Niamey (Niger) - La Coalition pour l’alternance 2016 (COPA 2016), le principal regroupement de candidats créé pour faire barrage au président sortant Mahamadou Issoufou (au pouvoir au Niger depuis 2011), s’est opposé lundi au "vote par témoignage ", pour le scrutin du 21 février prochain, le qualifiant de "manœuvre frauduleuse ".
" La COPA 2016 lance un appel à la mobilisation générale de tous (ses) militants, de tous les Nigériens et de tous ceux qui sont soucieux du respect de la loi et des valeurs démocratiques pour faire barrage à ce sinistre dessein (le vote par témoignage) ", a déclaré lundi soir à Niamey, lors d’une conférence de presse, Tahirou Kalidou, l’un des porte-parole de la plate-forme.
Le "Vote par témoignage" stipule qu’un citoyen nigérien, détenteur d’une carte d’électeur, et absent le jour du scrutin puisse exercer son droit de vote à travers une tierce personne, notamment par procuration.
Pour l’opposition politique nigérienne qui soupçonne le président sortant de " violer à la fois les dispositions juridiques nationales et supranationales", la loi électorale en vigueur "ne prévoit dans aucune de ses dispositions le vote par témoignage".
M. Kalidou a, en outre rappelé que cette question a fait l’objet de débat en janvier dernier «sans parvenir à une décision consensuelle», ajoutant que le protocole additionnel de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) "proscrit" toute réforme substantielle de la loi électorale "six mois avant le scrutin sans le consensus" d’une "large majorité ".
Par conséquent, l’opposition "rend entièrement responsable le gouvernement et la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de toutes les conséquences néfastes susceptibles d’impacter la tenue des prochaines élections et la paix sociale au Niger", a-t-il martelé.
-Quinze prétendants pour un fauteuil-
Les partisans du Président sortant n’ont pas pour le moment fait aucune déclaration après celle de l’opposition.
Depuis le 30 janvier, quinze candidats dont le président sortant, Mahamadou Issoufou, sont en campagne pour la présidentielle du 21 février prochain au Niger.
Selon les observateurs politiques, deux grandes tendances se dégagent à 48 heures de la clôture de cette campagne dans ce pays longtemps classé parmi les plus pauvres au monde.
Il s’agit de Mahamadou Issoufou qui s’appuie sur les résultats de son dernier mandat et une partie de l’opposition qui s’est rassemblée pour lui faire barrage.
Parmi les membres de ce regroupement dénommée la Coalition pour l’alternance en 2016 (Copa 2016), figurent entre autres, Seini Oumarou, Mahamane Ousmane et Hama Amadou dont la candidature a fait couler beaucoup d’encres et de salives.
Devenu farouche opposant au président, Hama Amadou, ancien président du parlement est écroué depuis le 14 novembre pour "complicité" dans une affaire de trafic présumé de bébés.
C’est la seconde épouse de Hama Amadou qui avait été soupçonnée en fin juin dernier, d’avoir ‘’acheté’’ ses deux jumeaux au Nigeria.
Selon une source proche du dossier contactée à Niamey, plusieurs autres personnes sont poursuivies dans le cadre de ce dossier.
Pour les proches de Hama Amadou, il s’agit purement et simplement d’un montage grossier allant dans le sens de le discréditer de la présidentielle.
"Ici (à Niamey), nous sommes convaincus que Hama Amadou a été emprisonné pour l’écarter. Mais c’est sans compter avec nous les jeunes qui le soutiennent. Les gens l’aiment ici ", a déclaré un taximan au volant de sa petite voiture blanche, badge de M. Hamadou accroché dans le véhicule.
Il ajoute que des milliers de personnes étaient déjà sorties pour soutenir la candidature du "candidat incarcéré ".
-Le Burkina Faso comme exemple-
Près de 7,5 millions de Nigériens sont appelés dans les urnes dimanche prochain pour élire le président parmi 15 candidatset les députés.
La campagne est entrée depuis hier lundi dans sa dernière ligne droite, alors que la capitale Niamey, attend les derniers meetings de "clôture".
Dans les rues de cette ville, des affiches géantes des différents candidats sont visibles. Quelques gadgets sont rencontrés çà et là, mais certains observateurs demeurent prudents.
"Cette année, le niveau du débat est bas", s’alarme un journaliste nigérien, émettant quelques inquiétudes quant à l’acceptation des premiers résultats par les candidats.
" Le Burkina Faso a été un bon exemple pour la sous-région. On espère la même chose ici (au Niger)", a-t-il conclu faisant allusion au double scrutin qui a sanctionné la fin d’une transition de treize mois, et à l’issue de laquelle, le principal challenger Zéphirin Daibré s’est déplacé pour féliciter le vainqueur Roch Marc Christian Kaboré, avant l’officialisation des résultats, évitant ainsi toute polémique.
On rappelle aussi que l’ex président de la Transition burkinabè Michel Kafando conduira une mission d’observation électorale de l’Organisation internationale de la Francophonie au Niger.
Agence d’Information du Burkina
Namazé Dramane TRAORE, envoyé spécial au Niger.