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© AFP par ISSOUF SANOGO
Attaque au Burkina Faso: visite de soutien du président béninois Lundi 18 Janvier 2016. Ouagadougou. Les dégâts devant le café Cappuccino à Ouagadougou à la suite d`une attaque jihadiste d`Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI ). |
Ouagadougou - Nombre d'assaillants incertain, complicités probables, bilans fluctuants, objectifs visés par les jihadistes, attitude des forces de sécurité... il reste beaucoup de zones d'ombre sur l'attaque à Ouagadougou qui a fait 30 morts vendredi.
Le nombre d'assaillants
Le nombre d'assaillants reste un mystère.
Le Premier ministre français Manuel Valls a affirmé mardi que "six individus ont ouvert le feu" et que "des six agresseurs, trois ont été tués et trois sont encore recherchés".
Or jusqu'à présent, les autorités burkinabè ne faisaient état que de trois assaillants, tous tués. De nombreux témoins interrogés par l'AFP font état de 4, 5 ou 6 assaillants dont une ou deux femmes.
Après les déclarations de M. Valls, une source sécuritaire affirmait : "à la vue de la vidéo, ils sont 3. Ils étaient très mobiles. On a même parlé de femmes, mais il y a un homme efféminé qui portait des tresses ressemblant à une femme. C'est possible qu'il y ait des complicités mais les jihadistes
n'étaient pas 6".
Selon une autre source proche du dossier, les jihadistes ont aussi changé de tenue pendant l'attaque, portant parfois des vestes ou des turbans.
Une source proche du dossier reste quant à elle convaincue que le nombre de 3 paraît "faible".
Concernant d'éventuelles complicités - probables de l'avis de plusieurs sources - une source sécuritaire a parlé d'une possible "cellule dormante" à Ouagadougou.
Bilans divergents
Le bilan burkinabè était mardi de 30 morts en comptant la photographe franco-marocaine Leila Alaoui, décédée lundi soir alors que le Quai d'Orsay avait donné un bilan de 30 morts lundi en fin de matinée. Selon une source proche de l'enquête, cette différence de bilan pourrait être due à la mort d'une victime dont le corps n'a pas été récupéré sur les lieux.
Par ailleurs, les bilans des nationalités ont changé à plusieurs reprises selon les différentes autorités burkinabè ayant communiqué sur le sujet.
Mardi, le ministre des Affaires étrangères Alpha Barry a donné le bilan de tués suivant: 9 Burkinabè, 6 Canadiens, 4 Ukraniens, 2 Suisses, 2 Français, une Franco-Ukrainienne, une Franco-Marocaine, 1 Américain, 1 Néerlandais, 1 Libyen, 1 Portugais.
Il a indiqué aussi qu'il restait 5 corps non-identifiés, ce qui ferait un total supérieur à 30. Il a toutefois précisé: "C'est parfois lié à la bi-nationalité des victimes qui peuvent être comptabilisées deux fois".
Le bilan des blessés est de 70.
Cibles des jihadistes
Alors qu'on a cru que la cible principale était l'hôtel Splendid et qu'il a concentré l'essentiel de l'attention médiatique et même des forces de sécurité pendant l'attaque, le bilan montre que c'est le café-restaurant Cappuccino qui a été le théâtre le plus sanglant.
26 des 30 personnes tuées l'ont été au Cappuccino, selon une source proche de l'enquête qui précise que 17 étaient à l'intérieur de l'établissement et 9 sur sa terrasse. Il n'y a eu "qu'un" seul mort trouvé à l'hôtel Splendid, et un aussi au maquis (bar) le Taxi-Brousse, où s'est terminé l'assaut.
Selon le déroulement reconstitué par plusieurs témoins et des sources proches de l'enquête, les jihadistes ont attaqué en premier le Cappuccino.
"Si l'intention était de faire mal à des étrangers, c'est un coin où on pouvait (en) trouver un nombre conséquent", a souligné le ministre de l'Intérieure.
Les jihadistes ont ensuite attaqué l'hôtel Splendid où on les croyait réfugiés. Les forces de sécurité n'ont finalement trouvé aucun assaillant dans l'hôtel lors de l'assaut final, qui s'est déroulé en face au Taxi-Brousse et à l'hôtel Yibi.
Il ne s'agissait donc pas, comme le Radisson Blu à Bamako (20 morts en novembre), de viser un hôtel mais plutôt la zone fréquentée par la communauté occidentale.
Forces étrangères
Les Forces spéciales françaises, stationnées de manière permanente à Kamboinsin, ont participé activement à l'assaut. De source diplomatique française, elles sont intervenues à la demande du Burkina et ce sont elles qui ont mené l'essentiel de l'assaut et tué les trois jihadistes.
Mais de source militaire burkinabè, ce sont bien les forces de sécurité burkinabè qui ont tué les trois jihadistes.
Une polémique est née sur les réseaux sociaux, de nombreux Burkinabè estimant que la France tirait la couverture à elle, ou qu'elle était à l'origine du retard de l'intervention.
Si les forces burkinabè manquaient de matériel et de coordination, de sources concordantes, plusieurs de leurs membres ont fait preuve de courage de l'avis de tous, en sauvant des otages et en évacuant les blessés alors que les jihadistes mitraillaient encore.
Quant aux Américains, ils n'ont, de source diplomatique, apporté qu'un soutien logistique aux opérations avec l'appui d'un drone. Cette version est infirmée par des rescapés du Splendid qui affirment avoir été sauvés par des Français, des Burkinabè mais aussi des Américains.
Selon une source proche du dossier, une dizaine de soldats américains sont intervenus contre plus de 70 hommes des forces françaises.
Par Patrick FORT, Romaric Ollo HIEN
roh-pgf/fra/de
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