On est encore loin de connaître la vérité, mais c’est une avancée majeure qui vient d’être faite. En effet, suite à la demande formulée en mai 2015 par le juge alors en charge du dossier, la Commission consultative de la Défense nationale s’est prononcée pour une reclassification de documents confidentiels relatifs à la mort à Kidal de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon, nos confrères de Radio France international.
Rappel des faits. Nous sommes le 2 novembre 2013 dans le foyer incandescent de la rébellion touareg au Mali. Le pays est en proie depuis 2012 à des attaques tous azimuts émanant à la fois de groupes terroristes salafistes et de séparatistes Touaregs qui, faute d’avoir conquis la capitale et le pays tout entier, avaient mis son septentrion sous coupe réglée. C’est dans ce contexte surchauffé que la journaliste et son technicien malgré un professionnalisme à toute épreuve ont vu le piège mortel se refermer sur eux. Ils ont été abattus à Kidal, dans le nord-est du Mali, peu de temps après avoir été enlevés par un petit groupe d'hommes armés. Les corps seront retrouvés par des militaires français. Al-Qaïda au Maghreb islamique revendiquera plus tard leur assassinat.
Depuis lors, les confrères, amis et parents des suppliciés n’ont pas cessé de réclamer vérité et justice. Et c’est en cela que l’ouverture de la boîte noire du renseignement militaire et de la DGSE peut être déterminante.
Cela dit, il faut se garder de tout enthousiasme débordant dans la mesure où l’on ne connaît pas le contenu des fameux documents jusque-là frappés du sceau du secret, pour ne pas dire de la raison d’Etat.
Ce n’est d’ailleurs qu’une partie de ces dossiers confidentiels qui va bientôt atterrir sur le bureau du juge d’instruction et non la totalité. Ce qui laisse penser qu’on ne saura pas tout et que ce ne sera peut-être que la partie émergée du sinistre iceberg, la vraie mine d’informations étant toujours tenue secrète. Mais c’est toujours ça de gagné dans un processus où par petites touches successives on finira bien par lever le voile sur les événements tragiques du 2 novembre 2013 dans le grand nord malien.
Pour Ghislaine et Claude, mais aussi pour tous les confrères et consœurs tombés la plume ou le micro à la main pour avoir juste voulu exercer leur métier : informer
Marie Ouédraogo