Décédé dimanche 31 janvier 2016 en Bangkok, en Thaïlande, sa Majesté Naba Saga, 28e empereur de Zoungrantenga, a été inhumée le dimanche 7 février 2016, soit 9 jours après son décès. Il repose désormais auprès de ses siens dans la cour royale.
Depuis l’annonce de la mort Sa Majesté Naba Saga, la cour royale ne cesse de désemplir de monde venu de la région et hors de la région pour présenter leurs condoléances à la famille royale. Depuis l’annonce du décès du roi, c’est son premier ministre le «Daporé Naba» qui assure l’intérim de la cour jusqu’à ce que le nouveau chef soit intronisé.
Sa dernière parution publique a été le jour de la célébration du 11 décembre 2015, à la place du Haut-commissariat, où il a reçu les félicitations du gouverneur du Centre-Est, le colonel Ousmane Traoré, après avoir été fait officier de l’Ordre national. Il avait été accompagné par les tambourinaires et les fusiliers de la cour et une foule nombreuse, du palais jusqu’au lieu de la cérémonie de décoration, au rond-point du haut-commissariat de Tenkodogo.
Il était dans une Mercedes blanche de son père, le Naaba Tigré, acheté depuis les années 60. «On le savait malade depuis un certain, temps nous raconte un proche du palais, mais on ne savait pas que ça allait être comme ça… », Confie-t-il. Pour le député Dieudonné Sorgho, membre de la famille royale, la disparition de laisse un véritable problème pour le royaume. Mais avec la contribution des uns et des autres, et de la clairvoyance de la cour royale, les choses devraient se dérouler normalement. Agé de 55 ans et pharmacien de profession, il a été intronisé en octobre 2001 et sa reine a durée de 15 ans.
«Sur le cas précis de sa maladie, nous n’avions pas encore sous la main son dossier médical. Nous attendons ces documents qui viendront d’ici deux semaines pour connaître la nature de sa maladie dont il souffrait.Ce qui est important pour le royaume aujourd’hui, c’est de regarder l’avenir», a-t-il ajouté. «Depuis l’intronisation de Sa majesté Naba Saga, j’ai été de tout temps à ses côtés comme son Premier ministre. Le défunt a été quelqu’un de compréhensif. Il savait écouter mais quand il s’énervait aussi ce n’est bien. Je le représentais à des cérémonies organisée les différents services déconcentrés de l’Etat dans la région du centre-Est. La disparition du défunt chef, Sa Majesté Naba Saga laisse un vide pour le royaume, l’ensemble de la population de Tenkodogo en particulier et la chefferie traditionnelle», nous explique son Premier ministre du défunt chef, le Daporé Naba, Sa Majesté Naba Saga, qui essaie de maintenir ses larmes sous ses gros verres correcteurs.
Le Naba Kiba, chef de Diimtenga, un des ministres du défunt roi a aussi témoigné en ces termes : «Le plus souvent, quand l’administration invitait Sa Majesté à une cérémonie où à tout autre évènement, il faisait appel au Daporé Naba, son Premier ministre pour qu’il désigner quelqu’un pour le représenter. Et souvent, c’est moi qu’il désignait pour le représenter. Il était attaché à la tradition et à la chefferie et défendait la culture. Il ne tournait pas en rond pour dire la vérité à qui que ce soit. Personnellement c’est le 9 janvier dernier, lorsque je suis venu le saluer et lui dire mes hommages, il nous a dit qu’il allait effectuer un déplacement à Ouagadougou et de là, qu’il allait continuer en Europe. Son décès m’a personnellement surpris». Oncle du défunt chef et petit direct de Naba Tigré, père du défunt chef, Sa Majesté Naba Saga, Antoine T. Sorgho, ajoute, «selon la coutume moaga, si le roi décède, on n’annonce pas comme ça son décès. On attend que le roi soit dans le royaume de Dieu, avant d’annoncer sa mort. Il est interdit à qui ce soit d’enfreindre cette interdiction. C’est après son enterrement qu’on le fait même si le roi doit faire un mois. On estime qu’il est toujours dehors. C’est son Premier ministre qui est chargé des affaires courantes du royaume, qui est habilité à annoncer la mort du roi à la population».
Selon toujours lui, l’annonce du décès du défunt roi, la nomination de son successeur et jusqu’à son intronisation ne doit pas dépasser un mois. Une grande sœur ou petite sœur directe du défunt qui prend le trône une semaine après son décès pour préparer le nouveau roi. Cette dernière a obligation de quitter le village pour ne pas entendre les pleurs, les sons des tams-tams des funérailles et ne doit pas aussi assister à aucune cérémonie organisée par la cour royale. Une semaine après que le nouveau est désigné, cette dernière remet le bonnet au nouveau roi pour son intronisation. Des gens disent qu’à l’annonce de la mort du roi, on rentre dans le marché pour «piller» tout ce qu’on trouve dans le marché.
Antoine T. Sorgho donne des précisions. Dans la coutume du royaume de Tenkodogo, on ne rentre pas dans le marché comme ça. C’est le lendemain des funérailles, qu’une cérémonie est organisée au cours de laquelle on fait trois fois le tour du marché de Tenkodogo, précédée de rites coutumiers et de sacrifices. C’est à l’issue de cette cérémonie que l’intronisation du nouveau se fait. Le choix de la personne pour succéder au défunt roi est laissé à la discrétion de la famille royale et non par les ministres du roi. Dans coutume moaga, la succession au trône ne se fait de père en fils. On choisit celui qui est sage, patient, tolérant et qui sait écouter pour gouverner. S’agissant du cas du Samandin Naba est un ministre du roi comme tous les ministres.
Bougnan NAON