L’or est devenu, en l’espace des cinq dernières années au Burkina, la première source de revenu national avant l’or blanc, le coton. Avec 7 sites d’or en exploitation et d’autres en attente d’exploitation, le Pays des hommes intègres engrange quelques 175 milliards de F CFA d’impôts et taxes, selon le budget national de 2012. Au niveau social, les mines d’or ont contribué à offrir des centaines d’emplois non seulement aux populations riveraines. Bref, les bienfaits de l’or sont multiples et on ne pourrait finir de les dénombrer. Pourtant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt, car en fait de bénédiction du métal jaune, celui-ci pourrait constituer pour l’avenir une véritable malédiction à l’image du pétrole dans certains pays en proie à des guerres interminables. Aussi, la transparence doit être de mise au plan financier, social et de la gestion de l’environnement.
Primo, la transparence dont s’enorgueillit depuis quelque temps le gouvernement burkinabè apparaît comme un véritable bluff. « Gestion rigoureuse, crédible, efficace et transparente des revenus tirés du secteur des industries extractives », c’est de la poudre jetée aux yeux de bon nombre de citoyens. En effet, jusqu’à présent, même avec la conformité du Burkina à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives, les populations ne savent pas exactement où va l’argent de l’or. Généralement, arguant le principe du panier commun, le gouvernement envoie paître les honnêtes citoyens qui sont à la quête d’un mieux-être et de plus d’informations. Il s’est d’ailleurs développé une certaine opinion selon laquelle il n’y a pas de changements notables dans le panier de la ménagère depuis que l’or est extrait de notre sous-sol. Bref, la question la plus préoccupante est celle de la déclaration effective de l’or extrait. Y a-t-il un véritable système de contrôle qui permet de s’assurer de la quantité de tonnes d’or extrait ? Toute la problématique réside en cela. En effet, ils sont nombreux les Burkinabè qui croient, dur comme fer et cela est fort compréhensible, que les sociétés minières pillent les richesses de notre sous-sol avec la complicité de certains barons du pays. Un média étranger a d’ailleurs dans l’une des ses récentes publications fait cas de la mainmise des gourous du pays sur la manne aurifère. Le code minier du Burkina, en relecture actuellement, espérons-le, pourra apporter un peu plus de justice économique et sociale. Car jusque-là, les populations qui sont de plus en plus informées ne tardent pas à faire du bruit autour de la gestion calamiteuse de l’or dans leurs pénates. Les exemples ont fleuri en 2011 et 2012 où les populations ont manifesté, souvent violemment, contre certaines sociétés détentrices de permis d’exploitation.
Secundo, en plus de la transparence économique, il faudrait qu’un accent particulier soit mis sur la gestion de l’environnement. Dans 10 ou 20 ans, beaucoup d’industries vont fermer et laisser la plupart des localités avec des séquelles environnementales irréparables. L’utilisation des produits chimiques, la déforestation, sont autant de facteurs néfastes qui à court ou long terme seront des dangers pour l’environnement.
En attendant la réunion de Londres ce jour, 15 juin 2013, où le Burkina soutenu par la France devra chercher les voies et moyens d’une plus grande transparence dans les industries extractives, il faudrait qu’à l’interne, un diagnostic sans complaisance de la gestion des revenus des mines d’or soient faites. Il est du devoir du gouvernement de l’accomplir pour les générations futures car l’or est une denrée tarissable. Aussi, tout en respectant les règles internationales en matière d’exploitation minière, il faut un interventionnisme national qui permette un meilleur profit pour tous. C’est là tout le défi de notre pays, aujourd’hui, obnubilé par les royalties de l’or .