Cette déclaration du Syndicat des médecins du Burkina (SYMEB), est relative aux attaques terroristes subies par le Burkina Faso le 26 janvier 2016.
« Notre chère patrie a récemment été confrontée à une série d’attentats à Tin Abao et Ouagadougou qui ont fait de nombreuses victimes. Nos premières pensées vont aux familles de ceux qui ont perdu la vie dans ces circonstances tragiques, à qui nous présentons les condoléances de l’ensemble du corps sanitaire et particulièrement du corps médical du Burkina Faso.
Elles vont également à tous les blessés, hospitalisés ou non, à qui nous souhaitons un prompt rétablissement, ainsi qu’à tous ceux qui ont subi des dommages du fait de ces actes de barbarie. Nous avons une pensée particulière pour tous les otages du terrorisme, notamment notre confrère le Dr Elliott et son épouse à qui nous affirmons notre soutien et dont nous réclamons la libération.
Dans la même logique déstabilisatrice, les forces du mal rétrogrades poussent le cynisme au plus haut niveau en adoptant une stratégie de la terre brulée et en s’attaquant à des objectifs militaires. Cette volonté d’installer une psychose et d’annihiler les efforts économiques de notre peuple nécessaires pour sa prise en charge sanitaire est vouée à l’échec. Le SYMEB appelle le peuple Burkinabé à l’unité sacrée en constituant des comités de veille et de préservation des acquis démocratiques de notre pays.
Nous saluons le courage du peuple Burkinabè qui reste debout malgré les embûches qu’il rencontre sur le chemin de la liberté chèrement conquise. Nos encouragements vont particulièrement :
– A l’ensemble des forces de défense et de sécurité dont la réaction a sans nul doute permis d’épargner de nombreuses vies humaines, au prix des leurs parfois, et de mettre fin à l’action terroriste en cours.
– A l’ensemble des secours qui ont fait preuve de promptitude et d’humanisme, en particulier les sapeurs-pompiers, dont l’action a permis d’extraire et de transporter les blessés dans les structures sanitaires de la ville de Ouagadougou.
– A l’ensemble des acteurs du système de santé, public comme privé, qui, malgré le dénuement et le désarroi face à de tels actes, n’ont ménagé aucun effort pour prendre en charge les blessés et accueillir les corps dans les morgues.
Ces actes de barbarie, d’une violence exceptionnelle dans notre pays, que nous condamnons fermement, appellent à l’union sacrée de l’ensemble des acteurs de la vie publique, pour faire barrage au terrorisme sur le sol burkinabè.
Celle-ci devra, en tirant les leçons des évènements passés, permettre à l’ensemble des acteurs, non seulement de contribuer à la sécurisation des sites vulnérables, mais surtout d’être préparés à réagir de la meilleure manière qui puisse être pour faire face.
C’est pourquoi nous appelons le nouveau gouvernement à continuer davantage la prise de toutes les mesures nécessaires et idoines pour le renforcement de la sécurité de l’ensemble des citoyens vivant sur le sol burkinabè, notamment en assurant une formation adéquate et régulière à la lutte anti-terroriste ainsi qu’un équipement conséquent et performant à nos forces de défense et de sécurité.
Sur le plan sanitaire, cette nouvelle donne nationale interpelle les autorités sanitaires à l’impérieux recentrage de l’argent du contribuable sur les structures de soins. Il convient de doter chaque région d’un CHU pour une réactivité prompte à fournir un paquet de soins aux éventuelles catastrophes.
Dans l’optique de rendre viable des structures de soins, le SYMEB appelle à une révision profonde de la politique de santé, notamment en donnant toute la place qui sied aux soins de santé des populations, qui ont longtemps été marginalisés au profil des actions de prévention Cela à travers une réforme hospitalière conséquente. Chaque commune du Burkina a droit à un hôpital de commune viable pour la prise en charge efficace et réactive des populations.
Des entités déconcentrées au niveau des 45 provinces devraient coordonner la politique de santé et mettre en œuvre les politiques de santé publique, pour laisser les hôpitaux de communes se concentrer sur la prise en charge des populations. Dans un contexte sécuritaire nécessitant un réaménagement budgétaire le SYMEB appel à la réduction des activités à per diem (séminaires, ateliers, formations, supervisions, contrôles, renforcement de capacités, voyage d’études, ouverture d’activités, comité d’organisations, comité de travail). Le contexte actuel nous oblige à réduire ses activités et à les consacrer au maximum à 1/5 des budgets.
Cela, nous permettra de mieux équiper et viabiliser les hôpitaux au profit des populations et éviter le nomadisme des malades d’hôpital en hôpital. Il est clair que le per diem constitue un élément de résilience économique pour les agents de santé dont la précarité du statut n’est pas à éluder à moyen et à long terme après la résolution de l’urgence sécuritaire, dans le cadre d’une fonction publique hospitalière. C’est le lieu d’appeler les partenaires qui veulent intervenir à la base d’orienter leurs appuis vers la consolidation des hôpitaux des communes des régions et au niveau national.
Le Syndicat des Médecins du Burkina, dans sa vision du syndicalisme contributif, et pour garantir davantage la bonne gestion d’éventuelles catastrophes, propose :
– La mise en place effective de plans de réactions à des catastrophes (plan orsec, plan blanc, plan rouge) impliquant l’ensemble des acteurs avec des tests sur le terrain.
– L’équipement et la formation des sapeurs-pompiers des différentes casernes du pays.
– La mise en place d’un système pré-hospitalier (communément appelé SAMU, Service d’Aide Médicale d’Urgence) qui par sa composante mobile (SMUR = Service Mobile d’Urgence et de Réanimation) permet de commencer la prise en charge des personnes gravement atteintes sur place afin de leur donner toutes les chances d’arriver à l’hôpital.
– La réorganisation des services d’urgence hospitaliers afin de mettre le patient au centre des préoccupations des professionnels de santé.
– La réhabilitation et l’équipement des services d’urgence et de réanimation des hôpitaux nationaux et régionaux qui sont, après les sapeurs et le SAMU, les services sollicités pour la prise en charge en situation de catastrophe (attentats, épidémies, catastrophes naturelles).
– La formation des personnels de santé à une gestion efficace des situations de catastrophe.
– La formation de médecins urgentistes avec valorisation de leur formation afin de rendre plus opérationnels le SAMU et les services d’urgences.
– La capitalisation des agents communautaires de santé chargés de la prévention des maladies dans les villages pour détecter et prévenir les extrémismes au sein des communautés.
– La création de passerelles de collaboration entre les agents communautaires de santé et la police de proximité dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Vive le Burkina Faso
Vive le SYMEB
Soyons des médecins dignes et intègres ! »