Gryphon Minérals, une compagnie d’exploitation minière australienne a découvert un important gisement aurifère dans les environs de Niankorodougou, dans la province de la Léraba. Plus de 7000 orpailleurs sont anarchiquement installés dans cette zone dont elle est pourtant concessionnaire. Mercredi 12 juin dernier, cette compagnie a réuni à Banfora tous les acteurs impliqués dans ce projet afin de trouver une solution pour libérer les lieux.
Depuis 2005, la compagnie australienne Gryphon Minérals a effectué une exploration aurifère aux environs de Niankorodougou, qui s’est avérée assez fructueuse. Deux gisements miniers ont été découverts avec des réserves assez intéressantes sur lesquelles le directeur général, Phillip Aupy reste peu prolixe. Il confiera cependant à la presse que ces gisements, une fois mis en exploitation, pourront générer quelques 98 milliards de F CFA par an en huit ans, pour une capacité de 4,5 tonnes d’or l’année. C’est un projet que la compagnie qualifie de « phare » en Afrique de l’Ouest, et envisage commencer la construction d’une mine industrielle en vue d’exploiter les gisements. Dans cette perspective, a indiqué Phillip Aupy, la société a déposé une demande de permis d’exploitation auprès du ministère en charge des Mines. Cependant, la compagnie, à en croire son directeur général, doit faire face à une difficulté de taille : plus de 7 000 orpailleurs sont installés sur le périmètre. 86 % des occupants seraient venus du Nord du Burkina et des pays de la sous-région.
Les autochtones reconvertis en chercheurs d’or représenteraient seulement 14%. Et tant que ceux-ci demeureraient sur le site, la compagnie ne peut ni construire la mine, ni extraire l’or. Pourtant, l’orpaillage artisanal, ont reconnu tous les intervenants, présente des dangers. C’est en cela que le conseiller technique représentant le gouverneur, Siaka Prosper Traoré, dira que « De nombreuses espèces sont touchées par la pollution due à la forte utilisation du cyanure et surtout du mercure dont les rejets dans la nature sont emportés, puis absorbés par les matières organiques et se retrouvent directement dans les rivières, entraînant une pollution de la chaîne alimentaire ». M. Traoré a évoqué en plus, l’insécurité que favorise l’orpaillage, c’est-à-dire l’exploitation artisanale de l’or, et l’économie souterraine qui en découle, très préjudiciable aux intérêts économiques du pays. La tenue de cette rencontre initiée par Gryphon visait donc à poser la problématique des orpailleurs dans la région, mais aussi à trouver les solutions « idoines » pour réussir le déguerpissement des occupants anarchiques de la zone. Afin de permettre aux participants de bien cerner les contours du sujet, deux communications leur ont été développées. Le premier exposé est le résultat d’une étude réalisée par Collin Adam’s, chargé des relations communautaires et des questions environnementales du projet. Il a mis en lumière la problématique de l’orpaillage dans la région des Cascades, particulièrement dans la zone de projet de Gryphon et surtout les dangers issus de l’utilisation des produits toxiques, nocifs pour la flore et la faune, et même pour les hommes, la destruction anarchique de la forêt et des arbres protégés, les trous béants abandonnés sur les terres arables et pouvant occasionner des accidents pour les agriculteurs et le bétail, la dépravation des mœurs et enfin, l’insécurité et le banditisme.
La deuxième présentation faite par Jery Kalongui (un consultant) a porté sur la stratégie d’engagement des parties prenantes au projet. Elle s’appuie sur la mise en place d’un comité consultatif communautaire qui aura pour mission d’engager des négociations avec les membres des communautés impactées, et de favoriser leur réinstallation et indemnisation. A l’issue de ces deux présentations, les participants ont voulu comprendre les contours de ce projet. A cet effet, il n’y a pas eu de question tabou. Ils n’ont pas manqué de soulever bien de préoccupations, parmi lesquelles, l’impact social de la mine sur les populations et les démarches à mettre en œuvre pour déguerpir les orpailleurs. A la fin, tous ont reconnu la délicatesse de la question. C’est pourquoi, dans leur quasi-totalité, ils ont suggéré à la compagnie, de privilégier la sensibilisation et en cas de résistance, de recourir aux forces de sécurité.