L’Association d’aide à la santé préventive (KIMI) en collaboration avec l’Association des femmes atteintes et affectés par le cancer (AFAAC), a organisé une marche à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le cancer, le jeudi 4 février 2016, à Ouagadougou.
A l’instar de plusieurs pays du monde entier, le Burkina Faso a commémoré la Journée mondiale de lutte contre le cancer, le 4 février 2016. La célébration a été placée sous le thème : « Nous pouvons, je peux ». Ainsi, à l’appel de l’Association d’aide à la santé préventive (KIMI) en collaboration avec l’Association des femmes atteintes et affectées par le cancer (AFAAC), les populations en majorité des femmes, sont sorties nombreuses pour dire non aux cancers. Ce, à travers une marche qui a débuté en face du ministère en charge du commerce jusqu’à la place de la Révolution de Ouagadougou. Les marcheurs avaient des banderoles et des pancartes sur lesquelles, l’on pouvait lire : « Je me dépiste pour éviter le cancer du col de l’utérus » ou encore « la palpation du sein est un geste simple qui sauve ». Au cours du meeting à la place de la Révolution, beaucoup de messages ont été dits pour recommander le dépistage précoce des cancers et faire des plaidoyers auprès des autorités gouvernementales. Pour la présidente de l’AFAAC, Rosalie Ziba, être malade du cancer n’est pas une mince affaire. Cela exige des examens qui se trouvent être très coûteux et parfois inaccessibles pour la plupart des malades de son association. Outre cet aspect, Mme Ziba a dénoncé les longues files d’attente lors des rendez-vous avec les médecins, l’inexistence de la prise en charge psychologique, de la radiothérapie et le manque de concertation entre médecins et malades. « Le parcours thérapeutique est parsemé de nombreuses difficultés liées au faible nombre de médecins, au manque de moyens financiers des patients et au financement insuffisant des évacuations sanitaires par le ministère de la Santé », a relevé Rosalie Ziba. Dans ces conditions, la mort reste inévitable pour bon nombre de malades atteints de cancer. « Unies, nous pouvons vaincre le cancer », a-t-elle lancé.
10.000 nouveaux cas attendus par an au Burkina Faso
Selon la présidente de KIMI, Sika Kaboré, épouse du chef de l’Etat, l’objectif de cette marche est de faire prendre conscience de l’utilité du dépistage. Se fondant sur les statistiques du ministère de la Santé, elle a confié que les cancers ont occasionné environ 84 millions de décès entre 2004 et 2015. En 2013, a-t-elle poursuivi, les cancers (surtout le cancer du col de l’utérus et le cancer du sein) étaient les premières causes des évacuations à l’extérieur. Pire, elle a déclaré que les chercheurs ont prévu 10.000 nouveaux cas de cancer par an au Burkina Faso. C’est pourquoi, dans son document de plaidoyer remis au ministre de la Santé, Dr Smaïla Ouédraogo, Mme Kaboré a recommandé la mise en œuvre effective du plan stratégique de lutte contre le cancer, adopté depuis 2013 et qui n’a toujours pas de coordonnateur, l’inscription de la problématique du cancer dans tous les programmes de développement du gouvernement. En plus, la présidente de KIMI a souhaité l’organisation d’une campagne annuelle de diagnostic des cancers et surtout la subvention des prix des médicaments pour la prise en charge du cancer. Elle a également demandé l’introduction de la vaccination contre le cancer du col de l’utérus dans les politiques de santé et l’appui à la mise en place de l’assurance maladie. Dans la même dynamique, la présidente de l’AFAAC, Rosalie Ziba, a présenté quelques doléances aux agents de santé, le Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO) et le gouvernement. Au premier niveau, elle a sollicité plus de disponibilité pour les malades et un meilleur accueil des patients déjà fragilisés. Au CHU-YO, l’AFAAC demande l’amélioration du cadre de travail des médecins et des salles d’hospitalisation. A l’endroit du gouvernement, Rosalie Ziba veut l’augmentation du financement des évacuations à l’extérieur et la subvention des activités des associations œuvrant dans la lutte contre le cancer. « Nous prenons la mesure de la situation au niveau du gouvernement », a assuré Dr Smaïla Ouédraogo. Il a promis que l’exécutif mettra tout en œuvre pour juguler les cancers au Burkina Faso. Insistant sur la nécessité de prendre des mesures idoines pour prévenir le mal, le gynécologue obstétricien, Pr Charlemagne Ouédraogo, a mis en garde contre la prise de poids, le mauvais régime alimentaire, le manque d’activités physiques, le tabagisme… « Le dépistage est ainsi primordial », a souligné Pr Ouédraogo.
En 2012, Globocan a estimé à 14,1 millions, le nombre de nouveaux cas de cancer et à 8,2 millions, le nombre de décès liés au cancer chaque année. Le cancer est ainsi la première cause de mortalité dans le monde. Les projections laissent apparaître que le nombre de nouveaux cas annuels de cancer atteindra 15 millions d’ici à 2020 dont 70% dans les pays en développement et plus d’un million dans la région africaine.
Gaspard BAYALA
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