Le Conseil de développement durable pour l’Afrique (ASUDEC) en collaboration avec l’Organisation non gouvernementale (ONG) Helen Keller internationale (HKI) a organisé un atelier et une exposition pour sensibiliser les producteurs de la région du Sud-est à l’importance des légumes locaux, les 18 et 19 février 2016, à son siège à Diébougou.
Les Légumes traditionnels africains (LTA), tels que la morelle noire (épinard), l’aubergine africaine (goyo en dioula), l’amarante (burum-burum en mooré), le gombo, les feuilles d’oseille, la corète potagère (bulvaka en mooré) et le baobab ont plusieurs valeurs nutritionnelles qui peuvent permettre de lutter contre la malnutrition aiguë dont le taux s’élève à 8,2% au Burkina Faso. Mais force est de constater que de plus en plus ces légumes disparaissent des menus de plusieurs ménages surtout en milieu rural. Pour changer la donne, le Conseil de développement durable pour l’Afrique (ASUDEC) en partenariat avec l’Organisation non gouvernementale (ONG) Helen Keller internationale (HKI) a organisé un atelier et une journée d’exposition pour présenter l’importance des LTA notamment ceux utilisés au Burkina Faso dans la lutte contre la malnutrition au profit des producteurs. Il s’est agi spécifiquement de leur présenter les valeurs nutritionnelles de ces produits dans l’alimentation quotidienne et leur rôle dans la lutte contre certaines maladies chroniques et insuffisances nutritionnelles. « Il s’agit de faire comprendre aux producteurs l’importance de ce qu’ils produisent. Car nous avons constaté sur le terrain que certains produisent et ne consomment pas leurs productions. Ils préfèrent aller les vendre que de les donner aux enfants. Alors que ces légumes contiennent entre autres de la vitamine A, importante pour la croissance par exemple », a souligné le Secrétaire exécutif (SE) de l’ASUDEC, Salibo Somé.
Des légumes bons pour la santé
Selon le Dr Fatoumata Ba de l’IRSAT, les légumes traditionnels africains qui sont issus du maraîchage ou de la forêt sont riches en micronutriments nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme. Les légumes maraîchers, a-t-elle relaté, contiennent entre 15 à 25 mg/100g de beta carotène, 15 à 35 mg/100g de fer, 4 à 6 mg/100g de zinc et 25 à 40 % de protéines. Les légumes de forêt en contiennent davantage. « Ces valeurs nutritionnelles sont deux à trois fois plus élevées que la moyenne recommandée par la FAO. Lorsqu’on consomme régulièrement les légumes, ils permettent de prévenir certaines insuffisances nutritionnelles notamment la carence en vitamine A », a-t-elle précisé. Avant d’ajouter : « Généralement pour avoir plus de micronutriments, il faut consommer des produits de source animale. Or ce sont des produits qui coûtent souvent cher et ne sont pas à la portée des populations rurales surtout. Le palliatif ce sont les légumes qui sont disponibles et moins chers ». Le Dr Ba a saisi cette opportunité pour présenter une trentaine de recettes à base de LTA capitalisée dans un livret. Même son de cloche pour le coordonateur du programme sécurité alimentaire de l’ONG Helen Keller, Marcellin Ouédraogo qui a démontré les conséquences sur l’organisme de la carence en vitamine A. A l’entendre, la carence en vitamine A peut entraîner entre autres le retard de croissance chez l’enfant, la perturbation dans la fabrication des globules blancs et augmenter l’incidence et la sévérité des infections telles que la diarrhée, la rougeole, les infections uro-génitales et respiratoires et la cécité. « Le taux de mortalité est quatre fois plus élevé chez les enfants sévèrement carencés en vitamine A comparativement à ceux non carencés », a-t-il souligné.
Mettre l’accent
sur les feuilles vert-foncé
Pour résorber le problème et assurer une bonne santé, M. Ouédraogo a conseillé à défaut des produits de source animale, de mettre l’accent sur les feuilles vert-foncé telles que les feuilles de baobab, d’oseille, de patate douce, de haricot, de manioc, d’amarante, d’épinard, de bulvaka, de moringa etc. , et les légumes à chair jaune ou orangée comme la carotte, la courge jaune, la tomate. Et pour joindre la pratique à la théorie, l’ASUDEC et ses partenaires techniques et financiers ont organisé une journée promotionnelle où les légumes étaient à l’honneur sous toutes ses formes, le vendredi 19 février 2016 au marché de Bapla une localité située à une dizaine de km de Diébougou. Sur la place du marché de Bapla, pendant que les maraîchers faisaient de bonnes affaires avec la vente de leur récolte, des femmes de certaines associations de lutte contre la malnutrition proposaient des plats faits à base uniquement de légumes locaux. Toute chose qui a permis aux participants à cette fête des légumes de savourer séance tenante près d’une vingtaine de recettes du terroir telles que le « djodjo », accompagnées de tôt ou de riz et d’une bonne dose de musique et danse dagara. De quoi émerveiller les autorités de la région. «Ce sont des mets avec beaucoup de saveur. Je me demande pourquoi nous insistons tant avec des mets occidentaux que nous ne maitrisons pas. C’est une initiative à encourager car elle participe à la lutte contre la pauvreté et la malnutrition. Vivement qu’elle s’étende à toutes les localités de la région », a souhaité le gouverneur de la région du Sud-Est Stanislas Diarra. Pour les producteurs, cette première édition de la journée promotionnelle des LTA, est une initiative salutaire car elle valorise leurs activités. L’ASUDEC et HKI sont deux organisations qui œuvrent à bouter certaines maladies hors des frontières du Burkina Faso à travers notamment des appuis-conseils en nutrition. Elles sont en partenariat dans le projet CORAF/WECARD N°CW/CP/O3/PCN/NSC/02/2012 sur les légumes traditionnels africains. Et c’est dans ce cadre que ces activités ont été organisées pour inciter les maraîchers de la région du Sud-Ouest à accroître la production de ces légumes en toute saison afin d’augmenter la consommation des aliments riches en vitamines A. Cela, pour leur propre bien-être et celui de leur famille.
Somborigna Djélika DRABO