Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, Chef suprême des armées et ministre de la Défense nationale et des anciens combattants, a rencontré les hauts cadres de l’armée nationale, le 4 février 2016 à Ouagadougou. Première du genre, cette rencontre lui a permis de mieux découvrir « son armée », notamment ses conditions de travail. Ce fut aussi une occasion pour lui de s’imprégner du document de base d’élaboration du Plan stratégique 2017-2021.
Face aux menaces terroristes et au grand banditisme qui prend de l’ampleur au Burkina, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a rencontré la hiérarchie militaire le 4 février dernier. Conformément à son programme de société, il a souhaité « doter le Burkina Faso d’une armée rénovée ». « Dans le programme que j’ai élaboré, j’ai été très clair: nous avons besoin d’une armée républicaine, apolitique et opérationnelle dotée de moyens pour assurer la sécurité du territoire et des Burkinabè », a-t-il déclaré devant la presse, à l’issue d’un long entretien qu’il a eu avec les hauts cadres de l’armée et de son ministère. Première du genre, cette rencontre a permis au président Roch Marc Christian Kaboré de féliciter non seulement l’armée pour le travail qu’elle abat quotidiennement pour la sécurisation du pays, mais aussi de s’imprégner de ses préoccupations d’ordre matériel et organisationnel. En tant que Chef suprême des armées, il est revenu sur l’épineuse question de la réforme de l’armée déjà en cours. Sur ce volet, il a dit avoir donné des orientations allant dans le sens de la prise en compte des préoccupations de toutes les couches de l’armée. «Il était important que sur le plan de la réforme de l’armée, nous tenions compte des aspects inter-générationnels (NDLR : niveau de grade). Cela existe dans toutes les composantes de notre société », a-t-il fait savoir. Pour lui, des mesures ont été, certes, prises en vue d’améliorer les conditions de travail des militaires, notamment la prolongation des âges de la retraite, mais beaucoup reste encore à faire. Car, à son avis, il n’est pas plausible que plus de 70% du budget alloué à l’armée soit consacré aux paiements des salaires. « On ne peut pas travailler dans une situation où le plus gros moyen qu’on peut mettre à leur disposition (NDLR : Forces armées nationales) ne sert qu’à payer les salaires. Cela pose un certain nombre de difficultés. Il y a des réflexions à mener dans ce sens », a-t-il dit.
« Il faut que les vérités soient dites »
Les autres aspects sur lesquels a insisté le président du Faso portent sur la cohésion, la discipline et l’unité au sein des Forces armées nationales. « Il faut que les discussions dans les commissions soient franches afin de trouver les conditions les plus optimales pour notre armée. Il faut que les vérités soient dites et qu’ensemble, nous proposions des solutions qui puissent permettre à l’Etat de pouvoir les accompagner. Il était important que nous mettions une loi programmatique pour l’armée sur 5 ans. Cela va permettre de voir un peu les problèmes de matériels roulants, les problèmes de matériels militaires, etc. (...) Nos divergences, ça et là, doivent être mises sous le boisseau », a-t-il exhorté. S’agissant de la question de la sécurisation du pays, le Chef suprême des armées a expliqué que toutes les dispositions sont prises pour pouvoir faire face aux différentes attaques. « Nous ne dirons pas que nous sommes à 100% couverts, car cela n’existe pas en matière de sécurité, même dans les pays les plus développés. En collaboration, avec le Chef d’état-major général des armées, des instructions sont données quotidiennement aussi bien sur le plan de la sécurisation interne que sur la sécurisation des différentes frontières du pays », a-t-il fait savoir. Toutefois, il a demandé aux Forces armées nationales de rester vigilantes afin de mieux protéger la mère patrie. Saluant l’initiative du président du Faso, le Chef d’état-major général des armées, Pingrenoma Zagré, a reconnu que cette première prise de contact a permis à l’armée de rendre compte à son « supérieur hiérarchique » des travaux d’étape de la Commission chargée des réformes des Forces armées nationales. « Nous avons rendu compte des différentes préoccupations urgentes des Forces armées nationales en matière d’équipement pour leur permettre d’accomplir avec efficacité leur mission de lutte contre le terrorisme. Nous sommes encouragés par les perspectives du gouvernement qui répondent aux attentes des Forces armées nationales dans l’accomplissement de leurs missions », s’est-il ému. Selon ses explications, les urgences actuelles de l’armée portent sur le matériel. « Dans la lutte contre le terrorisme, il est important d’avoir un dispositif de renseignements efficace. En cela, il faut compter avec les partenariats stratégiques, les amis du Burkina (...), les pays qui participent à la formation de notre personnel. Ce partenariat stratégique va permettre au Burkina d’avoir un dispositif de renseignements plus efficace pour pouvoir anticiper sur l’action au lieu de réagir », a-t-il laissé entendre. S’agissant du dispositif, il a soutenu qu’il s’agit, pour l’armée, de concevoir une meilleure organisation des ressources humaines de l’armée, de parvenir à une formation qui tienne compte des défis du moment, d’acquérir des équipements et des matériels afin de faire face aux menaces terroristes.
Mamouda TANKOANO