Les étudiants et les stagiaires de l’Ecole normale supérieure et de l’Université de Koudougou (ENS/UK) étaient dans les rues le vendredi 29 janvier 2016 pour exprimer leur ras-le-bol face au blocage des activités académiques au sein de l’université. Blocage dû, on se rappelle, à la grève des enseignants de ladite université. C’est au haut-commissariat qu’ils sont allés crier leur courroux et remettre leur déclaration.
Ils ont fini par mettre leur menace à exécution. On le sait, l’université vit une crise depuis la grève des professeurs qui paralyse toutes les activités académiques. Après les rencontres des délégués des étudiants et des stagiaires avec Georges Sawadogo, président de l’université, après les différents sit-in devant la présidence de l’institution, pour exiger la reprise immédiate des cours, les mécontents ont décidé de changer d’interlocuteur.
Si la marche s’est déroulée sans incident, disons qu’on a craint tout de même que les choses ne dégénèrent, tant la détermination et la colère se lisaient sur les visages et dans le comportement de certains marcheurs. Illustration devant le haut-commissariat, où les manifestants ont quelque peu bousculé les autorités qui venaient recevoir la déclaration.
D’autres manifestants ont tenté sans succès d’empêcher leurs camarades de rentrer en fermant les portes de la représentation provinciale. Après ce cafouillage de quelques minutes, les mécontents ont lu et remis leur déclaration au président de la délégation spéciale de Koudougou, Laurent Kontogom, qui les a reçus en lieu et place du haut-commissaire.
Dans leur déclaration, les marcheurs ont décrié l’insuffisance et la qualité des infrastructures à l’université. Idem au plan social et académique où les mécontents soutiennent que 7 900 plats sont servis au déjeuner et au diner pour une population estudiantine et d’élèves stagiaires estimée à environ 17 000 âmes.
‘’Les cités universitaires manquent d’entretien et ont une faible capacité d’accueil laissant la majorité des étudiants aux mains des bailleurs véreux. Le manque criard d’enseignants aussi bien en nombre qu’en qualification, fait que l’université de Koudougou talonne celle du Pr Joseph Ki-Zerbo en termes de retard’’, affirment les marcheurs.
Quant à l’Ecole normale supérieure, ils estiment que les stagiaires vivent une situation atypique et lamentable. Selon eux, depuis les inscriptions pédagogiques ces derniers ne savent plus à quel saint se vouer.
‘’Les autorités se sont désengagées de l’enseignant supérieur’’
‘’Notre formation est bâclée à travers les photocopies de cours, la réduction des volumes horaires et le manque de conscience pédagogique de certains enseignants’’, regrettent les protestataires. C’est à ce chapelet de problèmes qu’est venue s’ajouter la lutte des enseignants qui a débuté le mois de décembre dernier.
Pour ces manifestants, c’est un fait qui témoigne du désengagement des autorités gouvernementales et leurs relais locaux de l’éducation en général, et de l’enseignement supérieur en particulier. ‘’Notre patience arrive à son terme. Nous exigeons la reprise des cours dans les prochains jours. Nous ne saurons tolérer aucun laxisme dans le traitement de notre plateforme. C’est pourquoi nous attendons de vous des propositions concrètes, dans le sens de la reprise de l’ensemble des activités académiques. Nous attendons ces propositions que nous communiquerons à l’ensemble des camarades à l’assemblée générale extraordinaire du mardi 03 février’’, ont prévenu les étudiants et les stagiaires.
Ils ont terminé en disant qu’ils déclinent toute responsabilité face à tout débordement qui viendrait par la suite à être causé. Ils disent que c’est plutôt les autorités qui en seront tenues pour seules responsables.
Cyrille Zoma