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Vendredi noir à Ouagadougou : un 15-janvier de terreur sur Kwamé N’Krumah
Publié le lundi 18 janvier 2016  |  Le Quotidien
Attaques
© aOuaga.com par G.S
Attaques du Splendid et du Cappuccino : un spectacle de désolation dans le périmètre
Samedi 16 janvier 2016. Ouagadougou. Avenue Kwamé N`Krumah. Voitures calcinées, façades noircies, chaussée encombrée ... tel est le spectacle de désolation dans le périmètre de l`attaque contre l`hôtel Splendid et le café-restaurant Cappuccino après l`assaut




D’octobre 2014 en passant par septembre 2015, difficile pour le peuple burkinabè de dormir sur ses deux oreilles. Pendant qu’il s’attelait à chasser ses mauvais souvenirs, il retombe une fois de plus dans la stupeur marquée d’une violence sanglante perpétrée par des djihadistes, le vendredi 15 janvier 2016. Ceux-ci, venus d’on ne sait où, se sont attaqués à un café et un hôtel de la ville de Ouagadougou aux environs de 20h, en s’en prenant aux honnêtes citoyens qui s’y trouvaient pour partager leur temps libre avec des ami(es) ou des parents.

Il est 20 h, nous sommes sur l’avenue Kwamé N’Krumah. C’est l’enfer. Secteur quadrillé par les forces de défense et de sécurité, des tirs sporadiques, des véhicules en flamme, des cris, des secouristes à pieds d’œuvre, quelques curieux à l’affût. C’est le constat que l’on peut faire pendant les premiers moments de l’attaque perpétrée par des individus non identifiés, lourdement armés, contre l’un des cafés(Cappuccino) et deux des hôtels célèbres (Splendid hôtel et hôtel Yibi) de la ville de Ouagadougou, le vendredi 15 janvier 2016. Alertés, des éléments des forces de défense et de sécurité, en tenue militaire ou civile, en gilets pare-balles et armés de Kalachnikov AK47, ont pris d’assaut les lieux. Par contre, d’autres, en tenue ou en civil, suivaient les évènements impuissants. Des commentaires par-ci, des commentaires par-là, tous livraient ce qu’ils en pensaient. C’est la peur dans les rangs. Lorsque crépitaient les armes de l’ennemi, c’était la débandade. Même du côté des forces de sécurité, ce n’était pas évident. Pour preuve, des incidents de tirs inopinés. Entre 21h - 22h, une équipe de l’armée française et américaine arrive sur le théâtre des opérations pour prêter main forte aux Burkinabè. Pendant qu’ils peinaient à rechercher le plan de l’endroit où étaient retranchés les assaillants, les soldats du feu, sans gilets de protection, avec l’appui de la gendarmerie et certains civils, poursuivaient les opérations de secourisme sous les balles assassines des agresseurs dont le nombre n’a pu être clairement déterminé. Les premiers soins des blessés étaient donnés dans l’enceinte du ministère de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale (MFPTSS), transformé en cellule de crise, par des éléments de la Croix rouge burkinabè et des sapeurs-pompiers (français et burkinabè) avant qu’ils ne soient évacués vers des services de santé. Sur le champ, aucune information n’a filtré de l’état des blessés. Vers 23h, une courte interruption d’électricité survient dans la zone, donnant l’impression du début d’un assaut majeur. A peine 5 mn passée, l’électricité fut rétablie et c’est le statu quo. Les terroristes poursuivaient toujours leur œuvre sans être inquiétés, tout en persistant dans les tirs à rafale sans aucune tentative de négociation. A 1h, des renforts de l’armée française arrivent. Une fois le plan de la cachette des assaillants acquis, de concert avec des chefs d’équipe des corps constitués burkinabè, les différentes équipes prennent position autour des sites concernés par l’attaque. Aux environs de 2h, tout le monde est expulsé loin des locaux du ministère, qui se trouve à quelques mètres du théâtre des opérations. Quelques minutes après, l’un des véhicules de l’armée française de marque Land Cruiser quitte les lieux en trombe avant de revenir quelques instants plus tard. Serait-ce un élément de l’unité qui aurait été touché par une balle ? Rien n’a filtré. Une trentaine de minutes après le retour du véhicule des Français, certains commencent à retrouver leur position autour du ministère et d’autres, par contre, ont jugé bon de rejoindre leur domicile. En effet, durant la longue attente pour le début de l’assaut, le Chef d’Etat-major général des armées, le Général Pingrenoma Zagré, suivi d’un autre gradé, vient s’entretenir avec les éléments au front aux environs de 3h du matin. Quelques instants plus tard, ils repartent. Les coups de feu se font entendre de moins en moins. L’assaut tarde, les équipes de secours continuent de repêcher les derniers rescapés. Le temps passe, les rues se sont vidées, les quelques curieux présents sont rentrés chez eux. C’est le calme total dans le secteur essaimé d’hommes de tenue à l’abri de tout regard. Il est 5h, nous quittons les lieux. Impossible de dresser un bilan exhaustif des victimes. C’est l’émoi et la consternation dans la foule, dès lors, qu’aux environs de minuit, les forces de défense et de sécurité avaient débouché avec le corps d’un garçon d’une vingtaine d’années qui a pris une balle dans la tête et que les assaillants détenaient des otages dont on ignorait le sort. Dans cette longue attente, l’homme de la résistance contre le putsch du 16 septembre dernier, Chérif Sy, « El présidente » comme l’appelaient ses collègues du CNT, n’a pas voulu se faire conter le fil des évènements.

Comment tout cela est-il parti ?

Moussa Diarra, qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment, nous livre son témoignage en ces termes : « J’étais fortuitement dans la zone aux environs de 19h30-20h. Je suis rentré dans le cyber, juste quand il y a eu des coups de feu nourris à l’arme lourde. On sentait vraiment que c’était plusieurs personnes qui tiraient en même temps. Dans la panique générale, nous nous sommes tous couchés par terre et avons commencé à nous mettre à l’abri. Les tirs ont duré 15 à 20mn environ, nourris et constants. Ensuite, il y a eu une accalmie et plus tard, ils ont repris et je crois savoir que c’était le moment où les forces de défense et de sécurité ont commencé à intervenir. Quelques instants après, nous avons vu les premières évacuations en provenance du Capuccino qui avait commencé à prendre feu. Nous avons vu des blessés aussi bien du côté de la clientèle du Capuccino que du côté des forces de défense et de sécurité ». Interrogé sur le nombre et sur la question des cas de décès, Moussa Diarra dit ne pas être à mesure de se prononcer en ce sens que du côté des forces de défense et de sécurité, il les aurait aperçues trimbalant un des leurs qui, visiblement était mal en pont. En ce qui concerne la clientèle, Moussa Diarra a soutenu que là où ils ont été transférés pour leur sécurité, des blessés de tout genre y passaient pour des soins. A l’en croire, il a précisé qu’il n’a pas eu le temps de voir lesdits agresseurs. « Franchement c’est le choc. J’étais avec ma fille qui a passé son temps à pleurer », a-t-il conclu. Par ailleurs, Moumouni Traoré, un des témoins oculaires qui confie avoir suivi les faits de visu, indique qu’il s’agit de quatre individus dont une femme, vêtus tous d’un manteau noir et lourdement armés, qui ont ouvert le feu sur les clients qui étaient assis au Cappuccino. Lorsque ceux-ci, pris de panique, ont commencé à se réfugier, poursuit Moumouni Traoré, les « assassins » ont mis le feu aux véhicules qui se trouvaient aux alentours. « Nous étions avec des amis, non loin des lieux, qui avons essayé de filmer pendant qu’ils criblaient les immeubles d’à-côté de balles. Comme nous avons vu que c’était sérieux, nous avons appelé le 1010 et la gendarmerie est venue. Lorsque la gendarmerie a fait son apparition, malheureusement pas armée, ils se sont retranchés à l’hôtel et ont continué toujours à tirer. C’est en ce moment que nous nous sommes rendu compte qu’ils étaient nombreux. C’était terrible », a-t-il déclaré. Quant à cette rescapée du Cappuccino, sous le choc, elle était venue accueillir des amis européens, lorsque les assaillants ont fait irruption dans le café. Ils ont commencé par tirer à bout portant sur les occupants de couleur blanche ainsi que tous ceux qui tentaient de les démasquer. De même, révèle-t-elle, ils venaient par moment toucher les pieds des uns et des autres pour vérifier s’ils étaient encore vivants. « Quand ils sont rentrés, ils ont commencé à tirer. Il n’y avait même pas une possibilité de lever la tête pour voir qui que ce soit. Le chauffeur qui nous y a conduits a pris une balle et il est mort sur le champ. C’était chaud. Il y avait le feu. Nous étions obligés de casser une des fenêtres pour pouvoir nous échapper, ma petite sœur et moi. Bien que je leur fasse face, je n’ai même pas eu le temps de voir quoi que ce soit », explique la rescapée. Le 17 janvier, dans la matinée, l’assaut s’est poursuivi et le bilan est alarmant. Selon les autorités, 56 cas blessés, 28 décès et plus d’une centaine d’otages libérés ont été enregistrés. Du côté des assaillants, il a été signalé 3 arrestations et 4 abattus mais leur nombre exact reste à être déterminé par les investigations.

Indignation du président Roch

Pour le chef de l’Etat, venu assister les victimes et les équipes, accompagné de certains de ses collaborateurs à savoir, entre autres, le Premier ministre, le ministre en charge de la Sécurité, le peuple burkinabè a chèrement conquis sa liberté pour se laisser divertir par des actions terroristes. Par conséquent, il a affirmé que, conformément à ce qui a été dit dans son discours lors de son investiture, il serait opportun que les différents pays de la sous-région mutualisent les moyens d’information ainsi que militaires pour mieux lutter contre le phénomène. « Le Burkina Faso a une longue histoire. Nous n’avons jamais plié l’échine et ce n’est pas aujourd’hui que cela va commencer », a clamé haut et fort le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. De ce pas, il a réitéré toute sa reconnaissance à l’endroit des forces de défense et sécurité et a salué la coopération militaire qui a permis de mettre un terme au projet funeste desdits terroristes ainsi que tous ceux qui ont contribué d’une manière ou d’une autre à l’assistance des victimes. Dans la même lancée, le président du Faso a appelé les Burkinabè et à la vigilance et au courage et a décrété 72 heures de deuil national à la mémoire des victimes de cette attaque terroriste. Le 15 janvier restera à jamais gravé dans la mémoire des Burkinabè
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