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Ministre Sawadogo : « je ne pense pas que j’étais personnellement visé»
Publié le lundi 18 janvier 2016  |  L`Observateur Paalga
Présidence
© aOuaga.com par G.S
Présidence du Faso : le nouveau gouvernement prend contact avec le chef de l`Etat
Mercredi 13 janvier 2016. Ouagadougou. Présidence du Faso. Le nouveau gouvernement avec à sa tête le Premier ministre Paul Kaba Thièba a eu sa première prise de contact avec le chef de l`Etat Roch Marc Christian Kaboré. Photo : Clément Pengdwendé Sawadogo, ministre de la Fonction Publique, du Travail et de la Protection Sociale




« Plus un geste! », hurle un militaire en faction devant le palais présidentiel. Les jambes figées, je tourne quand même la tête pour comprendre ce qui se passe. Derrière moi, un convoi d’une bonne vingtaine de 4x4 et de grosses voitures aux vitres teintées arrive à toute allure. Vite, trop vite puisque l’un des véhicules ne parvient pas à éviter les plots de l’allée et explose son pneu dans une détonation assourdissante. Le dernier élément du cortège entré dans la cour, on m’explique qu’il s’agit du Président de la République (PR), du Premier ministre (PM) et des quelques membres du gouvernement qui reviennent tout juste du lieu des attaques. Les contrôles d’usage effectués, pas plus pas moins, la presse est alors autorisée à grimper au premier étage pour prendre des photos avant que le Conseil des ministres ne débute effectivement.


9h50 : le responsable du protocole annonce l’arrivée du chef du gouvernement, qui salue un à un tous les ministres présents. Les traits sont tendus et les visages nettement plus fermés que trois jours plus tôt lors de la prise de contact entre le PR et son équipe nommée le matin même. Le chef de l’Etat arrive et, plus rapidement encore, se plie au tour de table réglementaire avant d’exiger le huis clos. Il s’ensuit pour la presse une longue attente sur le perron du palais, que foulent un à un les chefs d’état-major de la police, de la gendarmerie et des différents corps de l’armée.


11h45 : les voitures officielles commencent à bourdonner tel un essaim. D’un coup, les journalistes sortent de leur torpeur pour fondre sur le ministre du Travail, piégé dans l’hôtel Splendid alors qu’il discutait avec des amis du lancement d’une association humanitaire. Pendant plusieurs minutes, Clément Sawadogo raconte les rafales tirées dans la salle même où il se trouvait retranché, les SMS échangés avec l’extérieur et l’angoissante attente, couché sous les tables jusqu’à la libération par les forces burkinabè, françaises et américaines aux alentours de 2h du matin.

« La peur est montée d’un cran lorsque nous avons compris qu’il s’agissait d’une prise d’otages », confie le ministre. « Ces gens-là ne font généralement pas de cadeau et tuent tous ceux qui se trouvent sur leur passage (…) Je ne pense pas que j’étais personnellement visé, mais le fait que les médias aient annoncé qu’il y avait un ministre à l’intérieur était, bien sûr, cause de danger supplémentaire. Vous imaginez l’aubaine que cela aurait été pour ces gens qui recherchent l’action d’éclat », témoigne C. Sawadogo, d’un ton détaché avant de rejoindre ses collègues pour rendre visite aux rescapés dans les différents hôpitaux de la capitale.

Seuls le chef du gouvernement et le ministre de la Communication restent avec le Président pour un conseil restreint. Ils en ressortent trois quarts d’heure plus tard une feuille sous le bras. « L’heure est grave », annonce d’emblée Paul Kaba Thiéba. Le Premier ministre condamne et revient ensuite sur les faits (voir texte principal et discours présidentiel), précisant que la gendarmerie nationale a été saisie d’une enquête. Et de conclure en annonçant les quatre principales décisions adoptées lors du conseil des ministres extraordinaire : le respect d’un deuil national de 72h à compter du dimanche 17 janvier ; la visite d’une délégation ministérielle aux blessés ; le renforcement des mesures sécuritaires (sans préciser) ; et l’appel à une « lutte patriotique » pour aider les forces de défense et de sécurité à « identifier et débusquer les terroristes qui sont infiltrés dans nos rangs, et les cellules dormantes qui y sont encore peut-être. »

Thibault Bluy
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L`Observateur Paalga N° 8221 du 27/9/2012

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