Gorom-Gorom - Face aux actes d’insécurité récents enregistrés au Burkina Faso, la population de la province de l’Oudalan dans le Sahel a organisé, le samedi 6 février 2016 à Gorom-Gorom, une marche de soutien aux différentes victimes et d’interpellation des autorités.
Banderoles en main, les jeunes, les vieux et les représentants de communautés musulmanes ont marché le 6 février dernier dans la ville de Gorom-Gorom pour reprouver les actes d’insécurité qu’a connus le pays des hommes intègres depuis un certain moment. Partis de la place de la Nation dans la ville de Tondikara (la pierre blanche), les marcheurs ont scandé des cris de libération et d’éradication du terrorisme pour aller remettre leur message au Haut-Commissaire de la province de l’Oudalan Daouda Traoré qui a déclaré le transmettre à qui de droit et compter sur la vive participation de tous pour l’atteinte des objectifs sécuritaires.
Pour le président du comité d’organisation de la marche, Abdallah Maïga, cette action est une manifestation de soutien, d’interpellation et d’engagement. « Nous, population de l’Oudalan avons organisé cette marche à Gorom-Gorom afin de manifester notre soutien et notre solidarité aux victimes, parents de victimes, aux autorités et aux forces de défense et de sécurité de notre pays. C’est pour également manifester notre solidarité et notre compassion à la famille du docteur Eliott et à son épouse enlevés le 15 janvier 2016 à Djibo. Nous encourageons les autorités à poursuivre les efforts en vue de la libération du couple Eliott tout en attirant leur attention sur la nécessité de renforcer le dispositif sécuritaire dans la région du Sahel du fait de la promiscuité avec des zones connues pour être très instables »
M. Maïga a réaffirmé la volonté de sa base de renforcer la collaboration avec les forces de défense et sécurité pour une paix véritable et durable. La population de l’Oudalan étant constituée majoritairement de sonraïs, bella, peuhl et de touareg, elle a lancé un appel aux Burkinabè de ne pas tomber dans l’amalgame, la stigmatisation et les règlements de compte dont eux ils sont souvent victimes du fait du port du turban ou du teint. De fait, c’est ce que le chef de canton de Gorom-Gorom, Ezab Ag Alhour a adressé aux populations.
« J’invite les populations à faire confiance aux forces de sécurité. Et il faut travailler avec conscience pour sa patrie le Burkina Faso en étant vigilant dans notre entourage, en se transformant en service de renseignement afin de signaler tout cas suspect. Je suis pour le contrôle et l’identification qui se font dans la courtoisie et donc je demande à tous et particulièrement aux agents des forces de l’ordre et de contrôle de ne pas stigmatiser ou humilier toute personne enturbannée. Cela peut créer des scandales car le turban, au-delà du vêtement, est un symbole, une identité».
Les parents et membres de famille des victimes des attaques meurtrières dans la localité de l’Oudalan qui ont pu prendre part à la marche ont été remontés moralement à travers cette marche de solidarité populaire. Noé W. Kaboré, frère du gendarme Kaboré Alain victime des attaques de Inabao dans la commune de Tin-Akoff, a exprimé son ressentiment. «Au regard de la mobilisation nous avons un sentiment de réconfort. Elle prouve que les gens sont conscients que le terrorisme est à combattre corps et âme».
Ourya SOURA
(Collaborateur)