Le nouveau gouvernement du Burkina Faso, l'un des pays les plus corrompus au monde, a adopté mercredi un projet de loi créant des juridictions spécialisées dans la répression des infractions économiques et financières.
"Le Conseil (des ministres) a examiné un projet de loi portant création, composition, organisation et fonctionnement des pôles judiciaires spécialisés dans la répression des infractions économiques et financières", selon un communiqué à l'issue du conseil des ministres.
Il s'agit d'une des premières mesures fortes du gouvernement depuis l'investiture du président Roch Marc Christian Kaboré fin décembre et l'installation du gouvernement mi-janvier. Elle est aussi très symbolique dans ce pays pauvre où la corruption, la gabegie, le détournement de deniers publics étaient constamment dénoncés sous le régime du président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir fin octobre 2014 par la rue après 27 ans de règne.
Le dernier rapport de l'organisation Transparency internationale classe le Burkina Faso parmi les pays les plus corrompus du monde.
Le président Kaboré, un ancien baron du régime Compaoré, élu fin novembre lors d'une élection présidentielle jugée transparente par la communauté internationale avait annoncé sa volonté de lutter contre les détournements de deniers publics et autres malversations financières.
Dans un rapport remis mi-janvier à M. Kaboré, l'Autorité supérieure de contrôle d'Etat et de lutte contre la corruption (publique) a dénoncé "l'impunité ambiante qui préside aux agissements des corrupteurs et des corrompus" dans l'administration publique burkinabè.
Le rapport a révélé que plus de 821 millions de francs CFA (1,2 millions d'euros) ont disparu des fonds publics en 2014.
Le Burkina Faso avait adopté en mars sous la Transition d'un an après la chute du régime Compaoré, une ambitieuse loi anti-corruption. Mais les organisations de lutte anti-corruption ont dénoncé le manque de textes d'application et l'incapacité ou le manque de volonté des services publics chargés de la répression de la délinquance financière.
Les députés du parlement intérimaire du Burkina mis en place après la chute de Compaoré ont voté le 16 juillet une mise en accusation de neuf anciens ministres de Compaoré pour "détournements de deniers publics" et "enrichissements illicites". Quatre de ces ministres sont actuellement incarcérés en attente de leur jugement devant la Haute cour de justice, chargée de juger les ministres pour les actes commis dans l'exercice de leurs fonctions.