A la suite du mandat d’arrêt international lancé contre le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, par la justice militaire burkinabè, pour sa probable implication dans le putsch manqué du 16 septembre 2015, des nuages semblent planer sur les relations entre les deux pays. Tandis que certains estiment qu’il faut lever ce mandat, d’autres pensent que le droit doit être dit. Voici ce que des citoyens en pensent dans les rues d’Abidjan.
Idrissa Ouédraogo, commerçant : « Je crois qu’ils vont trouver un terrain d’entente »
« Je pense que les Burkinabè et les Ivoiriens sont conscients des actes qu’ils posent. Je crois qu’ils vont trouver un terrain d’entente. Nous vivons en parfaite harmonie avec les Ivoiriens, nous n’avons aucune menace venant de qui que ce soit parce que la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso sont deux pays frères. »
Mady Sakandé, commerçant : « Nous ne sommes pas tranquilles en tant que Burkinabè »
« Nous suivons l’actualité entre les deux pays. Sincèrement, nous ne sommes pas tranquilles en tant que Burkinabè. Nous ne sommes pas contents et tout notre souhait est que ce mandat soit simplement levé pour nous permettre de vaquer tranquillement à nos occupations. Si les autorités burkinabè persistent avec cette histoire de mandat d’arrêt, c’est comme elle mettent un frein à nos activités. »
Lassana Sawadogo, agent de liaison : « Nous souhaitons que les deux pays s’entendent » : « Nous avons appris cette affaire par voie de presse. Mais, nous souhaitons que les deux pays s’entendent afin d’apaiser la situation. C’est tout notre souhait en tant que Burkinabè. »
Mami Traoré, commerçante : « Nous ne demandons que la paix » : « Je pense que la vie est devenue dure. Nous souffrons déjà et une affaire de mandat d’arrêt ne ferait qu’empirer la situation. Il faut vite trouver un terrain d’entente dans cette affaire parce que nous ne demandons que la paix. »
Mamadou Bamba, commerçant au Plateau : « Nous sommes tous de la même mère et du même père » : « Le Burkina Faso ne doit pas lancer un mandat d’arrêt contre le président de l’Assemblée nationale de la Côte d’Ivoire. Je souhaite que cette affaire se règle à l’amiable. Nous sommes tous de la même mère et du même père. Il ne doit pas avoir de conflit entre nos deux peuples. »
Aliou Bamba, citoyen : « Je souhaite une issue politique et diplomatique de l’affaire » : « Le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire sont comme la langue et la dent. C’est-à-dire qu’elles vivent ensemble et les petites morsures ou égratignures ne doivent pas entamer la coopération entre les deux pays. Moi-même j’ai des parents au Burkina Faso. C’est pourquoi, je souhaite une issue politique et diplomatique de l’affaire. Parce que si le mandat d’arrêt avait fonctionné de manière normale, nous n’en serions pas là avec la peur dans le ventre. Les ministères des Affaires étrangères des deux pays collaborent, ainsi que les ambassades. Donc pour moi, il fallait passer par ces institutions. Sans quoi, les étapes ont été brûlées. »
Aka Yao, citoyen : « Ils devraient s’asseoir autour d’une même table pour dialoguer »
« Franchement, ce mandat d’arrêt m’a touché le cœur. La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso sont des pays frères. Ils devraient s’asseoir autour d’une même table pour dialoguer. Parce qu’il y a trop de Burkinabè ici et plusieurs Ivoiriens là-bas. Je préfère que le mandat d’arrêt soit levé. »
Yeboah Koffi, citoyen : « Vu le poste de Guillaume Soro aujourd’hui, la procédure n’a pas été respectée »
« Je pense que les relations entre les Etats sont à plusieurs niveaux. Pour une affaire pareille, c’est la diplomatie qui devrait être utilisée. Si cette méthode échoue, l’on peut envisager le mandat. Sinon ce n’est pas sur Radio France Internationale que nous devons entendre qu’un mandat d’arrêt a été lancé contre la 2e personnalité d’un Etat. Cependant, si les faits qui lui sont reprochés sont avérés, tôt ou tard, il devra répondre devant la justice. Parce que ce n’est pas normal que de ton pays tu déstabilises un autre. C’est pourquoi, je dis que vu le poste de Guillaume Soro aujourd’hui, la procédure n’a pas été respectée. Les deux Etats ne peuvent pas se séparer. Il y a près de 4 millions de Burkinabè ici. Je pense qu’il faut plutôt lever le mandat d’arrêt. »
Kisito Kouamé, citoyen
« L’on ne peut pas supplanter la justice à la politique »
« La Justice et la politique sont deux choses différentes. S’il se trouve que les faits reprochés à Guillaume Soro sont vrais, il doit démissionner pour aller répondre devant la justice. Si c’est faux, il revient, c’est comme cela. Sinon, l’on ne peut pas supplanter la justice à la politique. S’il faut intervenir diplomatiquement pour régler ces genres d’affaires, ce ne sera pas bon. »
Edouard Mensah, citoyen : « C’est à la justice de trancher » : « Je me dis que le mandat d’arrêt contre Soro est une affaire de justice. C’est à la justice de trancher et les populations ne sauraient dire un mot qui puisse compter. »
Sinaly Bayoko, citoyen : « Le mieux serait que les preuves soient établies »
« Le mandat d’arrêt est une affaire de justice. Nous ne sommes pas juges. Je crois que la justice doit faire son travail. Le mieux serait que les preuves soient établies. Nous avons tous eu accès aux écoutes, maintenant, il reste à les authentifier. Si c’est avéré, il n’y a aucun souci. Mais avant de lancer un mandat d’arrêt, je crois qu’il y a des procédures à respecter. Si cela est respecté, nous n’avons aucun problème. En effet certains pensent que ce sont des affaires politiques. Soro a des ennemis ici et à l’extérieur. Certains pensent que ce sont ces challengers qui font cela. C’est pourquoi, nous n’attendons que la vérité sur cette affaire. »
Edmond Assiena, citoyen
« Si Soro est effectivement impliqué, qu’il réponde de ses actes » : « Si les faits concernant ce mandat d’arrêt sont avérés, il faut laisser la justice travailler. Parce qu’en Côte d’Ivoire même on prône la justice. Si Soro est effectivement impliqué, qu’il réponde de ses actes, s’il n’est pas coupable, alors, on peut annuler le mandat. »
Propos recueillis à Abidjan par Gaspard BAYALA