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Des «guerriers» tchadiens à Ouaga ?
Publié le vendredi 5 fevrier 2016  |  L`Observateur Paalga




Cher Wambi,

Petit à petit, l’équipe du président Roch Marc Christian Kaboré imprime ses marques dans le paysage institutionnel. Après l’investiture du candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) le 29 décembre 2015 au palais des Sports de Ouaga 2000, c’est au tour du Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, de prendre rendez-vous avec la nation toute entière. En effet, c’est ce soir vendredi 6 février que le chef du gouvernement se rendra à l’Assemblée nationale pour, ce qu’on appelle, sa Déclaration de politique générale. Un exercice républicain par lequel le Premier ministre engage la responsabilité de son gouvernement devant la Représentation nationale.

Au cours de ce grand oral, sans nul doute, très attendu par ses compatriotes, Paul Kaba Thiéba, en présence de toute son équipe, déclinera de manière solennelle aux élus les grands axes de son programme et les principales mesures qu’il entend mettre en œuvre. Un exposé qui a valeur d’examen de passage pour son auteur dont la prestation sera suivie d’un vote des députés.

Sache que cette sortie du PM intervient exactement trente jours après sa nomination. Et ce n’est pas du tout, loin s’en faut, un hasard de calendrier, mais plutôt un impératif constitutionnel.

C’est qu’en son article 63, la Loi fondamentale de notre pays stipule : « Dans les trente jours qui suivent sa nomination, le Premier ministre fait une Déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. Cette déclaration est suivie de débat et donne lieu à un vote. L’adoption de cette déclaration vaut investiture. Si la Déclaration de politique générale ne recueille pas la majorité absolue du nombre de députés composant l’Assemblée nationale, le président du Faso met fin aux fonctions du Premier ministre dans un délai de huit jours. Il nomme un nouveau Premier ministre conformément aux dispositions de l’article 46 ».

Voilà donc le sort de Paul Kaba Thiéba entre les mains de ceux qui sont appelés, entre autres, à contrôler l’action du gouvernement. Théoriquement parlant en tout cas. Car même si avec ses 55 sièges sur les 127 que compte l’auguste Assemblée, le MPP ne dispose donc pas de la majorité, par le jeu des alliances, il a pu s’en tailler une. Et comme on voit mal les « mouvanciers » scier la branche ministérielle sur laquelle ils sont assis, « Petit Paul », comme on l’appelait au lycée Newton, sortira grand de son premier face-à-face avec les élus.

Cher cousin, j’ai appris de mon confrère en ligne « Investigateur.net », cette information pour le moins invraisemblable. Selon ce site hébergé aux Etats-Unis, et qui cite une source diplomatique, le Burkina serait à la recherche de soldats aguerris pour assurer la sécurité de certaines personnalités politiques de premier plan ainsi que d’institutions stratégiques. Et c’est du côté du Tchad, avec lequel les négociations seraient déjà en cours, que viendront les éléments étrangers d’une nouvelle garde prétorienne qui ne dit pas son nom. C’est vrai que depuis les temps coloniaux, les soldats tchadiens ont toujours eu la réputation de courage face au feu. Mais pas plus que les militaires burkinabè connus eux-aussi pour leur intrépidité au combat.

Si l’affaire est confirmée, on se demande si nos autorités ont été bien inspirées en émettant cet avis d’appel d’offres internationale de protection rapprochée. Car ce serait faire injure à notre armée qui, quoi qu’on puisse en dire, fait honneur à tout le pays, en atteste sa présence sur plusieurs théâtres d’affrontements dans le cadre des missions onusiennes.



Cher Wambi, cela fait maintenant deux bonnes semaines que des éléments de l’ex-RSP ont tenté de prendre la poudrière de Yimdi pour faire leur marché en armes et munitions. Leur objectif final, si l’on croit la thèse officielle de la hiérarchie militaire, était d’aller libérer ceux des leurs détenus à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA). Parmi ces derniers, le général putschiste Gilbert Diendéré et son présumé complice Djibrill Yipènè Bassolet. Depuis quelques jours d’ailleurs, cher cousin, des informations persistantes font état de ce que les deux «étoilés» auraient été délocalisés. Vers où, je ne saurais le dire. Toujours est-il que les environs du camp de gendarmerie de Paspanga, où le niveau de sécurité est de nouveau visiblement relevé, sont encore barricadés. Comme du temps où les deux généraux y séjournaient après l’échec du coup d’Etat, en attendant qu’on leur aménage des suites royales à la MACA. Ce doit sans doute être pure coïncidence et de là à croire qu’ils y sont retournés, il y a un pas qu’il ne faut certainement pas franchir. D’ailleurs, cher Wambi, des sources proches de la Maréchaussée affirment que les deux prestigieux pensionnaires de la MACA y sont toujours.


Cher cousin, à présent, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.


- Certes au bout de quelques heures, les forces burkinabè, appuyées par celles françaises et américaines, ont pu mettre fin aux attaques terroristes du 15 janvier sur l’avenue Kwame- Nhrumah à Ouagadougou. Mais le Burkina Faso va traîner pendant longtemps les secousses de ces événements. En effet, les mesures sécuritaires vont coûter cher au budget de l’Etat mais pas seulement. Beaucoup de structures privées et mêmes des particuliers vont aussi casquer pour renforcer leur sécurité. Le marché de la sécurité privée a forcément le vent en poupe en ce moment.

L’onde de choc de ces attaques se fait durement ressentir également au niveau du tissu économique avec la rareté de la tenue de séminaires internationaux dont Ouagadougou semblait être la capitale. Un très grand manque à gagner pour les professionnels de l’artisanat, de la location de véhicules, de la restauration, de l’hôtellerie, etc.

A ce sujet, Air France a immédiatement réagi. Désormais, c’est bien à Lomé que son équipage profite de l’escale de repos. Une mauvaise nouvelle, car avant le 15-Janvier, c’était à Ouagadougou que pilotes et autres hôtesse d’Air France passait cette escale de repos. Un manque à gagner énorme pour l’hôtel Laïco Ouaga 2000 où ce personnel prenait ses quartiers.

Autre conséquence de cette décision subséquente des attaques terroristes, désormais, à partir de Ouagadougou, tout vol d’Air France en direction de Paris passe nécessairement par Lomé. L’aéroport de la capitale togolaise devient comme un hub pour les passagers embarquant au Burkina pour la France. Comme quoi les fous d’Allah n’ont pas seulement tué des personnes, mais ils ont également créé les conditions pour fortement gêner l’économie burkinabè.



- Dans la « Lettre pour Laye » du vendredi 29 janvier dernier, L’Observateur Paalga faisait état d’une rupture de vaccin BCG au niveau de plusieurs formations sanitaires du pays. Suite à cette annonce, la Rédaction a reçu de la Direction de la communication du ministère de la Santé la réaction suivante : « Dans la 2e quinzaine du mois de décembre 2015, certaines formations sanitaires ont enregistré des ruptures sporadiques de vaccin BCG. Cette rupture est liée à une pénurie internationale. Pour faire face à la situation, une commande d’urgence a été lancée par le ministère de la Santé avec l’appui des partenaires techniques et financiers. Le 31 janvier 2016, le ministère de la Santé a réceptionné 300 000 doses. Cette quantité couvre les besoins d’un trimestre mais une autre commande arrive en principe le 18 février 2016. Il faut signaler que les régions comme celles du Centre-Ouest, des Hauts-Bassins et des Cascades n’avaient pas connu de rupture du vaccin BCG ».



- Jean Baptiste Natama, ancien directeur de cabinet de la présidente de la Commission de l’Union africaine a été nommé vice-président du Conseil d’administration de l’Alliance mondiale des petites et moyennes entreprises, en charge de la région Afrique. Le candidat malheureux à l’élection présidentielle du 29 novembre dernier devient de ce fait le premier Africain à occuper ce rang au sein de cette organisation dont le siège se trouve au New Jersey aux Etats-Unis. Cette organisation non gouvernementale à but non lucratif compte plus d’une centaine d’organisations commerciales de référence dans les pays du G 20 et joue depuis 2012, un rôle consultatif auprès de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI).



- Les secousses qui ont touché la communauté musulmane du Burkina continuent de soulever des vagues. A l’origine : le congrès ordinaire tenu les 5, 6 et 7 juin 2015 à Fada N’gourma en l’absence d’une partie des représentants de la Oumma. Et comme il fallait s’y attendre, le bureau qui en est issu est loin d’avoir la baraka de tous d’où son procès en illégitimité. Si ceux qui ont boycotté le congrès de Fada peuvent être taxés de «frondeurs», le nouvel organe dirigeant né dans le Gulmu peine à obtenir le sceau de reconnaissance de l’Administration territoriale. Le hic, c’est qu’aucun des deux camps n’est prêt à mettre de l’eau dans son vin, astagfouroulah, dans son zoom-koom. Pourtant, il faut bien se résoudre à taire cette querelle de minaret qui porte préjudice à la cohésion de la Oumma burkinabè. Regardé en arbitre, que peut bien faire le ministère de tutelle sans courir le risque d’être accusé de parti pris ?



- Tu l’as sans doute appris, Sa Majesté Naaba Saaga, roi de Tenkodogo et Dima de Zoungratenga s’est endormi à Bangkok le vendredi 29 janvier 2016 dans sa 56e année. Je n’ai pas besoin de te dire que c’est un grand personnage dans l’empire moaaga à côté du Moro Naaba (Ouagadougou), du Dima de Boussouma et du roi de Yatenga. Depuis l’émotion ressentie à l’annonce de sa disparition, son palais ne désemplit pas chaque jour qui passe. On a les regards tournés à chaque fois sur tous les véhicules qui passent dans les alentours. C’est encore dire l’importance de l’événement. Pour toutes ces raisons, l’information circule difficilement sur l’arrivée du corps royal et les obsèques. C’est un voile de mystère, mais il me revient que la dépouille mortelle arrivera probablement ce week-end du pays du Sourire. En attendant, les activités, qui étaient au ralenti depuis cette date noire du 29 janvier, commencent à reprendre.



Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."



Ainsi va la vie.

Au revoir.



Ton cousin

Passek Taalé
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