Hier, dans la soirée du dimanche 9 juin 2013, à la hauteur de Ouagarinter, un véhicule a été caillassé puis incendié après avoir percuté une femme transportant deux enfants sur son vélo. Une scène de manifestations de la vindicte populaire qui en rappelle bien d'autres constatés ces derniers temps à Ouagadougou.
Quelque une semaine après la fin du forum national sur le civisme au Burkina, une vindicte populaire vient encore de se produire. Le drame s'est passé hier dimanche dans la soirée, à hauteur de l'entrée principale de Ouagarinter dans le quartier Patte d'Oie. Une Nissan, selon des témoins, une Toyota, selon d'autres, entièrement calcinée, à moitié engloutie dans le caniveau. Voilà le spectacle qu'a donné à voir les riverains de cette zone, qui ont pris à partie le conducteur et son véhicule. La raison, l'incriminé venait de percuter une femme, qui transportait à vélo deux enfants. Très touché, un y a immédiatement perdu la vie tandis que les deux autres, grièvement blessés, étaient transportés vers l'hôpital par les sapeurs-pompiers au moment où nous arrivions sur les lieux.
Toujours selon les témoins, le conducteur, vraisemblablement jeune, tentait de fuir après son forfait. Il a donc été contraint à immobiliser sa monture sous la pression des riverains qui ont découvert que l'intéressé puait l'alcool et possédait, dans le véhicule, une bouteille de liqueur. Pris en tenaille par des gens courroucés, il eut la vie sauve grâce à un passant, qui a filé avec lui sur son engin à deux roues.
Si nous pleurons à grosses larmes la victime, et croisons les doigts pour que les deux blessés recouvrent la santé, nous nous interrogeons sur les conséquences de cette justice expéditive qui nous vient ces derniers temps de la rue, et qui rend plus difficile le travail de ceux qui ont la charge de situer les responsabilités.
A supposé que le conducteur ait tort, comment reconstituer les faits à partir du moment où le véhicule a été brûlé à quelque 200 mètres plus loin du lieu de l'accident, avec certainement les documents d'identification ? Comment aussi établir facilement et rapidement la responsabilité civile quand on sait par ailleurs que le chauffeur incriminé s'est évanoui dans la nature ? En attendant que justice soit rendue, il faut apprendre à mettre fin à cette vindicte populaire qui prend de l'ampleur dans notre pays. Tout le monde y gagne.