ADDIS-ABEBA - Le 26e sommet de l'Union africaine qui s'est achevé dimanche à Addis-Abeba après deux jours de discussions entre une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement a été un succès, a jugé dans une interview exclusive à Xinhua le nouveau président burkinabè Roch Marc Kaboré, mais avec un bémol sur l'atteinte des objectifs fixés par cette organisation continentale.
"Je dirais que le bilan est très positif. C'est vrai qu'on a perdu beaucoup de temps dans des discussions qu'on aurait pu synthétiser. Les questions essentielles ont été les questions de paix en Afrique.
Parce que vous savez que l'une des décisions de l'Union africaine est qu'à partir de 2020 cesse la résolution des questions politiques par les armes en Afrique. On est encore loin du compte", a-t-il dit.
Question : Monsieur le président, quel bilan dressez-vous du 26e sommet de l'Union africaine qui vous accueillait en son sein après votre élection comme nouveau président du Burkina Faso ?
Réponse : Je dirais que le bilan est très positif. C'est vrai qu'on a perdu beaucoup de temps dans des discussions qu'on aurait pu synthétiser. Les questions essentielles ont été les questions de paix en Afrique. Parce que vous savez que l'une des décisions de l'Union africaine est qu'à partir de 2020 cesse la résolution des questions politiques par les armes en Afrique. On est encore loin du compte. Et c'est pour cela que nous avons recommandé que le dialogue soit institué, que ce soit pour le Burundi, que ce soit également pour le Soudan du Sud, afin d'amener les frères à se parler et à trouver des solutions internes. L'Union africaine se mettant à leur disposition pour faciliter ce dialogue.
Q : Avec la décision d'envoyer un panel de haut niveau à Bujumbura, est-ce que vous pensez qu'on avance véritablement vers une résolution de la crise burundaise ?
R : On voulait envoyer plus qu'un panel là-bas. Après la délégation de haut niveau, on avait souhaité envoyer des troupes, pour permettre effectivement de gérer et de normaliser la situation. Mais le Burundi n'est pas d'accord pour ça. C'est pour dire donc que nous allons envoyer la délégation de haut niveau pour favoriser le dialogue entre les parties et permettre de faire en sorte que le Burundi retrouve la voie de la paix et que cessent donc les violences que nous avons là-bas en ce moment.
Q : Vous avez vous-même parlé de la lutte contre le terrorisme comme étant l'un des sujets de discussions lors de ce sommet et votre entrée en fonction a coïncidé avec des attaques terroristes à Ouagadougou. Est-ce que vous avez été surpris par ces attaques ?
R : Nous avons été surpris, parce que Ouagadougou a toujours été une ville pacifique. On n'a jamais eu affaire à un acte terroriste. C'est vrai que depuis le 15 janvier nous devons intégrer ça dans notre quotidien, mais ça été également une discussion importante au cours de ce sommet où l'engagement a été pris de revoir le cadre juridique de la lutte contre le terrorisme d'une part, mais également de mutualiser tous les moyens, aussi bien d'information, aussi bien militaires pour lutter donc contre ce nouveau phénomène qui se développe dans nos différents pays. Mais tout cela aussi, il faut travailler à créer les conditions d'un développement de l'Afrique. Parce que ce n'est que par ce moyen que nous allons permettre à nos jeunes d'être occupés et à trouver du travail, au lieu de se laisser attirer par les terroristes dans nos différents pays.
Q : Concrètement, quelles sont les mesures que votre gouvernement a prises pour lutter contre ce phénomène. L'armée burkinabè est-elle suffisamment équipée pour mener ce combat ?
R : Nous travaillons à cela. Nous prenons déjà des mesures de sécurité indispensables et nous allons travailler à renforcer la formation de nos équipes et également à faire en sorte que nous ayons des moyens d'assurer cette nouvelle mission que nous devons assumer, si nous voulons que nos populations vivent en paix dans un pays souverain.