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Situation nationale: et voilà le Gouvernement !
Publié le jeudi 14 janvier 2016  |  FasoZine




Longtemps attendu, supputé au quotidien par les uns, subodoré au détour de chaque conversation par les autres, le premier gouvernement de l’après-Transition est enfin tombé ce mercredi matin. Une équipe de 29 membres qui devra traduire concrètement dans les actes la volonté de changement exprimée par les populations, d’une part, et réussir l’audacieux pari de l’efficacité et de la gestion rationnelle des biens de l’Etat, d’autre part.

Et si chacun attend à présent de voir Paul Kaba Thiéba et son gouvernement à l’œuvre pour juger ces hommes et femmes sur pièce, on peut d’ores et déjà constater que le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a opté pour une dynamique jeune et une coloration neuve dans la composition de cette équipe. Même si l’on y retrouve quelques vieux baroudeurs de la scène politique nationale, à l’image de Simon Compaoré et de Clément Tapsoba, qui prennent des places prépondérantes dans le nouvel exécutif burkinabè.

Ancien maire de Ouagadougou, dont chacun a pu mesurer la pugnacité et l’ardeur au travail, Simon Compaoré, promu ministre d’Etat – le seul de ce gouvernement -, en charge de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité intérieure, hérite incontestablement d’un super ministère. Mais un département qui doit très vite imprimer sa marque pour endiguer les énormes problèmes de sécurité qui se posent au pays, entre incivisme et banditisme de grand chemin. Quant à Clément Sawadogo, qui a longtemps géré l’administration du territoire par le passé, il devra trouver le ton juste au département de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale pour juguler les crises latentes afin que l’Etat réponde au mieux aux attentes des travailleurs.

Mais le chef de l’Etat semble avoir tracé des sillons, dans la composition de ce gouvernement, pour mettre la jeunesse au centre de ses actions. La vague jeune est portée notamment par les journalistes Alpha Barry, P-DG de Radio Omega FM, Rémis Fulgance Dandjinou, patron de la chaîne de télévision Burkina Info, Tahirou Bangré, directeur adjoint de l’Institut panafricain d’études et de recherche sur les médias, l’information et la communication (Ipermic).

Mais aussi par Tahirou Barry, président du Parti pour la renaissance nationale qui, après sa bonne troisième place à l’élection présidentielle du 29 novembre dernier et la validation de son ticket comme député, entre au gouvernement comme ministre de la Culture. Gageons que ce juriste et spécialiste en management des ressources humaines saura redonner valeur, grandeur et éclat à la culture burkinabè dans toutes ses composantes et disciplines pour bonifier cette première expérience gouvernementale.

Première expérience ministérielle également pour Rémis Dandjinou et Alpha Barry, deux journalistes qui font la fierté du Burkina et qui sont propriétaires, le premier d’une télévision d’information en continu, le second d’une radio qui s’est révélée par la qualité de son travail lors de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, essuyant même les coups de boutoir des militaires putschistes du 16 septembre 2015. Deux entreprises de presse qui se sont très vite imposées comme étant les meilleurs dans leur domaine, de quoi réjouir sans doute Taïrou Bangré, chef du département Arts et communication de l’université de Ouagadougou, propulsé… ministre des Sports et des Loisirs.

En endossant le costume de ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Burkinabè de l’extérieur, Alpha Barry devrait apporter une certaine fraîcheur dans la diplomatie que compte mettre en œuvre le président du Faso. L’ancien correspondant de Radio France Internationale, qui s’est rôdé avec les hauts cercles politiques du continent en travaillant ces dernières années comme conseiller du président Alpha Condé de Guinée a sans doute des armes pour ne pas décevoir.

Quant à Rémis Dandjinou, grand débateur devant l’Eternel, et dont chacun reconnaît les incontestables qualités professionnelles et l’esprit critique, on peut dire qu’il est dans son élément avec cette casquette de ministre de la Communication et des Relations avec le parlement. Même si, il faut le reconnaître, il aura fort à faire pour donner de la lisibilité et de la visibilité à l’action gouvernementale en ces temps où la communication dicte sa loi sur tout et où les populations revendiquent clairement leur droit à l’information. La communication semble d’ailleurs être l’une des clés du nouveau pouvoir pour créer la symbiose indispensable avec les populations qui attendent vigoureusement de voir leurs espoirs comblés, leurs attentes satisfaites.

Enfin, Roch Marc Christian Kaboré et son Premier ministre affichent leur volonté de donner une part belle aux femmes dans ce premier gouvernement. Certes, le quota de 30% revendiqué ci et là n’est pas atteint, mais on n’en est pas loin puisque sept femmes prennent place dans cette équipe de 29 membres. Au bout du compte, cela fait presque le tiers de l’effectif, et c’est heureux! D’autant notamment que le département de l’Economie, des Finances et du Développement est aux mains de Rosine Coulibaly Sori, que l’on avait faussement annoncé à la primature. Pour l’appuyer dans ses missions, le ministère délégué en charge du Budget est également confié à une femme, Edith Clémence Yaka. Au total, la gente féminine est représentée dans cette équipe gouvernementale de combat par trois ministres, deux ministres délégués et deux secrétaires d’Etat.

Après les élections couplées (présidentielle et législatives) réussies du 29 novembre 2015, puis l’investiture, un mois plus tard, de Roch Marc Christian Kaboré comme neuvième Président du Faso, la nomination du Premier ministre Paul Kaba Thiébé et la composition du gouvernement achèvent de dessiner la nouvelle architecture de l’Exécutif burkinabè. Au Parlement aussi, tout est déjà mis en place (président de l’Assemblée nationale, bureau, groupes parlementaires…) pour qu’enfin la locomotive du renouveau prenne son départ effectif sur les rails du changement et de la démocratie.

En tout état de cause, les Burkinabè attentent de juger ce gouvernement à l’aune de ses actions, de sa capacité à faire bouger les choses dans le bon sens. Entre optimisme et scepticisme…
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