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Attaques terroristes à Ouagadougou : témoignages des employés de Cappuccino
Publié le mercredi 20 janvier 2016  |  Le Quotidien
Attaques
© aOuaga.com par G.S
Attaques terroristes : l`avenue Kwame N`Krumah, le jour d`après
Samedi 16 janvier 2016. Ouagadougou. Au lendemain des attaques terroristes contre Splendid hôtel et le café-restaurant Cappuccino, une bonne portion de l`Avenue Kwame N`Krumah est quadrillée.par des forces de défense et de sécurité et la plupart des commerces est fermée




Des employés du café Cappuccino ont vécu l’horrible attaque terroriste. Nous avons rencontré quelques uns qui ont raconté l’effroyable expérience qu’ils ont vécue dans la nuit du 15 janvier 2016. Un d’entre eux, le caissier est mort. 3 membres de la famille du patron sont passés aussi de vie à trépas. Le propriétaire du café était hors du pays lors du triste événement.

Modeste Bationo, pâtissier à Cappuccino
« Que tous ceux qui ont survécu puissent se ressaisir et reprendre une nouvelle vie »

C’est un événement inoubliable que j’ai vécu. J’ai véritablement eu peur. Nous prions Dieu pour que tout rentre dans l’ordre. Comment allons-nous nous en sortir aujourd’hui ? Je suis monté au service à 12h. Comme d’habitude, j’étais en train de faire des gâteaux. Vers 19h 40, j’ai entendu des coups de feu. J’ai voulu comprendre. On m’a fait savoir qu’il y a une attaque terroriste. J’ai essayé de m’échapper avec des collègues. Nous avons trouvé un petit coin pour nous cacher. Nous avons passé toute la nuit dans les tirs. C’est un véritable cauchemar que nous avons vécu. Nous avons vu l’un des terroristes en haut de Splendid hôtel qui tirait. Personne n’osait s’approcher même pas les forces de l’ordre. Les terroristes étaient lourdement armés. A l’heure actuelle, nous sommes toujours sous le choc. Dieu merci nous sommes vivants. Mais nous ne savons pas ce que demain sera. Notre souci est que tous ceux qui ont survécu puissent se ressaisir et reprendre une nouvelle vie pour aller de l’avant.

Mohamed Sawadogo, caissier à Cappuccino
« Le coup de feu a été tiré à 2m de moi puisque j’étais à la caisse »

Les vendredis, je monte à 13h. A 14h, il n’y avait pas assez de clients. Généralement, le restaurant marche à partir de 21h-22h. Mais le 15 janvier, à 19h30 il y avait déjà de la clientèle. Le deuxième caissier est venu à 17h pour me prêter main forte. C’est autour de 19h30 qu’il y a eu le premier coup de feu. C’était à la vitrine. Le coup de feu a été tiré à 2m de moi puisque j’étais à la caisse. Quand on rentre à Cappuccino, c’est moi que l’on rencontre premièrement. Le premier coup a été tiré sur la vitrine de croissants à quelques mètres de moi. J’ai tout de suite cherché à m’échapper par la porte de la cuisine que je connais très bien. Je me suis retranché au 2e étage du restaurant avec des collègues pâtissiers jusqu’au petit matin. De là où nous étions, on pouvait voir sur l’avenue Kwamé N’Krumah. Je voyais deux terroristes en train de tirer très fort. J’ai vu les corps qui étaient sur le goudron. Je n’ai pas apprécié l’attitude de notre armée nationale. Je ne sais pas quelle stratégie elle voulait mettre en place avant de venir. Elle a pris du temps. Selon les informations que j’ai, il y avait des blessés qui voulaient des secours. Le fils de notre patron et sa mère sont morts atrocement. S’ils avaient été vite secourus, ils n’allaient pas mourir. C’est la fumée qui les a étouffés. Les terroristes sont rentrés d’abord tirer sur les Blancs. Ensuite, ils sont revenus tirer sur tout le monde sans distinction de race. Nous avons entendu toutes sortes d’armes. De notre cachette, on voyait tout. Mais on ne pouvait rien faire. Jusqu’à 3h du matin, nous avons entendu les forces de défense qui disaient de sortir. C’est à 7h que l’armée française est venue nous faire sortir. Les militaires nous ont escortés jusqu’à la cellule de crise au ministère de la Fonction publique.
Par rapport aux morts, il y a mon collègue caissier qui est monté à 17h avec moi. C’est le seul employé qui n’a pas survécu. Il y a aussi 3 membres de la famille du patron qui sont décédés. C’est épouvantable ce que nous avons vécu. Je revois encore madame Yana qui me faisait dos en train de manger et de rire. Quand je pense qu’elle n’est plus, cela fait vraiment mal. Parmi les clients, il n’y en a que je connaissais particulièrement. Mais, je peux dire que nous causions avec toute la clientèle parce que nous avons reçu comme consigne d’être accueillants envers elle.

Adama Boly, contrôleur magasinier
« Les terroristes ont eu le temps de faire ce qu’ils voulaient »

Chacun était à son poste de travail. Je monte chaque jour à 16h et je descends à minuit. J’étais à la pâtisserie. Je ne me rappelle pas exactement ce que je faisais. Il y a eu des coups de feu. Au début, je croyais que c’était des pétards. Au fur et à mesure, ça s’aggravait et le bâtiment même tremblait. Nous avons commencé à nous enfuir. Nous nous sommes réfugiés au deuxième étage de Cappuccino. Heureusement, il y avait le propriétaire de l’immeuble, Stéphane Balkouma, qui a ouvert les portes pour que nous nous réfugiions. Pendant que nous y étions, nous avons passé tout notre temps à prier. L’essentiel d’abord était de survivre. Il fallait murmurer pour se parler. Même pour marcher, il fallait faire attention. De l’immeuble, j’ai vu deux corps qui étaient sur l’avenue. Deux Blancs venaient d’être froidement abattus. Leur sang coulait. Vers l’hôtel Splendid, je voyais deux personnes de race blanche qui tenaient deux Kalachnikov.
La sécurité a été nulle parce que les terroristes ont fait des va- et-vient sur l’avenue. S’il y avait les forces de l’ordre et de défense, je suis sûr qu’elles pouvaient tuer un d’entre eux. Les terroristes ont eu le temps de faire ce qu’ils voulaient. Il y a des gens qui n’étaient pas totalement morts à Cappuccino. Les terroristes sont entrés une deuxième fois et ont abattu quelques blessés. Les terroristes n’étaient même pas protégés.

Propos recueillis par RHO
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