Après le lycée Zinda, le collège Kologh Naaba, c’était le tour aux élèves du lycée Marien N’Gouabi de consacrer leur après-midi du jeudi 11 février 2016 à l’équipe de la Commission de l’informatique et des libertés (CIL) venue les avertir des dangers liés à l’utilisation du numérique. Ils ont eu droit à une communication sur « Jeunesse, internet, réseaux sociaux et téléphones mobiles : risques dangers et pièces, quels conseils pratiques pour une utilisation saine et responsable des TIC? » Cette séance de sensibilisation s’inscrit dans le cadre de « La campagne d’éducation au numérique au profit des élèves des lycées et collèges » débutée depuis 2014.
De plus en plus friands de Internet, les jeunes se laissent emporter dans l’univers des nouvelles technologies et cela sans modération si bien qu’ils se trouvent plus tard exposés à bon nombre de situations qu’ils ne maîtrisent pas. Certains se prennent en photos dans des positions pas commodes, d’autres filment leurs ébats sexuels en se servant de leur téléphone ; il y en a même qui publient leurs émotions sur les réseaux sociaux sans imaginer la portée de ces actes sur leur propre personnalité, comme si Internet était leur carnet secret. Pourtant, on n’est jamais assez prudent avec ces outils.
Au regard de cette situation, la Commission de l’informatique et des libertés (CIL) ayant pour missions d’informer les personnes sur leurs droits et obligations en matière de traitement de données à caractère personnel, ne pouvait pas rester plus longtemps silencieuse, d’où son initiative de lancer une campagne d’éducation au numérique au profit des élèves des lycées et collèges du Burkina débutée depuis 2014. Plusieurs établissements scolaires et universitaires en ont bénéficié et le jeudi 11, c’était le tour aux pensionnaires du lycée Marien N’Gouabi.
Deux communications ont ponctué cette séance de sensibilisation. Il s’est agi dans un premier temps pour la CIL de se faire connaître aux élèves en tant qu’institution indépendante chargée de protéger les droits des personnes puis, dans un second temps, de révéler aux jeunes les risques et les dangers liés à l’utilisation des TIC. Pour le communicateur, Sié Maxime Da, Internet n’est pas constitué que d’avantages. Il y a également les dangers liés à la divulgation des données personnelles tels le harcèlement, le chantage… M. Da a de ce fait, conseillé aux utilisateurs de donner moins d’informations personnelles car, dit-il : « Ce que vous publiez innocemment sur Internet peut vous échapper totalement ».
Par ailleurs, il est parti des projections de petits films pour prodiguer des conseils pratiques sur une cyberprudence : «Utilisez des pseudonymes en lieu et place des vraies identités, sécurisez vos comptes, évitez de divulguer votre vie privée sur la toile, ayez certaines mesures de précaution lorsque vous allez sur le net, sachez vider l’historique de vos navigateurs, ayez de bons mots de passe et une conduite responsable pour éviter de s’exposer». Pour lui, ‘’il faudra éviter d’utiliser le téléphone portable pour filmer des moments intimes ou pour émettre des appels à manifester lors des grèves…’’, a-t-il indiqué avant de préciser d’utiliser Internet avec modération.
Cette séance de sensibilisation a été une opportunité pour les lycéens de s’informer. «Moi j’ai pu retenir qu’il ne faut pas publier sa vie privée sur Internet et ne pas accepter toute demande d’amitié sur les réseaux sociaux. Mais il faut plutôt utiliser des mots de passe complexes et être peu bavard sur la toile», a confié Habibata Rita Yaro, élève en classe de 1re. Ce n’est pas son camarade Aboubacar Traoré qui dira le contraire : ”Je ressors de cette conférence avec à l’esprit de ne pas divulguer certaines informations compromettantes“.
Pour le représentant de la CIL, Paul Yougbaré, la frange jeune est la plus concernée car pour certains, ça rentre dans le cadre de leur cursus scolaire ou universitaire. Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est que les envois des photos de façon systématique, incontrôlée comportent un grand risque. Notre devoir est de sensibiliser les jeunes sur les dangers de l’internet.
Qui plus heureux qu’Edouard Sawadogo, proviseur du lycée, qui a remercié la CIL pour son initiative : « Nous avons environ 3 000 élèves et nous savons qu’ils utilisent tous l’internet sans pour autant mesurer les risques. C’est donc pour nous une occasion de sensibiliser les élèves », a-t-il relevé.
Ebou Mireille Bayala