Après la grave crise qui a atrocement sévi sur les bords de la lagune Ebrié, l’heure est à la reconstruction. Pour un pays se relevant de son grabat, c’est de toute évidence qu’il soit confronté à une kyrielle de défis. Au nombre de ces défis, figure en ligne de mire la question de la réinsertion des milliers de personnes qui avaient pris des armes pendant les différentes crises dont a souffert le pays de Houphouët Boigny. En dépit des efforts du président Alassane Ouattara pour permettre une réinsertion socioprofessionnelle des ex- combattants à laquelle dépend intrinsèquement la stabilité du pays, force est de reconnaître que la machine est grippée ou avance cahin-caha. La preuve : plusieurs ex- combattants de la crise 2011 ont battu le pavé le lundi dernier à Man, dans l’Ouest du pays, pour dénoncer la lenteur avec laquelle le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) évolue. Dans cette grande ville de l’Ouest, plusieurs centaines de démobilisés auraient érigé des barricades d’être avant calmés par le chef des forces républicaines de la Côte d’Ivoire de la localité, Losséni Fofana, selon des informations livrées par l’Agence France presse. Le processus qui ambitionne insérer plus 64 mille ex -combattants est grippé pour des raisons bien connues. D’abord, la pléthore de structures existant en la matière. Toute chose qui souvent crée des empiétements sur les attributions et paralyse les actions. Certes, il existe maintenant une structure de coordination placée sous la tutelle du premier ministre mais il faille, pour éviter toute situation inextricable, assainir le domaine par la réduction des structures intervenant. Toute chose qui permettra d’obvier l’autre problème inhérent au caractère particulièrement onéreux du processus. Selon une estimation officielle, le processus coûterait plus de 140 millions d’euros. En dépit de l’accompagnement de certains bailleurs de fonds dont la Belgique, la Côte d’Ivoire, engagée sur plusieurs chantiers, traîne des boulets pour réussir cette opération qui devra permettre au géant côtier d’humer le parfum salvateur de la stabilité et de la sécurité retrouvées. La réussite de l’opération est une condition sine qua non à la réalisation des autres chantiers de développement. Il faut donc trouver une case pour contenir le pachyderme afin d’éviter qu’il n’entre en rébellion, d’autant qu’il dispose de moyens de se faire respecter. Quoi qu’on dise, un lot très important d’armes reste encore entre les mains des ex- combattants qui n’hésiteraient pas à s’en servir, d’où la nécessité de réagir avec urgence et efficacité. Mais, plus le processus traîne, plus les uns et les autres montent les enchères. A Man, les ex –combattants, lors de la manifestation, le lundi dernier, exigeaient 5 millions 500 mille FCFA pour chaque combattant. Voici qui n’est pas une mince affaire pour le gouvernement Ouattara qui devra creuser les méninges et les poches pour conjurer le spectre d’une autre crise.