Amadou Boubacar Cissé, candidat à la présidentielle au Niger et l’un des porte-parole de la principale coalition de l’opposition contre le président sortant Mahamadou Issoufou, a rejeté, mardi 23 février à Niamey, lors d’une conférence de presse, les premiers résultats donnant M. Issoufou en tête. L’opposition accuse la Commission électorale nationale indépendant (CENI) d’être à la solde du pouvoir.
Alors que les premiers résultats communiqués par la CENI donnent le président sortant Mahamdou Issoufou du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) en tête avec 40,18% des voix suivi de son principal challenger, Hama Amadou, 29,17% dans 20 communes électorales sur les 308 que compte le pays, l’opposition politique qui avait déjà crié au « hold-up » électoral, dimanche soir, s’est encore fait entendre, en refusant de reconnaître ces résultats.
Mardi, Mamadou Boubacar Cissé, l’un des figures de proue de la Coalition pour l’alternance 2016 (COPA 2016), a accusé ouvertement la CENI de tronquer les résultats au profit du président sortant. « Les résultats proviennent de milliers de bureaux de vote fictifs. La CENI proclame des résultats surprenants qui nous montrent que le président Issoufou Mahamadou persiste dans son illusion de coup K.O,… », a-t-il lu dans une déclaration au nom de toute l’opposition.
M. Cissé qui se présente pour la seconde fois à l’élection présidentielle sous la bannière de l’Union pour la démocratie et la république (UDR) a soutenu que les représentants du président sortant à la CENI disposent déjà de la totalité des résultats « fabriqués sur toute l’étendue du territoire qu’ils font valider par la CENI qui agit ainsi par une grave complicité ». Il a ajouté que des bureaux de vote fictifs ont été recensés à Zinder (sud, 2e ville du pays) et que des forces de l’ordre ont disparu avec des urnes dans certaines localités.
Face à cette situation « très grave », a-t-il poursuivi, l’opposition invite tous ses militants « à se mobiliser comme un seul homme pour contrer le coup de force en préparation et (de) défendre la légitimité populaire ». Et de préciser : « nous demandons à nos militants de résister, de ne pas accepter ce qui se passe car c’est totalement contraire à ce qui a été exprimé dans les urnes ».
Cependant, il a refusé tout commentaire sur les modalités d’action: « Vous verrez bien comment. Je n’ai pas besoin de vous dire la stratégie que nous adopterons », a-t-il répondu.
La proclamation des résultats provisoires a débuté lundi soir aux environs de 17 heures (16h TU) pourtant, mardi à 15 heures 15 mn (locales), la CENI n’avait publié que ceux provenant de 20 communes, provoquant une certaine méfiance au sein de l’opposition. Il s’agit d’une «stratégie pour endormir les militants et les candidats en donnant les résultats au compte-gouttes. Nous l’avons très bien compris », souligne Amadou Boubacar Cissé.
Malgré les retards accusés dans l’ouverture des bureaux de vote et certains autres manquements constatés dimanche et lundi, jours du scrutin, la plupart des missions d’observation, notamment celle de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ont révélé que ces élections se sont déroulées dans des «conditions de transparence et de régularité ». A ce propos le candidat Cissé a répondu sans ambages : « La CEDEAO prend ses responsabilités ; nous, nous prenons les nôtres».
C’est dans ce climat lourd que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) du Niger, basée au Palais des congrès de Niamey, effectue le travail de centralisation des résultats de ce scrutin auquel près de 7,5 millions d’électeurs étaient appelés pour faire le choix parmi les quinze candidats dont le président sortant Mahamadou Issoufou, qui brigue un deuxième quinquennat.
Namazé Dramane TRAORE
Envoyé spécial à Niamey