Avec comme objectif principal au départ d’atteindre 25% de prévalence contraceptive moderne en 2015, le plan national de relance de la planification familiale (2013-2015), au terme de son exécution a permis d’enregistrer des résultats satisfaisants à en croire des acteurs de sa mise en œuvre.
Dans sa quête d’une meilleure utilisation des services de Planification familiale (PF), le Burkina Faso avance. Les indicateurs en matière de repositionnement de la PF dans le pays sont encourageants. C’est ce qui ressort du bilan à chaud, de la mise en œuvre du plan de relance de la PF initié en 2013 et qui est arrivé à échéance à la fin de l’année 2015. L’objectif national fixé à travers le programme a été d’accroître le taux de prévalence contraceptive pour atteindre 25% en 2015 contre 15% en 2010. Pour y parvenir, le recrutement de 332 000 nouvelles utilisatrices des méthodes contraceptives était nécessaire. Dans le même temps, le plan devait permettre de relever quatre autres défis « majeurs » pour une meilleure accessibilité à l’information et à des services de PF de qualité. Il s’agissait notamment des activités de création de la demande, d’amélioration aussi bien de l’offre des méthodes contraceptives en rendant disponibles les produits, que de l’accès aux services de PF. Enfin la collecte de l’information pour mesurer les progrès réalisés. Sur tous ces tableaux, les acteurs s’accordent à reconnaître, sous réserve de l’évaluation finale, des avancées certaines. « Actuellement, sur la base des informations collectées en routine dans notre système d’information sanitaire, nous avons une idée des résultats. Ainsi, selon l’annuaire statistique 2014, nous avons pu recruter 579396 nouvelles utilisatrices. Si nous devrions nous contenter de ces informations, nous pouvons dire que notre objectif est atteint », a confié la directrice de la santé de la famille, Dr. Isabelle Bicaba. Et de souligner que ces acquis ont été rendus possibles grâce aux efforts conjugués du ministère de la Santé et des organisations de la société civile. En effet, a-t-elle expliqué, sa direction est depuis 2009 dans un processus de contractualisation avec des associations à qui il a été confié des activités de sensibilisation de la population. « Il y a aussi des associations qui ne sont pas dans la contractualisation mais qui œuvrent beaucoup au sein des communautés pour les informer des bienfaits de la PF, l’accès à ses services, etc. », a précisé Dr. Bicaba. Au titre de ces organisations dont le concours a permis d’atteindre les objectifs figurent entre autres l’Association burkinabè pour le bien-être familiale (ABBEF). Aux dires de son directeur exécutif Boureihiman Ouédraogo, l’ABBEF, grâce à ses quatre centres d’écoute pour jeunes, ses deux cliniques fixes et mobiles ont pu accompagner le ministère de la Santé dans l’offre de services de PF. L’ABBEF a ainsi recruté à la date de septembre 2015, plus de 80 000 nouvelles utilisatrices, offert plus de 2,2 millions de Services de santé sexuelle et de la reproduction (SSR) au profit de plus d’un million de client(e) s. L’association dispose également selon son Directeur exécutif, d’un réseau de pairs éducateurs et de leaders communautaires qui interviennent dans les secteurs et les établissements scolaires. Ceux-ci mènent des activités de sensibilisation, d’animation et de référence vers les centres de santé.
De son côté, l’ONG Marie Stopes international (MSI), spécialisée dans la prestation de services de PF selon son représentant-résident, Georges Coulibaly, a recruté à travers la stratégie mobile pour laquelle MSI est pionnière, environ 75 000 nouvelles utilisatrices à la date de novembre 2015.
Des stratégies pour accroître l’accès à la PF
Pour ce qui est de l’offre, plus précisément de l’élargissement de la gamme des produits contraceptifs, deux nouveaux produits ont été introduits depuis 2013 en plus de ceux existants, a fait savoir la directrice de la santé de la famille. Ce sont Sayana press qui est un injectable et l’implanon qui est un implant. Par ailleurs, elle a indiqué que 92,5% des points de prestation des services ont pu avoir au moins un agent formé en PF et 96,8% de ces points offrent au moins trois méthodes contraceptives. Les coûts des produits contraceptifs ont également été réduits et certains, subventionnés à hauteur de 97%. « Pour les comprimés vous les avez, pour un mois à partir de 50 FCFA. L’implanon et le jadelle par exemple qui vous couvrent pour cinq ans et qui coutent normalement plus de 10 000 FCFA se retrouvent actuellement dans nos formations sanitaires au prix de 500 FCFA », a-t-elle insisté. La contractualisation, a renchéri le coordonnateur national du Conseil burkinabè des organisations de développement communautaire (BURCASO), Ousmane Ouédraogo, a permis à des ONG de couvrir plus de 8000 villages avec plus de 4724 agents de santé à base communautaire formés, et utilisés pour les activités de distribution à base communautaire des produits contraceptifs non prescriptibles ( pilules et condoms). Un autre motif de satisfaction pour les organisations de la société civile regroupées au sein du Groupe technique santé de la reproduction qui est en lien avec l’amélioration de l’accès aux services de PF est l’autorisation par le ministère de la Santé de la phase pilote de la délégation des tâches. « Nous sommes en phase de pouvoir commencer cette expérience sur un financement que MSI a pu mobiliser à cet effet et qui s’élève à environ un milliard de FCFA. Ceci va permettre aussi bien aux accoucheuses auxiliaires qu’à celles brevetées ainsi que les agents itinérants de santé de prester des méthodes de longue durée ce que les protocoles actuels en matière de santé de la reproduction ne permettent pas », a fait savoir le représentant-résident de MSI.
En guise de perspectives pour la prochaine phase, les acteurs sont unanimes sur la nécessité de renforcer ces acquis pour aller vers une « véritable » révolution contraceptive. Des stratégies novatrices sont préconisées pour mieux impliquer les hommes mais surtout toucher la frange jeune de la population. Marie stopes international envisage dans ce dernier cas, d’étendre à leur endroit sa nouvelle stratégie mobile dénommée « MS Ladies ». Elle consiste à mettre en place des équipes de sages-femmes équipées de motocycles pour un rayon d’action de 50 km et du matériel complet d’insertion et de retrait de méthodes longues durées tout comme celles de courte durée. L’organisation prévoit aussi l’ouverture d’une mini clinique spécifiquement dédiée aux jeunes à Ouagadougou et l’établissement d’un centre d’appel gratuit courant 2016 pour l’accès aux informations sur la PF.
Pour l’ABBEF, le renforcement des activités de création de la demande par son réseau de pairs éducateurs, le renforcement de la franchise sociale avec des structures de santé publiques et surtout privées sont des stratégies qui vont permettre d’accroître l’accès des populations en générale et des jeunes en particulier au service de PF.
Voro KORAHIRE