Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Burkina Faso    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Chefferie coutumière à Sakango : Un bonnet pour deux “têtes”
Publié le mardi 9 fevrier 2016  |  Sidwaya




Une « guerre » de succession oppose deux prétendants au trône dans le village de Sakango, situé à 10 km de Comin-Yanga, province du Koulpélogo. Naaba Sanem Zaogo et Naaba Tee Boudou, les protagonistes dans la bataille pour le pouvoir traditionnel, se regardent désormais en chien de faïence...


Samedi 16 janvier 2016. Naaba Sanem Zaogo est intronisé officiellement, chef du village de Sakango par le chef de canton de Comin-Yanga, Naaba Koanga. Il remplace le défunt chef Dindiagué Lebgue Sanem. Il devient ainsi, le répondant légitime du chef de canton de Comin-Yanga dans ledit village. Il doit enfin jouir des privilèges du pouvoir et des honneurs dus à son rang, comme le lui confèrent les pouvoirs de la chefferie traditionnelle. «A compter de sa date d’intronisation, il est le répondant légitime du chef de Comin-Yanga dans son royaume. Si le village a des problèmes sur le plan coutumier, c’est lui qui est habilité à venir le signaler au chef et lui exposer les problèmes qu’il connaît », explique l’un des ministres du chef de canton de Comin-Yanga, Naaba Kolomboudou. Mais cette reconnaissance officielle ne sera que de courte durée. Contre toute attente, Souleymane Zoré alias Naaba Tee Boudou se présente aussi comme l’héritier légitime du trône de Sakango. Plusieurs raisons sous-tendent ses agissements. Le Naaba Tee Boudou affirme que son adversaire Naaba Sanem Zaogo, intronisé chef coutumier du village de Sakango, par le chef de canton de Comin-Yanga, n’a pas le droit de prétendre à la chefferie traditionnelle. Car, avance-t-il, son grand-père est né à Comin-Yanga–Rayoaghin. « C’est nous qui avons donné la terre à son grand- père pour s’installer et pour cultiver à son arrivée à Sakango », lâche-t-il tout furieux. Il en veut pour preuve que le nouveau chef ne fait pas partie de la lignée des prétendants au pouvoir traditionnel. Entourés de ses «notables», il brandit une carte de la famille Zoré de Sakango en faisant savoir que le nom de Naaba Sanem Zaogo qui a été intronisé n’y figure. Donc, selon ses dires, la chefferie lui revient de plein droit, étant un petit frère du défunt chef. Selon un notable du camp adverse, c’est le chef de canton de Comin-Yanga, habilité à couronner la personne qu’il aurait désignée, qui est à l’origine de la discorde entre des frères pour la chefferie. Les partisans de Naaba Sanem Zaogo ont d’autres explications. A les croire, c’est le géniteur du « Naaba » désigné par le chef de canton de Comin-Yanga, le patriarche, Yanaba Zoré, âgé de 98 ans, qui devrait succéder à son défunt grand frère à la chefferie du village. Mais vu son âge avancé, il a préféré se retirer et autorisé son fils à la succession. Une proposition, dit-il, que le chef de canton de Comin-Yanga, a trouvée juste et coutumièrement acceptable. «Je ne me dérobe pas à la tradition, en décidant de soutenir mon fils, compte tenu du poids de mon âge », soutient le patriarche Yanaba Zoré.


Les coulisses de la succession


Il explique que pour l’accession au trône, les noms des candidats à la succession du défunt chef, dont un nom est déjà connu dans les coulisses, sont portés à la connaissance du chef de canton de Comin-Yanga, par une délégation de notables du village. Et, il revient à celui-ci de décider qui des candidats remplit les conditions coutumières requises pour remplacer le défunt chef. « Le Naaba Koanga peut accepter la personne qui a été désignée par la famille ou refuser, et proposer un autre de son choix», dit-il. Souleymane Zoré, un partisan de Naaba Sanem Zaogo fait savoir que la succession à la chefferie ne se fait pas forcément de père en fils. Mais souvent, au regard de certaines circonstances, si le fils du défunt est aimé par la population, et s’il remplit les conditions requises, il peut être intronisé. «C’est pourquoi, nous ne devons pas laisser passer la chance qui se trouve dans notre camp. Parce qu’à Sakango, nous portons tous le même nom de famille Zoré. Chacun essaie donc de faire en sorte que la chefferie ne quitte pas son camp», fait-il savoir. Souleymane Zoré poursuit que celui qui prétend à la chefferie doit se faire aimer par la population à travers ses actions, ses actes, sa parole, et son comportement dans le village. Et, leur candidat remplissait tous ces critères, voilà pourquoi, il a été désigné par leur chef suprême. Le ministre du chef de canton de Comin-Yanga, Naaba Kolomboudou donne aussi des éclaircissements sur la succession selon les principes ancestraux et coutumiers. Il précise que selon leur tradition, lorsqu’un chef décède, après les funérailles, les prétendants au trône viennent trois fois de suite saluer le chef suprême de Comin-Yanga. Après ces trois salutations, celui-ci désigne le successeur du défunt. C’est après cette désignation que la cérémonie d’intronisation est organisée. Mais, pour le cas de Sakango, les deux protagonistes sont venus saluer leur chef suprême. « Un n’a pas attendu qu’on désigne le successeur du chef défunt. Ce dernier s’est auto-proclamé chef», déclare Naaba Kolomboudou. Il ajoute : « Dans ce cas de figure, celui qui n’a pas attendu que le chef suprême se prononce et qui s’est auto-proclamé n’est pas reconnu coutumièrement comme chef. Mais, celui qui a été désigné par le chef de canton qui est reconnu chef légitime du village de Sakango ».
Depuis plusieurs jours, cette affaire de bonnet « empoisonne » le climat social dans le village de Sakango.


Privilégier la paix


Des frères d’antan se regardent désormais en chiens de faïence. Les populations ne savent pas, à quelle autorité traditionnelle se soumettre. Mais, les deux « chefs » tiennent mordicus à leur pouvoir. Qu’à cela ne tienne, le ministre Kolomboudou a une proposition de sortie de crise. « C’est à celui qui s’est auto-proclamé chef, de faire marche arrière, de reconnaître qu’il est en erreur, de s’excuser et accepter de se soumettre au Naaba Sanem Zaogo, coutumièrement intronisé par le chef de canton », propose-t-il.
Le Naaba Tee Boudou ne l’entend pas de cette oreille. Pour lui, il est l’unique chef de Sakango. Le Naaba Sanem Zaogo a trouvé une astuce pour acquérir la légitimité populaire. Il préfère jouer la carte de l’apaisement et du rassemblement. Se considérant comme le chef légitime, il dit placer son mandat sous le signe de la paix, la tolérance, la cohésion sociale et le respect de son prochain pour mieux diriger son territoire. En outre, il s’engage à poursuivre l’œuvre du défunt chef dans le strict respect de la tradition ancestrale. Pour y parvenir, Naaba Sanem Zaogo demande à la population de toujours privilégier le dialogue et de cultiver le savoir-vivre ensemble. Il appelle également les autorités administratives et coutumières de la province à l’accompagner sur la voie de la paix pour bien diriger. Car, selon lui, l’on ne peut diriger un village que dans la paix, la cohésion sociale et l’entente.


Bougnan NAON
naon_2012@yahoo.fr
Commentaires

Dans le dossier

Société civile
Titrologie



Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie
Sondage
Nous suivre

Nos réseaux sociaux


Comment