Le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a installé, le vendredi 15 janvier 2016 à Ouagadougou, le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale(HCRUN). Héritière de la Commission de la réconciliation nationale et des réformes, le HCRUN a la charge de traiter les dossiers de crimes non élucidés, de 1960 à 2015 au Burkina Faso.
21 personnes issues de divers milieux socioprofessionnels, religieux, coutumiers et associatifs composent le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN). Cette structure héritière de la Commission de la réconciliation nationale et des réformes a été installée le 15 janvier 2016 à Ouagadougou par le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. La création du HCRUN est l’une des deux recommandations du rapport de la Commission de la réconciliation nationale et des réformes (CRNR), dirigée par Monseigneur Paul Ouédraogo. La loi portant création du HCRUN a été adoptée le 6 novembre 2015, par le Conseil national de la Transition (CNT), et promulguée le 26 novembre de la même année. Les 21 membres ont été nommés par décret présidentiel, le 24 décembre 2015. En attendant leur prestation de serment et leur installation officielle, les membres du HCRUN se sont donc présentés au président du Faso, le vendredi 15 janvier 2016, dans le cadre d’une assemblée générale, au cours de laquelle, les membres du comité exécutif ont été désignés. Aussi, cette jeune structure a pour missions d’examiner tous les dossiers de crimes économiques et de sang, non encore élucidés de 1960 à 2015 , au Burkina Faso. 5065 dossiers attendent déjà le HCRUN et aux dires de la représentante des membres, Lucienne Ariane Zoma, d’autres dossiers sont en cours d’être enrégistrés.
Exorciser pour réconcilier les Burkinabè
Il n’est pas question de traîner les crimes économiques et de sang, comme des boulets aux pieds, a affirmé le président Roch Marc Christian Kaboré. La défunte CRNR a établi un inventaire de ces crimes. «Ce sont des traumatismes, des lésions, des injustices subis par des victimes, des ayants droit des Burkinabè», a informé Roch Marc Christian Kaboré. Ces traumatismes et injustices constituent, à ses dires, des éléments perturbateurs de la cohésion nationale et accentuent le sentiment d’impunité au sein des populations. Alors, a-t-il recommandé : «Il est temps que les Burkinabè se parlent, non pas dans le cadre d’une tribune de vengeance ou de revendication de toute nature, mais dans le cadre d’une tribune de vérité comme facteur de réconciliation et de pardon, pour un mieux- vivre ensemble», a-t-il recommandé.
Il a, pour cela, précisé au HCRUN, les attentes des populations : «Etablir la vérité, évaluer les préjudices, indemniser les victimes et les ayants droit, mais surtout réconcilier…» et cela, en tenant compte des contextes socio –culturel et économique du pays. Pour y parvenir, le HCRUN, à entendre Mme Zoma, a besoin de l’accompagnement de l’exécutif burkinabè. Elle a demandé au gouvernement de doter urgemment le HCRUN, de moyens matériel, financier, humain, et souhaité l’engagement de tous les Burkinabè. «Nous allons inviter les Burkinabè à s’engager sur la voie du renouveau, au-delà des traumatismes, des souffrances vécues, de donner à notre pays la chance de repartir sur de nouvelles bases», a-t-elle soutenu. Car pour le président du Faso qui fait de la concorde le socle de son mandat, «sans réconciliation, sans révision de notre histoire, il est difficile de savoir où on va».
Assetou BADOH