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Le Quotidien N° 785 du 7/6/2013

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Hollande et le prix Houphouet-Boigny : Un choix de notre époque
Publié le vendredi 7 juin 2013   |  Le Quotidien


Cérémonie
© AFP par ETIENNE LAURENT
Cérémonie de remise du prix Félix Houphouët Boigny à François Hollande
Mercredi 05 mai 2013. Paris. Plus de dix chefs d`Etat africains assistent à la cérémonie traditionnelle du prix international Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, décerné, chaque année, depuis 1991, par un jury d`experts. Photo : la Directrice de l`UNESCO remettant le prix du president Hollande.


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«C’est assez paradoxal de se voir remettre un prix de la paix, alors que j’ai dû faire la guerre ». Cet aveu du président français François Hollande, lauréat du prix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, traduit toute l’ambiguïté d’un tel prix. Pourquoi en arrive-t-on de nos jours à décerner un prix de la paix à un chef de guerre ? En effet, François Hollande a permis aux Maliens du Nord de renouer avec la paix et la liberté en usant de la force. Mais à sa décharge, il faut se rappeler qu’il est intervenu à la demande d’un Etat souverain, le Mali, menacé alors dans ses fondements par la furie meurtrière des islamistes. Ce fut donc une intervention militaire légitime, après que les efforts de dialogue aient échoué, pour restaurer un pays dans son intégrité territoriale. Il suffit de voir l’accueil réservé par les Maliens à Hollande, lors de son séjour au Mali, pour comprendre l’importance de son action. Ce prix n’est donc pas démérité. On comprend pourquoi Nicolas Sarkozy, l’homme des deux guerres en Afrique (Côte d’Ivoire et Libye), n’a pas eu droit à ce prix, bien qu’il ait invoqué les mêmes raisons (défense de la liberté et de la démocratie). C’est que les guerres de Sarkozy sont différentes de celle de Hollande. Dans le premier cas, il s’agissait surtout de conflits internes ne remettant en cause ni l’intégrité, ni la laïcité du pays. De plus, la solution militaire telle que mise en œuvre était très controversée tant en Afrique qu’en France. Or la crise malienne était un condensé de maux qu’aucune âme humaine sensée ne pouvait accepter. D’où la quasi-unanimité autour de l’opération Serval. Hollande et la France ont donc été récompensés pour avoir débarrassé le Mali des forces obscurantistes. Evidemment, la lutte contre l’extrémisme religieux et le terrorisme est loin d’être terminée. Un long travail conjuguant à la fois l’usage de la force et des méthodes de persuasion devra être mené pour espérer venir à bout du cancer islamo-terroriste.Mais cela, c’est une autre affaire.
Le choix de l’UNESCO, aussi paradoxal soit-il, épouse les réalités de notre temps, où parfois seul l’usage de la force peut ramener la paix. Nous vivons une époque avec de nouvelles menaces, dont le terrorisme islamiste, qui requièrent de nouvelles approches. La philosophie de non-violence des Gandhi et autres Mandela est certes toujours un recours à privilégier, mais elle s’avère inopérante dans bien des situations de conflit. Le fait pour l’UNESO d’avoir préféré le va-t-en-guerre François Hollande à l’apôtre de la négociation Blaise Compaoré, est emblématique de l’évolution de la géopolitique internationale.En effet, qui mieux que l’UNESCO, exhorte à la paix et au dialogue ? Sa célèbre devise exprime bien ce credo : « Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ». Si l’organisation onusienne a préféré Hollande à Compaoré ou à d’autres acteurs de la crise malienne opposés au départ à toute idée d’intervention armée, c’est bien par réalisme. Avant elle, le jury du prix Nobel avait créé la même surprise en élevant en 2009 le président américain, Barack Obama, au rang de prix Nobel de la paix. Même s’il n’a rien d’un George W. Bush, il est faux de dire d’Obama qu’il est un enfant de chœur. On ne peut pas diriger innocemment la première puissance du monde. Du reste, les frappes ciblées contre les chefs talibans en Afghanistan et au Pakistan, dont le couronnement a été l’assassinat de Ben Laden, prouvent à souhait que le pacifisme du Nobel 2009 a des limites.

Voilà pourquoi les institutions mondiales sont obligées d’être en phase avec leur temps. Tout en prônant la non-violence, elles doivent se rendre à l’évidence : tout comme il a fallu éliminer le nazisme par la guerre, le cancer du terrorisme nécessite des mesures chirurgicales. Dans le cas malien, l’antienne selon laquelle le terrorisme se nourrit des injustices dans le monde, notamment à travers le dossier israélo-palestinien, ne peut prospérer. Le monde entier a été témoin de la barbarie des islamistes du Nord Mali qui n’avaient d’autre idéologie que la violence aveugle. Le coup d’arrêt mis à cette grossière arnaque méritait bien donc la reconnaissance du monde. L’UNESCO s’est de ce fait inscrit dans le sillage de la philosophie du père de la nation ivoirienne, Félix Houphouët-Boigny, dont le nom porte le prix. La Côte d’Ivoire s’est en effet illustrée, sous son règne, par la cohabitation pacifique entre religions et ethnies. Même si ses successeurs ont dilapidé ce précieux héritage, les choses semblent à nouveau revenir peu à peu à la normale. C’est pourquoi, au-delà du Mali, que le prix 2013 met en lumière, toute l’Afrique doit se sentir interpellée par la problématique du fondamentalisme religieux. D’ailleurs, elle n’a plus le choix. Le mal a pris des proportions telles qu’il faut agir, et vite .

La rédaction

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