Le monde entier s’est interrogé pendant longtemps. Les Maliens savent-ils ce qu’ils veulent ? Les 2/3 du pays sont occupés et l’armée n’est pas suffisamment équipée pour faire face à l’ennemi et des Maliens ont pu refuser l’intervention de la Cedeao pour réduire les groupes armés qui occupent le nord Mali. C’est désormais une question résolue : la Cedeao peut installer son quartier général à Bamako, la capitale. Reste à régler celle des forces à constituer, mais aussi celle du nerf de la guerre, car la guerre est coûteuse, et il faut bien mettre la main à la poche.
Il n’y a donc plus d’ambigüité à ce sujet, Bamako et la Cédéao n’ont plus de divergence à l’arrivée des troupes africaines au Mali. Il serait d’ailleurs incompréhensible qu’une telle divergence perdure quand on sait que le nord Mali n’est plus l’affaire des seuls Maliens, mais qu’il représente avec la présence simultanée de Ansar Dine, de Mujao, du Mnla, d’Aqmi – les uns aussi criminels que les autres – un foyer incandescent qui peut embraser tout le Sahel et menacer la paix du monde entier. Et aucun pays, encore moins ses voisins n’accepteraient de s’accommoder d’un tel voisinage.
Quand une pierre gène le passage, on vient en groupe et on l’enlève, disait le grand Seydou Badian Kouyaté, un écrivain malien, dans un tout autre contexte. Mais le constat est vrai ici. Alors que le Capitaine Sanogo et le président de la République dans leurs interventions respectives jouent à « je t’aime, moi non plus », en disant qu’ils sont en phase, l’ambigüité a demeuré à travers les « oui… mais… » autour d’une intervention africaine restée longtemps hypothétique jusqu’à la dernière visite à Abidjan, le 22 septembre, du ministre malien de la défense Yamoussa Camara, pour prendre langue avec le président en exercice de la Cedeao, Alassane Dramane Ouattara. Un accord est au bout de cette visite.
Les troupes de la Cedeao peuvent venir au Mali, elles peuvent installer leur état major, le quartier général à Bamako. Pour le reste, il faut se méfier des détails, il y a le diable. Y a-t-il une relation entre la nouvelle donne spectaculaire et la visite du premier ministre aux Etats-Unis ? Selon une source citée par l’AFP, « tout s’est accéléré ces derniers jours parce que nous voulons tout faire pour qu’un plan clair soit présenté le 26 septembre à New York. Les Nations unies avaient exigé que la requête présentée par le Mali à travers la Cédéao et l’Union africaine soit plus détaillée et réaliste.
C’est ce que nous nous employons à faire ». Quelques jours avant, le médiateur de la Cedeao dans la crise malienne, Blaise Compaoré avait déclaré l’impossibilité d’une action de la Cedeao au Mali, sans être à Bamako. Suite à la saisine du Secrétaire général de l’ONU par le président de la République par intérim Dioncounda Traoré, la question malienne sera au centre de la réunion consacrée à la sécurité dans le Sahel prévue le 26 septembre, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York les 26 et 27 septembre.
C’est à cette réunion que seront précisées les actions à entreprendre et clarifiés les objectifs à atteindre d’ici mars 2013. Mais tout cela dépendra de l’accord trouvé entre le Mali, la Cedeao, l’Union africaine et les Nations unies en faveur d’une intervention militaire africaine. On peut donc comprendre aisément que le ministre de la défense du Mali, Yamoussa Camara, soit diligenté auprès du président de la Cedeao pour y décrocher un accord in extrémis.
La France a déjà fait savoir qu’elle était prête à apporter son soutien logistique à une initiative africaine sous mandat international. Et des troupes françaises pourraient intervenir sur le théâtre des opérations, mais pas au sol, si l’on en croit une déclaration à la presse du ministre français des affaires étrangères aux Etats-Unis.