Suite à la crise des transporteurs du coton de la SOFITEX, les différents acteurs du secteur et l’administration ont entamé des concertations en vue de résoudre le problème. Le mardi 9 février 2016, c’était au tour des gouverneurs des régions de la Boucle du Mouhoun et des Cascades de s’entretenir avec les protagonistes. Il est demandé à l’un des protagonistes, le groupe « KANIS LOGISTIC » de se conformer à la règlementation. Mais un recours en justice est envisageable.
Une crise secoue le transport du coton de la Société des fibres et textiles (SOFITEX) de l’Ouest en ce début d’année 2016. Elle oppose le groupe « KANIS LOGISTICS » et les structures faitières des transporteurs de l’Ouest du Burkina Faso. A l’origine, un appel d’offres pour le transport de coton lancé par la SOFITEX, auquel a soumissionné « KANIS LOGISTICS ». Après attribution du marché, une grogne se fait entendre dans les rangs des transporteurs de l’Ouest. « KANIS LOGISTICS » se voit reprocher par ces derniers d’utiliser un type de véhicule non conforme à la règlementation en vigueur (Ndlr : selon la règlementation de la SOFITEX à l’Ouest, seuls les camions à ridelle peuvent être utilisés pour le transport du coton). Les structures faitières exigent la résiliation du contrat de l’incriminé.
Après des concertations le 30 janvier 2016 à Bobo-Dioulasso et le 3 févier 2016 à Ouagadougou, « KANIS LOGISTICS » tient à son contrat. Les transporteurs proposent alors un « plan B » qui est que l’incriminé se conforme alors à la règlementation. Le mardi 9 février 2016 à Bobo-Dioulasso, sous la direction du gouverneur de la Boucle du Mouhoun, Justin Somé et de la gouverneure des Cascades, Léontine Zagré, les concertations se poursuivent entre « KANIS LOGISTICS », les transporteurs de l’Ouest et la SOFITEX. D’entrée, le directeur général de la société d’Etat, Bernard Gnessan Zougouri, a fait le point des négociations antérieures. Puis les débats ont commencé. Pour le secrétaire général de l’OTRAF, Alidou Zerbo, l’entreprise « KANIS LOGISTICS » est dans la catégorie des chargeurs et il n’est pas question qu’elle se déguise en transporteur. Il émet la crainte de voir l’entreprise monopoliser le transport des frets : « Si nous laissons KANIS, au bout de 2 à 7 ans, il transportera 90% des frets du Burkina Faso », s’est inquiété le SG de l’OTRAF. M. Zerbo a réitéré le « plan B » et tous les conducteurs, de la région avec lui, à savoir que le directeur général de « KANIS LOGISTIC », Albert Ima, doit retirer sa société du circuit ou à défaut, se conformer à la règlementation. Autre raison avancée par les structures faitières, c’est que, plusieurs d’entre eux possèdent des camions bennes du type incriminé, mais par respect pour la règlementation, ils n’en font pas usage.
Des négociations corsées
Elles soutiennent également le fait que le transport du coton est la seule activité et que privées de cela, c’est pour elles le chaos. « En dehors des balles de coton, nous garons nos véhicules, ce qui n’est pas le cas chez KANIS. La SOFITEX, c’est vraiment le nerf de l’Ouest », ont-elles clamé. Quant aux responsables de la SOFITEX, ils expliquent notamment que « dans les dossiers qui ont été présentés, il n’était pas expressément écrit camions bennes. C’est sur le terrain qu’il nous a été donné de constater que c’était des camions bennes ». Le DG de la SOFITEX, Bernard Gnessan Zougri a proposé alors que le contrat de « KANIS LOGISTICS » ne soit pas résilié, mais que l’entreprise se mette au même pied que les autres. En réponse aux arguments avancés, le DG de « KANIS LOGISTICS » Albert Ima, a soutenu qu’il a soumissionné avec des véhicules de type benne pour obtenir le marché. Par conséquent, c’est ce qu’il doit utiliser. M. Ima a affirmé qu’il n’a d’autres types de véhicules que ceux utilisés présentement. Il a soutenu que ces mêmes catégories de véhicules sont usitées dans d’autres sociétés. Toute chose qui, selon le droit, est normale. Cependant, il est demandé aux protagonistes de faire des concessions. Le « plan B » est avancé pour les structures faitières. « S’il y a une partie du groupe qui fait une concession et qui permet d’abandonner le plan A pour le plan B, que l’autre partie aussi accepte d’en faire autant », a souhaité le gouverneur de la Boucle du Mouhoun, Justin Somé. Pour éviter toute dégénérescence de la situation, la gouverneure des Cascades, Léontine Zagré, a laissé entendre : « Aujourd’hui la situation nationale ne nous permet pas de tergiverser sur l’ordre public ». Et de lancer, « consentons des sacrifices, faisons des compromis pour préserver le minimum ». Elle a appelé à la bonne volonté de « KANIS LOGISTICS », en ajoutant que « Aujourd’hui, c’est la paix sociale et la quiétude de l’ensemble qui sont entre vos mains ». Comme concession de la part de « KANIS LOGISTICS », Albert Ima a demandé qu’on lui donne un quota. En d’autres termes, que l’administration lui permette de continuer à transporter, mais en quantité limitée. A l’issue des négociations, les autorités ont unanimement demandé à M. Ima de se conformer à la règlementation en vigueur. « Dans le cas contraire, les deux parties pourront saisir la justice », a conclu la gouverneure des Cascades. « KANIS LOGISTICS » de son côté dit s’en remettre à l’administration de la SOFITEX.
Dominique DIAPPA