Le Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO) vit une rupture de consommables dans le centre de dialyse. Sur le terrain, les malades sont dans le désarroi. Constat le lundi 15 février 2016.
Il est 9h 35 mn, le lundi 15 février 2016. Nous sommes au centre de dialyse du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO). Une vingtaine de malades sont en attente de dialyse. Certains sont assis sur des bancs, d’autres à même le sol. Sur les visages se lisent la consternation et la peur. Renseignements pris, les consommables utilisés dans la prise en charge des patients atteints d’insuffisance rénale sont en rupture. Ces malades sont dans le désarroi, d’autres, visiblement découragés, déclarent attendre ‘’tranquillement’’ la mort, car n’ayant plus d’espoir. Le responsable de la dialyse n’étant pas sur les lieux, nous tentons de prendre langue avec un agent de santé sur place. Un agent dont nous taisons l’identité, puisqu’il a refusé de se prononcer sur l’affaire avant ses responsables. « Je demande au ministre en charge des finances, au Premier ministre et au président du Faso d’avoir peur de Dieu. Je dis bien, peur de Dieu et de prendre à bras-le-corps le problème de consommables à Yalgado » a déclaré Laurent Bouda, un malade hospitalisé en attente de dialyse. Maxime Rouamba, qui dit avoir accompagné sa femme pour le même mal, en a ras-le-bol avec cette longue attente. « Je suis là depuis 3 heures du matin et il n’y a personne pour me dire quoi que ce soit », se plaint-il. De son avis, le manque de consommables n’est pas un fait nouveau à Yalgado. « La rupture de consommables est répétitive, on ne comprend rien, on ne nous dit rien, les infirmiers même reconnaissent ne pas savoir à quoi est dû cette rupture à répétion », indique-t-il. Alfred Ouédraogo, lui, craint les décès qui surviendraient. « Toutes les fois que ce problème survient, nous avons déploré des décès. Si rien n’est fait, beaucoup de malades vont une fois de plus rendre l’âme », regrette-t-il. Approché, le président de l’Association burkinabè des dialysés, et souffrants d’insuffisance rénale (ABDIR), Dramane Paré, affirme qu’en tant que président, il vérifie chaque semaine le stock des consommables.
« A mon passage hier, j’ai appris que les consommables seraient en manque aujourd’hui. Je compte me rendre à la direction pour mieux être situé sur la question », affirme-t-il.
L’insuffisance rénale est une maladie qui prend de jour en jour une ampleur inquiétante. Les patients atteints de la maladie doivent impérativement procéder à une dialyse quatre fois par semaine. Toute chose qui n’est pas à la portée de tous. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Une séance de dialyse coûte 15 000 francs CFA. Un calcul rapide donne 60 000 franc CFA la semaine, soit 240 000 franc CFA le mois. 70% des patients qui arrivent en urgence, confie le directeur général du CHU-YO, Robert Sangaré, sont des patients destinés en néphrologie, donc pour la dialyse. A l’en croire, « la néphrologie est submergée ». Pour M. Sangaré, rien qu’un générateur coûte environ 20 millions de franc CFA. Or, Yalgado n’en dispose que 29 dont 20 fonctionnent normalement. Si nous comparons le nombre de malades en attente d’être dialysés qui sont autour de 320, Yalgado doit se doter d’un minimum de 65 à 70 générateurs. Des 20 générateurs déjà largement insuffisants, une rupture de consommables est récurrente et vient s’ajouter aux multiples calvaires des patients. Mais il rassure : « L’acide est en train de venir, lorsque nous allons le recevoir, les médecins vont travailler de nuit pour rattraper le retard de la prise en charge ». Comparativement au Bénin (3,5 milliards de F CFA), M. Sangaré avoue que la subvention de l’Etat burkinabè pour la prise en charge des malades atteints d’insuffisance rénale est d’un milliard de F CFA. Il explique : « pour trouver une solution à ce problème, il faut que l’Etat fasse un effort exceptionnel à l’instar des autres pays de la sous-région. Si rien n’est fait ce sera un drame ».
Obissa Juste MIEN
(Stagiaire)