Mieux vaut tard que jamais. Et les Guinéens sont bien placés pour en juger, eux qui, après des mois d’un bras de fer aussi stérile que meurtrier entre pouvoir et opposition, voient enfin se dessiner une lueur d’espoir. Car, les négociations engagées voilà maintenant une semaine sous la médiation de Saïd Djinnit, envoyé spécial des Nations unies, on abouti à quelque chose.
L’opposition a obtenu de ses contradicteurs un certain nombre de concessions quant au vote des Guinéens de l’étranger. Autre avancée notable, celle qui concerne l’une des principales pierres d’achoppement de cette tumultueuse transition, le choix de l’opérateur technique Waymark-Sabary. Fortement contesté par les principaux partis de l’opposition, il pourra désormais achever son travail de révision du fichier électoral, mais à certaines conditions.
Une avancée qui, aussi modeste qu’elle puisse paraître, vaut tout de même son pesant d’or, pour ne pas dire de diamant. Alors, chapeau bas au médiateur, qui, en l’espace d’une semaine, a accompli ce que l’on pourrait qualifier d’exploit diplomatique. Car il faut bien le dire, cet accord-là, même a minima, on ne l’attendait plus, tant les positions du gouvernement, de la mouvance présidentielle et de l’opposition restaient figées. En effet depuis sa prestation de serment il y a maintenant deux ans et demi, Alpha Condé et ses opposants n’ont cessé d’osciller entre dialogue de sourds et hostilité affichée. On se souviendra longtemps des graves violences qui ont émaillé la marche du 23 mai dernier. Au moins six morts et de nombreux blessés ; tel est le bilan d’une manifestation dont l’objectif premier était seulement d’afficher une volonté ferme d’aller à des élections libres et transparentes dans un pays qui, depuis la présidentielle de 2010, n’en avait pas connu la moindre.
Maintenant que le décor semble planté, le plus dur reste à faire, car il est désormais évident que, compte tenu de la nouvelle donne et contrairement aux prévisions de la Céni, les Guinéens ne pourront pas se rendre aux urnes le 30 juin prochain. Déjà les uns réclament un délai raisonnable tandis que les autres évoquent les difficultés sur le terrain et les coûts d’un recensement additionnel pour justifier un délai relativement long. Les discussions ne font que commencer, et on espère que, en raison de son premier succès, le médiateur sera une fois de plus sollicité pour permettre enfin à la Guinée de s’extraire du bourbier de cette transition calamiteuse qui n’a que trop duré.