Expliquer les harcèlements moraux dont ils sont victimes dans le cadre de leur travail, c’est l’objectif visé par les travailleurs de l’hôtel « La Palmeraie ». Avec le soutien de 3 syndicats dont la Confédération syndicale burkinabè (CSB), ils ont ainsi tenu une conférence de presse le vendredi 12 février 2016 à Ouagadougou. Lisez plutôt !
À peine sommes-nous entrés qu’on a pu ressentir la tension qui régnait dans cette salle de réunion : des visages grognons qui nous étaient inconnus et qui malgré tout ont réussi à forcer un sourire pour nous donner confiance et nous inviter à prendre place. Une fois installés, on essaie, à travers les discussions, de comprendre de quoi il s’agissait. Les uns et les autres ne se sont pas privés d’exprimer leur ras-le-bol en attendant l’arrivée des autres. Et quand peu à peu on commence à s’imprégner du sujet, les animateurs de la conférence font leur entrée dans la salle.
L’air grave, les représentants des syndicats s’installent. Sans tarder et oubliant même de se présenter, ils se lancèrent dans le vif du sujet. Très vite on comprend que dans cette salle de conférences de la Bourse du travail, ce sont des travailleurs mécontents qui se sont regroupés pour faire entendre d’une même voix les mauvais traitements perpétrés contre eux par la directrice générale de l’hôtel « La Palmeraie », structure où ils travaillent. Harcèlements moraux, humiliations et mauvaise organisation du travail, ce sont, entre autres, les faits reprochés à Mireille Laborda, nommée directrice de l’hôtel depuis décembre 2014 par la chaine hôtelière SOPATEL. En effet, selon ces travailleurs, la directrice aurait, en l’espace de 6 mois, « distribué 100 demandes d’explication, prononcé 6 mises à pied, contraint 4 agents à la démission et licencié une personne ».
Pour se faire entendre, les salariés ont alors organisé des arrêts de travail et déposé un préavis de grève. « C’est suite à cela que 18 salariés ont reçu des lettres de licenciement pour faute grave », nous a confié Justin Sougué, secrétaire général du Syndicat national des Travailleurs de l’Agroalimentaire et de l’Hôtellerie (SYNTAH). A l’heure actuelle, une seule certitude pour ces hommes et femmes : la nomination de Mireille Laborda vise à pousser les salariés de l’hôtel à la révolte pour mieux se séparer d’eux. Sinon, comment comprendre que depuis 2004 les travailleurs n’aient jamais connu pareilles affres sous d’autres directeurs ? se demandent-ils. Selon Romaric Kaboré, délégué du personnel, le personnel compte lutter pour le respect de sa dignité. Pour cela, ils ont obtenu le soutien de leurs camarades de l’hôtel Silmandé qui appartient au groupe hôtelier SOPATEL au même titre que La Palmeraie.
Après avoir mis en garde les patrons de la chaîne sur les agissements de la directrice, ceux-ci ont expliqué qu’ils feront usage de tous les moyens légaux pour la réintégration de leurs camarades. Mais que pense la direction de ces accusations ? Hélas, nous ne pouvons vous fournir de réponse. Nous nous sommes rendus à l’hôtel ce dimanche pour approcher la principale concernée. « Elle n‘est pas là ce matin », nous a-t-on répondu. Et son adjoint non plus. Après notre départ dans la même journée, nous téléphonons à l’hôtel pour voir si un des responsables était arrivé, sans succès. En dernier recours, on a essayé d’avoir leur contact pour les joindre directement, chose qui nous a été refusée.
Zalissa Soré (Stagiaire)