Le Burkina Faso a célébré la Journée africaine des frontières le vendredi 7 juin 2013. Une commémoration marquée par la volonté du pays de transformer ses frontières en zones de développement socio-économique. C’est la ville de Fada N’Gourma qui a abrité la cérémonie officielle. C’était en présence du ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité, Jérôme Bougouma.
« L’Afrique fut déchiquetée et découpée au moyen de frontières arbitrairement établies ». Les pères-fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), aujourd’hui l’Union africaine (UA), se sont accordés sur ces propos de Haïlé Sélassié, empereur d’Ethiopie, le 25 mai 1965, date de création de l’organisation, pour désigner la balkanisation du continent noir par les puissances coloniales. Pour refuser cet arbitraire et la séparation des populations dans des lignes fictives, les ministres de l’UA en charge des questions frontalières adoptaient, en conférence le 7 juin 2007, la déclaration sur le programme des frontières et les modalités de sa mise en œuvre. Un programme que les chefs d’Etat et de gouvernement prendront à leur compte par la suite, pour marquer leur volonté de transformer les frontières, le plus souvent source de conflits, en des facteurs de paix, de sécurité, de progrès économique et social. Mais, c’est la deuxième conférence des ministres en charge des frontières, le 27 juillet 2010, qui va instituer la Journée africaine des frontières pour chaque 7 juin. L’objectif est d’accompagner les communautés économiques régionales, de promouvoir les initiatives locales et de renforcer la coopération transfrontalière afin de propulser la prévention et la lutte contre le terrorisme, la criminalité, le trafic de la drogue, etc. Une première au Burkina, la célébration de la journée vient réaffirmer son adhésion à l’idée que l’instauration d’un climat de paix, de sécurité et de progrès socio-économique passe par l’éradication totale des sources de tension aux frontières des différents Etats. « La Journée africaine des frontières, dont l’édition de cette année coïncide avec le cinquantenaire de l’UA, loin de magnifier la balkanisation de l’Afrique, vise plutôt à en atténuer les effets néfastes pour en faire un outil d’épanouissement et de progrès », a souligné le ministre Jérôme Bougouma. Et c’est en cela que le thème de la célébration « Coopération transfrontalière et lutte contre la criminalité transfrontalière », tire sa pertinence, à l’en croire. Parce que le grand banditisme et autres trafics sévissent dans les zones frontalières, la thématique a été éclatée en sous-thèmes au profit des participants. La gestion des frontières au Burkina Faso, la cartographie de l’arrêt de la Cour internationale de justice sur le différend Burkina-Niger et ses implications, la coopération et la lutte contre la criminalité transfrontalière : cas de la région de l’Est, ont fait l’objet de communications. Ces sujets ne sont pas sans intérêts pour les populations de la région hôte de cette première célébration de la Journée africaine des frontières. En effet, carrefour international, la région de l’Est fait frontière avec le Niger et le Bénin, deux pays voisins avec qui le Burkina a eu des litiges frontaliers. En plus, elle est le fief de l’insécurité, eu égard à la fréquence et à l’ampleur des scènes de braquages armés. « Le choix de Fada n’est pas fortuit. C’est une région où il y a une forte criminalité et les délinquants se réfugient très rapidement dans les pays voisins. Il s’agit donc de trouver ensemble des pistes pour favoriser la coopération transfrontalière afin de contribuer à éradiquer la criminalité », a soutenu Jérôme Bougouma, avant de se réjouir de la résolution du différend Burkina-Niger. « C’est un exemple que les chefs d’Etat ont montré à la face du monde. Plutôt que d’entretenir des querelles inutiles, il vaut mieux aller devant une juridiction impartiale et sur la base de la décision qui sera rendue, on essayera de développer ces zones et d’aller de l’avant », a-t-il confié. Cependant, les populations ne sauraient jouir de la résolution de ce litige sans la réalisation d’infrastructures frontalières, la délimitation du territoire, la restructuration des services en charge et la spécialisation du personnel intervenant dans le domaine .