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Déclaration de politique générale : c’est la forme qui manque le plus
Publié le lundi 8 fevrier 2016  |  L`Observateur Paalga
Déclaration
© aOuaga.com par A.O
Déclaration de politique générale : Paul Kaba Thièba expose ses grands chantiers de développement
Vendredi 5 février 2016. Ouagadougou. Assemblée nationale. Le Premier ministre Paul Kaba Thièba est allé faire sa Déclaration de politique générale (DPG) aux députés de la 7e législature conformément à l`article 63 de la Constitution




Vendredi 5 février 2016, le Premier ministre Paul Kaba Thiéba était devant la Représentation nationale pour sa Déclaration de politique générale. En d’autres termes, pour engager la responsabilité du gouvernement sur le programme de son mandant, le président Roch Marc Christian Kaboré, comme l’impose la Constitution en son article 63.


Un grand oral suivi de débats et sanctionné par un vote positif des députés par 72 voix pour et 53 abstentions. L’adoption de cet exposé, à la majorité absolue de l’Assemblée nationale, a valeur « d’investiture » de son auteur, comme le précise notre loi fondamentale.

Même en temps normal, pour ne pas dire en temps de « paix », pour rituel républicain qu’elle soit, la Déclaration de politique générale n’en demeure pas moins un acte très attendu. Mais celle de Paul Kaba Thiéba l’a été davantage à plus d’un titre :

D’abord, parce que le PM est un « Homo novus » : avant son arrivée à la Primature le 5 février dernier, le chef du gouvernement était un illustre inconnu. Pour cela, on se demandait comment il allait aborder ce baptême du feu parlementaire, lui qui, bien que technocrate de haut vol, n‘avait jamais exercé de hautes fonctions publiques.

Ensuite du fait du contexte politique actuel : il faut dire que notre pays a presque tout vécu ces seize derniers mois : une victorieuse insurrection populaire payée au prix du sang, du feu et des larmes, une Transition politique conduite dans les délais, un coup d’Etat manqué, des élections présidentielle et législatives couplées et les attaques djihadistes du 15 janvier, les premières dans l’histoire du Burkina.

Enfin, que dire de la diversité et de l’énormité des attentes sociales du peuple insurgé qui attend tout, ici et maintenant, du nouveau pouvoir ? Pressantes et oppressantes.

Paul Kaba Thiéba a beau être un « Etranger » débarqué de Dakar, la situation actuelle du pays et celle de ses hommes ne lui sont pas étrangères et sans nul doute qu’il a déjà pris toute la mesure de la tâche herculéenne qui l’attend.

Cela dit, que retenir de cette Déclaration de politique générale déclinée durant un peu plus de deux heures ?

« Engagée et volontariste », selon les uns, « simple chapelet d’intentions », selon les autres, le speech premier ministériel est avant tout la feuille de route, comme on le dit souvent, vers la réalisation du projet de société du président en exercice. Aussi, s’appuie-t-elle sur « trois piliers » :

- « la réforme des institutions, la modernisation de l’Administration pour plus de justice sociale, de démocratie, de liberté et de lutte contre les inégalités et la corruption » ;

- « la mise en place d’un model de développement centré sur le renforcement du capital humain » ;

- « la transformation structurelle de l’économie à travers la dynamisation des secteurs porteurs et le renforcement du rôle du secteur privé ». (Lire pages 3, 4).

Voilà donc les principales thérapies que nous propose le Premier ministre pour l’atteinte d’un « Burkina nouveau » qui doit naître de celui dont le tableau clinique est des moins reluisants et dont cet extrait de discours en dit long sur la mauvaise santé économique : « Le Burkina Faso présente des signes de fragilité avec une croissance trop faible pour éradiquer la pauvreté et réduire les inégalités ».

Mais c’est dans les faits que l’on mesurera l’efficacité de la médication du docteur Thiéba sur un corps social dont près de 40% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté ».

Toutefois, pour reprendre un de nos titres au lendemain de la nomination du PM, « Il faut donner crédit à ce banquier » (allusion faite à sa fonction antérieure), sans pour autant lui signer un chèque en blanc.

Si dans le fond c’est le wait and see donc, dans la forme il y a tant de choses à dire sur la prestation du chef du gouvernement devant la Représentation nationale.

On savait déjà que Paul Kaba Thiéba n’était pas un grand orateur. Peut-être par déformation professionnelle, les banquiers ayant la réputation d’être avares… en mots. Et avec ce premier test parlementaire, on a pu mesurer tout le travail à faire pour que Paul trouve son chemin de Damas dans le domaine de l’expression orale.

Tenez ! Alors que jusque-là on a eu affaires à des PM qui se sont tenus à leur discours de la première à la dernière ligne, celui-là a régulièrement quitté son texte, et même déserté le pupitre pour se lancer dans des commentaires improvisés. Donnant l’impression d’un universitaire devant ses étudiants. L’approche a l’avantage de rendre la communication encore plus vivante. Mais encore faut-il pouvoir le faire avec la dextérité qui sied. Alors que dans son grand oral, ponctué de nombreuses improvisations, le Premier ministre n’arrivait pas toujours à retomber sur ses deux pieds. Donnant la fâcheuse impression de pédaler dans la choucroute. Ce fut, à vrai dire, laborieux. Or, la force de persuasion passe aussi par un minimum de maîtrise dans l’art de la prise de parole.

Certes, pour la mission à lui confiée, le manque d’éloquence ne saurait être un vice rédhibitoire. Certes également, la magie du verbe ne suffit pas à faire bouger les choses. Mais quand on connaît le pouvoir de cette magie des mots sur les hommes, travailler sa prise de parole en public ne saurait être un effort superflu. Surtout pas pour un dirigeant, qui plus est, troisième personnalité de l’Etat et appelé à fédérer ses compatriotes autour d’un programme présidentiel.



La Rédaction


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