Les groupes de lutte contre l’insécurité et le grand banditisme, initiés par les populations locales et dénommés « Koglwéogo », sont plus que décidés à ne pas baisser la garde. Et cela en dépit de leur non-reconnaissance officielle. Le samedi 06 février 2016, des éléments Koglwéogo des provinces du Zoundwéogo-Bazèga (Centre-Sud) et du Ganzourgou (Plateau central) ont effectué à Kaya une sortie conjointe de traque d’un membre d’un réseau de gang spécialisé dans les vols à main armée et autres infractions.
C’est dans la soirée du samedi 06 février aux environs de 18 heures qu’une source nous a informés de la présence d’éléments des Koglwéogo du Zoundwéogo, du Bazèga et du Ganzourgou armés de fusils de chasse dans un quartier périphérique du secteur n°6 de Kaya. A notre arrivée sur les lieux 30 minutes plus tard en compagnie de confrères de radios FM de la ville, nous avons constaté qu’il y avait un attroupement sur un terrain vide non loin du cimetière de Karbaguélé. Mis au courant de la présence de journalistes, un des éléments de Koglwéogo invite les badauds à nous faciliter l’accès aux lieux. Avec l’éclairage de torches en raison de la tombée du soleil, nous apercevons un jeune retenu par un Koglwéogo sur une moto grosse cylindrée et un autre assis au sol, les mains ligotées derrière le dos. Un troisième, un peu plus âgé, était lui auditionné à une vingtaine de mètres des autres par les chefs de la mission.
Ouédraogo Talato du Koglwéogo de Béré (commune rurale du Zoundwéogo) nous a relaté l’objet de leur expédition de Kaya en ces termes : ‘‘Nous sommes des équipes Koglwéogo de plusieurs localités du Zoundwéogo, du Bazèga et du Ganzourgou. Nous travaillons en étroite collaboration dans la lutte contre l’insécurité et le grand banditisme. Nous nous entraidons et échangeons des informations pour la réussite de nos missions. En outre, nous collaborons avec les forces de défense et de sécurité. S’agissant de notre sortie sur Kaya, nous avons mis la main le vendredi 05 février sur un individu qui voulait vendre une moto neuve sans aucune pièce justificative au marché de Ouardogo (NDLR : village de Mogtoédo). Après des interrogations, il nous a dit qu’il venait d’acheter la moto chez un parent du nom de Diallo Alaye habitant à Sabouri (NDLR : village de Korsimoro dans le Sanmatenga) à 165 000 F. Nous avons arrêté le parent en question le même jour dans la ville de Mogtoédo. Ce dernier, dans sa tentative de fuite, a poignardé un de nos éléments avant d’être maîtrisé. Il n’a pas mis de temps à avouer appartenir à un réseau ayant déjà fait 03 vols à main armée dont un à Ouardogo au cours duquel une moto et de l’argent avaient été emportés. La moto, a-t-il précisé, a été par la suite abandonnée aux mains des forces de sécurité en patrouille à Korsimoro pour absence de papiers. Il nous a aussi affirmé qu’il a 02 complices : l’un résidant à Kaya et l’autre à Maokin (NDLR : village d’Asouya) dans l’Oubritenga. Nous avons informé la sécurité de Mogtoédo avant de sortir pour la traque des autres membres de la bande. Nous avons sollicité le soutien des Koglwéogo de certaines localités du Sanmatenga dans notre mission.’’
Le délinquant recherché à Kaya, du nom de Dicko Belko Issa, a pris la fuite avant l’arrivée des Koglwéogo mais 02 de ses frères (Alaye et Ousmane Dicko) soupçonnés de collaborer avec les malfrats ont été arrêtés et amenés dans la même nuit semble-t-il, pour la suite des investigations.
A la question de savoir s’ils n’agissent pas dans l’illégalité, Ablassé Bonkoungou répond que les populations étaient dans l’obligation de prendre en main leur sécurité. Selon ses dires, Koglwéogo n’est pas un réseau de sans emplois mais plutôt des hommes et femmes intègres décidés à unir leurs forces pour lutter, aux côtés des forces de sécurité, contre cette insécurité grandissante. ‘’Nous sommes conscients que la sécurité ne peut pas couvrir tout le territoire et permettre à tous les Burkinabè de vaquer librement à leurs occupations. Au lieu de nous combattre, le gouvernement gagnerait à nous encadrer et à nous équiper afin que nous soyons plus opérationnels pour soutenir les forces de défense et de sécurité’’, a-t-il déclaré. La preuve, a-t-il ajouté, ce sont les Koglweogo qui ont permis d’arrêter 05 membres de l’ex-RSP en fuite après l’attaque de Yimdi. Les éléments du groupe disent avoir déjà échangé sur la question avec des personnalités du pays dont Simon Compaoré, l’actuel ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité intérieure.
Abondant dans le même sens, Boukaré Ouédraogo du Koglweogo de Fanka (village de Kaya) indique qu’en plus des multiples cambriolages de boutiques, leur village a enregistré au cours de l’année 2015 de nombreux cas de vols dont 111 petits ruminants, 35 bœufs, 35 ânes et 44 poulets. ‘‘Depuis que nous avons mis en place notre Koglweogo, aucun cas de vol et de cambriolage n’a été signalé’’, a-t-il précisé.
Aux dernières nouvelles, les personnes interpellées ont été transférées à Kombissiri et seront par la suite remises aux forces de sécurité.
D.D. Windpouyré Ouédraogo