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Procès Habré : la parole est a la défense… du mutique
Publié le vendredi 12 fevrier 2016  |  L`Observateur Paalga
Hissène
© Autre presse par DR
Hissène Habré, ex-président tchadien




Les parties civiles et leurs avocats ont parlé, décrivant un despote sanguinaire qui a méthodiquement martyrisé son propre peuple. Le parquet général est venu enfoncer le clou, requérant de ce fait la prison à vie pour celui qui semait pourtant la mort, ainsi que nous l’avions titré dans notre précédent éditorial.


Depuis lors, la parole est à la défense à qui revient, en règle générale, le dernier mot dans tout procès qui se veut équitable ; sauf qu’en l’espèce les avocats que le prévenu avait librement choisis s’étant dessaisis parce que, comme leur client, ils ne reconnaissaient pas la compétence des Chambres extraordinaires pour connaître du dossier, ils ont été remplacés par des confrères commis d’office. Et c’est eux qui ont désormais la redoutable charge de défendre celui que tous présentent comme un affreux despote.

Mais comment défendre un accusé qui ne vous accepte pas, pas plus qu’il ne reconnaît ses accusateurs ! Un client qui, depuis six bons mois, n’a pas daigné recevoir ses propres avocats, comme si son sort, qu’il sait plus ou moins scellé, lui importait bien peu.

Dans de telles conditions, Maître Mounir Balal et ses deux confrères ont beau vouloir faire consciencieusement le job, leur tâche n’était pas simple et c’est peu de le dire.

Il faut reconnaître que face à eux les parties civiles et l’accusation avait eu le beau rôle tant les éléments à charge, les témoins et les arguments frappants ne manquaient pas pour enfoncer celui qui est poursuivi, rappelons-le pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et tortures. Et il leur en aura fallu des trésors d’imagination pour sinon blanchir, du moins alléger le monstrueux poids des charges retenues contre l’ancien ogre de N’Djamena.

Et pour ce faire, ils sont même allés jusqu’à motiver l’existence même de la Direction de la documentation et de la sécurité, exécutrice des basses œuvres du régime. Ainsi, selon l’un de ses avocats « cet homme qui a régné huit ans en a connu six de guerre de par tous les complots. Ce qui motivera d’ailleurs la création de la DDS. C’est un profond nationaliste qui, lorsqu’il a accédé au pouvoir, a voulu faire du Tchad un Etat moderne. » On aurait cru l’écouter dépeindre le portrait d’une personnalité aux antipodes de celui qui croit qu’il lui suffira d’égrener son chapelet dissimulé par les plis de son éternel turban immaculé pour devenir un saint.

Un « sage » qui, après avoir été contraint manu militari d’assister aux audiences, ne s’est jamais départi de son mutisme, même quand ceux qui étaient chargés de le défendre lui adressaient la parole…

Maintenant que la boucle est bouclée, reste à savoir s’ils seront parvenus à emporter l’adhésion de la cour. La réponse, en mai prochain lors du verdict.



H. Marie Ouédraogo
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