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Le Quotidien N° 793 du 17/6/2013

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Promotion des cadres à l’international : Le Burkina veut jouer dans la cour des grands
Publié le lundi 17 juin 2013   |  Le Quotidien


Lassina
© Autre presse par DR
Lassina Zerbo, secrétaire général de l`Organisation du Traité pour l`interdiction des essais nucléaires (CTBTO)


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Vienne était aux couleurs du Burkina la semaine passée. Et pour cause, la capitale autrichienne a vu un Burkinabè prendre la tête d’une organisation aussi prestigieuse que stratégique. Par sa diplomatie marquée par la recherche de la paix, mais aussi par la promotion de cadres dans les institutions internationales, le Burkina, taxé de pauvre parmi les pauvres, était à l’honneur parmi les grands de ce monde. Un de ses fils, Lassina Zerbo, a en effet pris les rênes de l’Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), le 13 juin dernier. Cette institution stratégique onusienne, chargée de lutter contre la prolifération nucléaire, est au carrefour de la science et de la diplomatie. Il n’est donc pas donné à n’importe qui de la diriger. Qu’un Burkinabè en ait les hautes charges est un motif de fierté pour le pays mais aussi pour l’ensemble du continent. Pour la première fois en effet, l’Afrique se trouve au cœur du dispositif chargé de gérer les grandes questions du nucléaire, même s’il n’en possède pas la technologie, hormis l’Afrique du Sud. Cette désignation d’un Burkinabè à la tête de l’OTICE n’est bien sûr pas le fait du hasard. Outre les compétences intrinsèques du Dr Zerbo, on peut parier que les autorités burkinabè, au plus haut niveau, ont suivi de près le dossier et l’ont soutenu. La présence du président Blaise Compaoré à Vienne est du reste un signe fort de l’appui du Burkina à son compatriote. Cette politique de promotion des cadres dans les grandes institutions africaines et internationales est à saluer. Elle participe non seulement du rayonnement diplomatique du « Pays des hommes intègres », mais aussi de son développement économique.
Pays sans grandes ressources (en dehors de l’or qui vient de faire son apparition et qui n’est pas éternel), le Burkina doit développer d’autres stratégies pour espérer sortir de son état de pauvreté. La valorisation des ressources humaines est de ce fait le plus sûr des moyens pour se développer. D’autres pays africains l’ont compris depuis longtemps et en ont fait un axe prioritaire de leur politique. Le Sénégal, notamment, a essaimé des cadres et des experts partout dans le monde, renforçant ainsi l’image du pays, et lui attirant des capitaux. Hors du continent, l’expertise indienne en matière d’informatique est reconnue mondialement. Le pays tire un grand bénéfice de ses ingénieurs que les sociétés du monde entier s’arrachent. Cette économie de la matière grise sera sans doute au cœur des futurs enjeux dans un monde globalisé. Un pays sans savoir et sans ressources humaines bien formées sera à la remorque des autres. L’Afrique a subi cette dépendance depuis les indépendances. Le temps est venu pour elle de s’affranchir. C’est ce que tente de faire le Burkina, même si le chemin reste long. En effet, des cadres ont été placés dans des institutions importantes ces dernières années, mais ils sont en nombre très insuffisant. Par ailleurs, on ne perçoit pas une stratégie cohérente et forte en vue d’accélérer le processus, pour favoriser l’émergence de cette nouvelle race de hauts fonctionnaires burkinabè. Pourquoi ne pas créer carrément une structure en charge de cette question, dont le rôle sera de rassembler toutes les informations sur les postes internationaux en jeu, de les mettre à la disposition du grand public et surtout de décomplexer bien des cadres burkinabè ? Très souvent le problème, en effet, ce n’est pas tant le manque d’informations et de compétences, mais la peur d’oser se confronter aux autres. Beaucoup sont paralysés par ce complexe et ne compétissent que sur insistance de leurs supérieurs hiérarchiques ou de leurs proches. Et quand ils osent, ils se rendent compte qu’ils ne sont pas plus mauvais que les autres.

Naturellement, il faudra œuvrer aussi à cultiver une grande solidarité entre Burkinabè dans cette nouvelle bataille. Le vieux réflexe qui constituait à renverser l’échelle, quand on arrive au sommet, pour éviter à d’autres d’y parvenir, doit être banni. Il est contre-productif. Cette pratique a existé pendant longtemps parce que l’Etat burkinabè n’accordait pas de l’importance au phénomène d’expatriation de ses hauts cadres. Maintenant que la volonté politique semble bien plus affirmée, on peut penser que ces réflexes individualistes vont disparaitre au fur et à mesure. Ceci étant, la formation doit constituer un des leviers de cette politique. Or sur ce plan, le Burkina donne l’impression de vouloir une chose et son contraire. Tout en menant une offensive diplomatique pour placer ses citoyens à des hauts postes à travers le monde, il ne met pas un accent particulier sur la formation des cadres. Pourtant, les deux vont de pair. Sans un vivier de ressources humaines très bien formées, on n’ira pas loin. Il faut donc accorder une grande importance à la formation universitaire et post -universitaire, pour espérer atteindre nos objectifs. Certes des écoles existent au Burkina et font la renommée du pays, cas de l’ENAREF, mais il y a lieu de permettre aux meilleurs de pouvoir aller se former partout où cela est nécessaire. C’est le meilleur investissement que le pays puisse faire. Le cas du Dr Lassina Zerbo est là pour nous le témoigner .

La Rédaction

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