Dans une de mes précédentes lettres, je te faisais part de cette crise diplomatico-judiciaire qui empoisonne depuis les relations entre le Burkina et la Côte d’Ivoire. Une nouvelle qui a particulièrement affecté l’oncle Tindaogo dont deux fils travaillent dans des exploitations de cacao au pays d’Houphouët-Boigny. A l’origine de ce froid entre les deux Etats frères, unis par l’histoire, la géographie et l’économie, ce mandat d’arrêt international lancé par le tribunal militaire de Ouagadougou contre Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne.
Comme tu le sais déjà, ce dernier est poursuivi sur la base d’écoutes téléphoniques qui font actuellement beaucoup de vagues.
En effet, alors que tout le monde se disait que l’ex-chef de la rébellion a été confondu au terme d’une authentification des enregistrements, voilà que le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire de Ouaga, Norbert Koudougou, a jeté un véritable pavé dans la mare. Au cours d’une conférence de presse animée lundi dernier, il a déclaré, à la surprise générale, que jusqu’à preuve du contraire, les écoutes n’ont pas pu être authentifiées. Alors, si tel est le cas, on se demande alors sur quoi repose le mandat d’arrêt international contre Soro et, subséquemment, la mise en accusation de Djibril Bassolet, celui avec qui le même Soro aurait eu des conversations téléphoniques compromettantes au sujet du putsch manqué du 17 septembre 2015. Sur d’autres éléments de preuves que le juge d’instruction a pu rassembler au cours des enquêtes ?
En attendant les auditions sur le fond de cette affaire pour mieux être situé, c’est le gouvernement qui est suspecté par d’aucuns d’immixtion dans cette affaire en voulant privilégier un règlement diplomatique au détriment d’un traitement judiciaire.
Toujours au sujet du coup d’Etat manqué du Général Diendéré le 17 septembre 2016, comme tu le sais déjà, plusieurs personnes ont été inculpées et déférées à la Maison d’arrêt et de correction de l’armée (MACA). Parmi elles, des femmes dont Fatoumata Diawara, belle-fille du général Diendéré.
Incarcérée en état de grossesse, elle vient d’accoucher dans une clinique de la place. Et depuis, les conjectures vont bon train sur le sort de la nouvelle mère.
Va-t-elle oui ou non bénéficier d’une liberté provisoire de maternité ? Pour en avoir le cœur net, je me suis renseigné à bonne source. Et qui mieux qu’un gestionnaire de prison peut éclairer ma lanterne ?
Ainsi donc, selon le directeur régional de la Garde de sécurité pénitentiaire près la Cour d’appel de Ouagadougou, Sibiri Neya, de la clinique où elle a accouché, Fatoumata Diawara retournera directement, avec le nouveau-né, à la prison, si les médecins estiment qu’elle est en bonne santé. Ce n’est qu’à partir de sa deuxième année que l’enfant sera séparé de sa mère prisonnière (si elle toujours en détention) pour être confié à une tierce personne, généralement à un membre de la famille.
Cher cousin, je reste dans le domaine de la justice pour t’apprendre, que selon une source très bien informée (La Lettre du continent) le président français, François Hollande, a nommé, le 18 janvier dernier, et pour deux ans, un missi dominici auprès du ministère burkinabè de la Justice, en la personne de Philippe Faisandier. Ancien procureur de la République à Mayotte, ce haut magistrat officiera comme expert technique international pour le compte du Quai d’Orsay, autrement dit du ministère français des Affaires étrangères. Cette nomination a-t-elle quelque chose à voir avec l’état des relations entre Ouagadougou et Abidjan depuis l’émission du mandat d’arrêt lancé contre Blaise Compaoré et Guillaume Soro, comme je l’indiquais plus haut ?
Du « Blaiso », parlons-en aussi.
Dans son exil sur les bords de la lagune Ebrié, l’ancien président burkinabè continuerait à jouer les influents. Ainsi, ce serait grâce à lui que Louis-André Dakoury-Tabley serait entré dans le nouveau gouvernement de Daniel Kablan-Duncan comme ministre des Eaux et des Forêts. Depuis plusieurs mois en effet, Dakoury-Tabley serait resté l’un des visiteurs les plus assidus de Blaise dans sa résidence de Cocody.
Cher Wambi, selon toujours la même source, une convention va être incessamment signée entre notre pays et le Togo tendant à intensifier l’utilisation du Port autonome de Lomé pour le fret à destination et en partance du Burkina.
Cette politique procéderait de la volonté légitime du nouveau président, Roch Marc Christian Kaboré, d’amoindrir la dépendance du Burkina vis-à-vis de la Côte d’Ivoire.
Y a-t-il, cher cousin une opération délogement enclenchée au niveau des villas de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) notamment celles dites villas CAN comme on appelle ces maisons construites lors de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football organisée par le Burkina Faso en 1998 et mises en vente après l’évènement sur contrat en 1999 ? C’est en tout cas la question qu’on est en droit de se poser après l’action qui a été menée le 29 décembre 2015 au sein desdites habitations dans la ville de Sya pour expulser les mauvais payeurs. On a vu à cette occasion deux familles priées de libérer des villas dans lesquelles elles vivaient sans en avoir acquitté au préalable le crédit. Des décisions aux fins d’expulsion ont donc été rendues à leur encontre. Et parmi les indésirables de la CNSS, tiens-toi bien, des personnes qui devraient solder leur compte au plus tard en 2004 (soit 5 ans de délai) et qui, jusqu’à nos jours, n’ont toujours pas versé le moindre kopeck. Les villas CAN de Ouaga seraient la prochaine étape de cette opération «d’assainissement». Même les locataires indélicats des autres cités CNSS sont également en ligne de mire. En effet, une décision judiciaire ordonnant une expulsion a déjà émise à cet effet à la date du 20 janvier dernier et d’autres sont en cours.
A présent cher Wambi, je m’en vais t’ouvrir le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.
- Après le monastère de Koubri, l’orphelinat Home Kizito, et l’internat jeunes filles de Loumbila, c’était au tour du collège des jeunes filles de Koubri de recevoir dans la nuit du 10 au 11 février 2016 aux environs de 3h du matin d’indésirables visiteurs. Selon des sources proches de l’établissement, les malfrats, à leur arrivée, ont pris le soin de ligoter tour à tour les deux veilleurs de nuit qui étaient postés, l’un à l’entrée principale des locaux, et l’autre au niveau de l’Administration.
Ils se sont ensuite dirigés vers la Comptabilité dont la porte a été défoncée. Après avoir tenté vainement de faire céder le coffre-fort à l’aide d’une scie, les cambrioleurs ont fini par lâcher prise. Opération au cours de laquelle un des bandits s’est blessé et a perdu beaucoup de sang. Ils se sont évaporés dans la nature au moyen de motos communément appelé « 135 », abandonnant une machette.
On remarquera que ces derniers temps, les établissements et autres centres religieux sont devenus la cible privilégiée des malfrats.
- Bank of Africa (BOA) est en deuil. Le directeur général de la filiale sénégalaise de ce groupe bancaire, Laurent Basque, a succombé à une crise cardiaque le mercredi 10 février 2016 à Dakar. D’origine ivoirienne, Laurent Basque est connu à Ouagadougou où il a dirigé la BOA Burkina de 2009 à 2011. Né le 7 juillet 1954, le défunt laisse derrière lui une épouse et deux enfants.
- Selon un communiqué du service la décision du Conseil des ministres du 02 septembre 2015 à Fada N’Gourma invitant au port du Faso danfani lors des festivités marquant la Journée internationale de la femme a été une fois de plus réitérée lors du Conseil des ministres du 03 février 2016.
Le port du Faso danfani à l’occasion des festivités marquant la Journée internationale de la femme au Burkina Faso est une occasion de valoriser la production et la transformation du coton par les acteurs de la filière, notamment les tisseuses. Placé sous le thème ; « Entrepreneuriat agricole des femmes : obstacle, défis et perspectives », cette commémoration est une occasion de repenser l’organisation du 8-Mars en mettant un accent particulier sur les défis qui imposent l’évolution du statut de la femme dans la société burkinabè.
Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."
Ainsi va la vie.
Au revoir.
Ton cousin
Passek Taalé