qui vient du gouvernement. Il a traduit l’engagement des syndicats dans la recherche du dialogue social. « Nous sommes pour une dynamique d’un dialogue social, où les engagements sont respectés. Lorsqu’il y a des difficultés pour les respecter, qu’il y ait des concertations». Il a poursuivi : « nous attendons de ce dialogue un recadrage dans la franchise, dans la transparence». M. Hien a saisi l’occasion pour faire part de leurs préoccupations pressantes. Il s’agit de la sauvegarde des libertés syndicales, du dialogue avec le patronat qu’il faut relancer, la subvention de l’Etat. Quant aux 14 préoccupations qui sont sur la table des négociations, il a affirmé qu’un bilan sera fait au cours de la rencontre le jeudi prochain avec le ministre en charge de la fonction publique.
Habibata WARA