Au lendemain de l’attaque de la poudrière de Yimdi, située à la sortie ouest de Ouagadougou, une équipe de Sidwaya est allée à la rencontre de quelques riverains, le samedi 23 janvier 2016. Dans la peur le renforcement du dispositif sécuritaire est leur principale préoccupation.
Il est 3 heures du matin, le vendredi 22 janvier 2016 à Yimdi. Seydou Kaboré est brusquement tiré de son sommeil par des tirs de kalachnikovs, obus, mitraillettes... Affolé, apeuré, il ne sait pas à quel saint se vouer. Il se demande ce qui se passe encore au « pays des Hommes intègres ». « L’ampleur des tirs étaient telle que, nous nous sommes réveillés dans la maison. Comme, c’est une affaire militaire, nous avons préféré attendre le matin pour mieux comprendre la situation », relate le jeune commerçant, les yeux rivés vers le camp, situé à quelques mètres de sa concession. Terré jusqu’au petit matin (6heures) dans sa concession, dit-il, il a pu constater les « balles rouges » qui déchiraient la nuit trois heures durant. Robert Kaboré a, lui aussi, été tiré de son sommeil par les fortes détonations d’armes lourdes. « J’ai eu très peur lorsque j’ai su que ces tirs provenaient du camp situé juste à côté de ma concession», lance-t-il. Pour minimiser les risques de succomber dans cet affrontement, dont il ignore totalement les causes, affirme-t-il, il a préféré ne pas prendre la poudre d’escampette. « J’ai vraiment eu peur. Au risque de fuir et de croiser le malheur d’être atteint par une balle, je suis resté chez moi. C’est au lever du jour que j’ai appris que le camp a été ciblé par des assaillants », affirme Robert Kaboré. Bertrand Ouédraogo a une autre version des faits. Il déplore la dégradation de la situation sécuritaire avant de confier : « Je dormais vers 3 heures du matin. J’ai entendu des tirs. Pour moi, j’étais en train de rêver ». A l’entendre, les tirs de rafales et les détonations à répétition l’ont fait comprendre que c’est une attaque de l’armurerie de Yimdi. Il se rendra vite à l’évidence. Terrés chez eux, insiste-t-il, les habitants de la zone ne verront pas plus. « Dieu merci que les combats n’ont pas été délocalisés jusqu’aux alentours de nos maisons », se réjouit-il.
Protéger la population
La situation sous contrôle, les forces de défense et de sécurité ont immédiatement investi la localité pour sécuriser les biens et les personnes. « On les voyait même postés partout dans la brousse avec des armes », soutient Bertrand Ouédraogo. Aux environs de 3h00 (locales et GMT), une tentative d’incursion n’ayant fait aucune victime a eu lieu au niveau du magasin d’armement de Yimdi, à 20 km à l’ouest de Ouagadougou, selon un communiqué du ministère de défense nationale et des anciens combattants. Dans ce communiqué, on peut lire : « les auteurs de cette tentative ont été identifiés comme des éléments récalcitrants de l’ex-RSP ». Qu’à cela ne tienne, les populations des villages environnants ont dit craindre pour leur sécurité. « Il faut que des mesures soient prises pour qu’une telle situation n’arrive plus. Il faut que la sécurité soit renforcée dans le pays avec tous les incendies, les attaques terroristes…que nous vivons ces derniers jours », propose M. Ouédraogo. Les patrouilles se poursuivent sur la route nationale n°1 pour débusquer d’éventuels assaillants. Une barricade a été dressée à quelques mètres de l’entrée principale de la poudrière. Les véhicules de transport, bagages, voyageurs…sont passés au peigne fin. Au poste de péage, les commerçants et les voyageurs circulent « normalement ». La vie semble avoir repris son cours normal.
Abdel Aziz NABALOUM
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