Chaque 13 février, est célébrée la Journée mondiale de la radio. Au Burkina Faso, nombre de personnes ignorent l’existence d’une telle journée qui célèbre ce média dit premier dans la chaine de communication. La radio demeure pourtant le médium capable d’atteindre le plus grand nombre de personnes dans le monde et cela, le plus rapidement possible. Ne dit-on pas que la radio annonce, la télévision montre et que la presse écrite explique l’évènement ? Le thème de cette année : « La radio en situation d’urgence et de catastrophe », est un thème qui interpelle plus d’un, surtout que le Burkina a traversé des évènements inhabituels ces derniers temps. Que pensent certains pratiquants de la radio de ce thème ? Nous les avons rencontrés et voilà leurs points de vue.
Alexis Sawadogo, journaliste à radio Campus
« Je connais vaguement cette Journée. La radio est quand même le média qui permet d’annoncer un certain nombre d’évènements, qu’ils soient bons ou mauvais. En réalité, la radio est un instrument qui permet de donner certaines informations en période de catastrophe afin que la population évite certains comportements. En Haïti où il y a eu le tremblement de terre, il n’y avait pas de connexion internet par exemple. Le seul moyen dont disposait la population pour s’informer surtout de l’intérieur du pays, était la radio. On ne le dit pas assez mais la radio joue un rôle très important en matière de communication. Elle est le premier élément en termes de communication. Il faudrait donc que les décideurs tiennent compte du rôle important que joue cet instrument de communication et l’accompagne ».
Lamine Traoré, journaliste à radio Oméga Fm de Ouagadougou
« Je n’avais pas connaissance de cette journée si ce n’est ce matin (le 11 février 2016 Ndlr) en conférence de rédaction. Le thème de cette année est très important pour nous qui appartenons à des médias comme la radio Oméga, laquelle était au front pendant certains évènements chauds de notre pays. Nous avons vécu un peu les risques et dangers que courent les journalistes pendant ces périodes. Moi j’avais mon gilet par balles mais je n’avais même pas de casque pour me protéger, mais j’étais sur le terrain quand même. C’est dire à quel point ce boulot est risqué. C’est l’occasion d’interpeller les patrons de radios à revoir les conditions de travail des journalistes qui risquent parfois leur vie ».
Alfred Ouédraogo dit Freddy Leloup, directeur de la radio Légende de Ouagadougou
« Ça nous concerne lorsqu’on parle de radio même si c’est une journée peu connue des pratiquants de la radio. Le thème de cette année, pour moi, est un appel à tous les médias à sensibiliser davantage en période de catastrophe et informer parce que c’est notre devoir. C’est un peu de notre faute si cette journée est peu connue. Il faut qu’on en parle un peu plus sur les différentes radios pour qu’elle soit plus visible. C’est une occasion pour que les acteurs du domaine se retrouvent autour d’activités comme des conférences en fonction du thème de la journée. Le thème de cette année nous invite à porter les faits à l’intention des auditeurs tout le temps mais de le faire avec plus de professionnalisme en période de catastrophe ».
Nouhoun Thanou, ancien journaliste à la Radio nationale du Burkina, Directeur de cabinet au Conseil supérieur de la communication (CSC)
« Il est vrai que j’ai entendu parler de cette journée il y a longtemps et j’ai fini presque par l’oublier. J’ai eu à couvrir des catastrophes pour avoir travaillé à la radio. La radio est l’outil de communication le plus accessible. C’est aussi cette instantanéité là qui la caractérise. La radio, par principe, est le premier média qui intervient dans l’annonce d’un évènement. Au Burkina Faso, la radio nationale créée en 1959 et la première radio du Burkina, a commémoré sa propre existence depuis des années. Et cela s’est poursuivi avec les autres radios qui sont nées après. De sorte qu’une journée commune qui devrait les rassembler toutes est finalement rangée aux oubliettes. Les gens accordent plus d’importance à la Journée internationale de la liberté de presse qui est plus fondamentale en termes de fédération des besoins, des programmes et des revendications corporatives. La mission du régulateur est de juger ce qui sort sur les ondes et de veiller au respect des règles fondamentales du journalisme. En période de catastrophe, il est important de sensibiliser mais il faut dire les choses de sorte que l’imagination même crée l’image qui corresponde au discours qui est construit pour expliquer un fait. Et il ne faut pas présenter la catastrophe dans toute sa dimension aussi dramatique que cela. L’auditoire est diversifié et c’est au journaliste de savoir le type de message qu’il faut à son auditoire parce que celui-ci prend l’information au premier degré ».
Propos recueillis par Abel AZONHANDE