Ce que l’on redoutait depuis le refus obstiné du MNLA de reconnaître la souveraineté de l’Etat sur Kidal est en train de se mettre en place. C’est-à-dire un affrontement ouvert entre Bamako et le Mouvement séparatiste de l’Azawad.
«L’armée va marcher sur Kidal», avait annoncé, lundi, le ministre malien des Affaires étrangères, Tiéman Coulibaly, à l’AFP.
Avant lui, c’était le président intérimaire, Dioncounda Traoré, qui avait lancé, exaspéré : « L’armée malienne sera bel et bien présente à Kidal ».
Ce n’est pas encore le cas, mais les troupes maliennes sont depuis hier en route pour la reconquête de la ville rebelle. Précisément au village d’Anefis (100 kilomètres de Kidal), où elles ont repoussé les combattants touaregs.
Après la libération du Nord-Mali par les troupes françaises et tchadiennes, Kidal est restée comme une enclave entre les mains des séparatistes azawadiens. Ces derniers, qui avaient pactisé avec les groupes djihadistes armés, avaient proclamé, on se rappelle, l’indépendance de tout le Nord-Mali avant de se rétracter.
Mais depuis qu’ils se sont installés dans ce qu’ils considèrent aujourd’hui comme leur territoire, ils ne cessent de mettre à mal l’intégrité territoriale du Mali. Exigeant ici et maintenant une autonomie. Chose que Bamako n'entend pas de cette oreille.
Et cette situation avait amené les deux camps à reprendre langue sous l’égide du médiateur, Blaise Compaoré, pour résoudre cette affaire afin que l’élection du 28 juillet puisse se tenir dans l’ensemble du pays.
Mais, pendant que les discussions commençaient à Ouagadougou, le week-end dernier, il y a eu des exactions de la part du MNLA contre des habitants de Kidal, particulièrement des Noirs dont certains ont été chassés de la ville, et d’autres emprisonnés. Pire, des soldats maliens y ont été arrêtés pour espionnage au profit de Bamako.
C’est sans doute ces derniers évènements qui ont poussé le gouvernement intérimaire, véritablement agacé par l’irrédentisme du MNLA, à vouloir utiliser la force pour affirmer son autorité. Pouvait-il en être autrement ? Que nenni ! Car aucun Etat digne de ce nom ne saurait tolérer un tel affront de la part d’un groupuscule aux idéologies confuses, aux alliances douteuses et aux desseins inavoués.
Au moment où nous bouclions le présent édito, l’armée régulière malienne était toujours stationnée à Anefis. Dans un communiqué de l’état-major à Bamako, le bilan des affrontements d’hier fait état de 10 rebelles tués et de 28 prisonniers. Alors que de son côté, le mouvement indépendantiste reconnaît la perte de deux éléments et la destruction d’un pick-up.
Comme on le voit, Dioncounda Traoré a mis sa menace à exécution, lui qui avait prévenu qu’il ne ferait pas de quartier avec ceux qui attentent à l’intégrité territoriale de son pays. On ne saurait le condamner.
Sans pour autant encourager la guerre, force est de reconnaître, comme on l’a déjà dit, que le MNLA ne laisse pas d'autre choix aux autorités de Bamako, surtout que l’élection du 28 juillet, à laquelle tient particulièrement la France, pour être crédible doit pouvoir se dérouler sur toute l’étendue du territoire. On espère que le MNLA mettra vite de l’eau dans son thé, pour ne pas dire dans son vin, afin d’éviter une guerre dont le Mali se serait bien passé.
Il appartient également à la France de jouer de toute son influence et de toute sa fermeté envers ces hommes bleus, qui bénéficieraient à tord ou à raison de sa bienveillance.
Nous avons la faiblesse de croire que mêmes sibyllins, les propos du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, seront suivis d’effets. Dans une interview accordée hier à notre confrère France 24, le patron du Quai d’Orsay a en effet déclaré : « Kidal n’est pas en dehors du Mali…Le drapeau malien doit pouvoir flotter sur Kidal… Il ne peut y avoir deux armées dans un même pays ».