Niamey (Niger)- A quelques jours du double scrutin présidentiel et législatives au Niger, la question du «vote par témoignage» qui pourrait permettre à près de 15% de l’électorat de voter par «procuration», divise la classe politique.
Selon le fichier électoral nigérien, un million 133 mille 902 électeurs devraient voter le 21 février prochain par procuration, car n’ayant pas de carte d’identité.
Cette "réserve électorale" se repartie comme suit : Agadez 58 mille électeurs, Diffa 88 mille 947, Dosso 135 mille 306 Maradi 236 mille 519, Niamey 30 mille 287, Tawa 121 mille 980, Tilabéri 168 mille 816, et Dindère 299 mille 247.
Lundi, l’opposition politique nigérienne qui soupçonne le président sortant Mahamadou Issoufou de "violer à la fois les dispositions juridiques nationales et supranationales", a crié au scandale et à la fraude.
La loi électorale en vigueur «ne prévoit dans aucune de ses dispositions le vote par témoignage», peste-t-elle.
Dans sa déclaration, l’opposition «rend entièrement responsable le gouvernement et la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de toutes les conséquences néfastes susceptibles d’impacter la tenue des prochaines élections et la paix sociale au Niger».
Mais pour le pouvoir, l’opposition s’agite pour expliquer sa prochaine défaite.
«Si on ne permet pas à ces gens de voter, il n’y aura pas d’élection», a confié à l’AIB, Boubacar Sabo, secrétaire aux élections du parti au pouvoir et chargé des questions électorale et juridique.
«Je suis sincèrement surpris par rapport à la déclaration de l’opposition", a-t-il ajouté avant d’expliquer les raisons de cette disposition dans la loi électorale.
«Attitudes défaitistes de l’opposition?»
Selon lui, le Niger avait opté à un moment donné pour le fichier biométrique. Malheureusement en cours de chemin, il a été convenu qu’il était temporellement difficile de le faire.
«Et toute la classe politique, a décidé d’opter pour le fichier classique et une loi a été adoptée modifiant l’ancienne loi. Donc toute décision contraire est abrogée», a-t-il justifié.
Dans le fichier électoral classique, «les électeurs qui n’avaient pas de carte d’identité étaient autorisés à s’inscrire par témoignage. Le jour du vote il s’agit d’une identification de l’électeur déjà inscrit», a-t-il détaillé.
«Il s’agit de gens (opposants) qui veulent décrédibiliser les résultats des élections (…) Ils sont en train d’anticiper leur défaite en trouvant les arguments pour le soir du 21 février. La question de fond c’est la remise en cause des résultats des élections», a soutenu M. Sabo.
«Les opposants pensaient qu’il y avait des zones spécifiques où se trouvaient ces électeurs. Quand les chiffres sont sortis par zone, ils se sont rendu compte que dans celle du président à Tawa, il y avait plusieurs inscrits (121 mille 980). C’est une zone d’exode et les gens ont leurs papiers", dit M. Sabo.
Depuis le 30 janvier, quinze candidats dont le président sortant, Mahamadou Issoufou, sont en campagne pour la présidentielle du 21 février prochain au Niger.
Selon les observateurs politiques, deux grandes tendances se dégagent à quelques heures de la clôture de cette campagne dans ce pays longtemps classé parmi les plus pauvres au monde.
Il s’agit de Mahamadou Issoufou, qui s’appuie sur les résultats de son dernier mandat et une partie de l’opposition qui s’est rassemblée pour lui faire barrage.
Parmi les membres de ce regroupement dénommée la Coalition pour l’alternance en 2016 (Copa 2016), figurent entre autres, Seini Oumarou, Mahamane Ousmane et Hama Amadou dont la candidature a fait couler beaucoup d’encres et de salives.
Devenu farouche opposant au président, Hama Amadou, ancien président du parlement est écroué depuis le 14 novembre pour "complicité" dans une affaire de trafic présumé de bébés.
C’est la seconde épouse de Hama Amadou qui avait été soupçonnée en fin juin dernier, d’avoir ‘’acheté’’ ses deux jumeaux du Nigeria. Selon une source proche du dossier contactée à Niamey, plusieurs autres personnes sont poursuivies dans le cadre de ce dossier.
Pour les proches de Hama Amadou, il s’agit purement et simplement d’un montage grossier allant dans le sens de le discréditer à la de la présidentielle.
Namazé Dramane TRAORE, envoyé spécial