La joie de circuler sur la plus grande avenue de la ville de Bobo est en train de virer au cauchemar pour les usagers. Depuis sa réhabilitation en effet, ce boulevard dénommé Avenue de l’Union européenne et qui sépare les secteurs 24 et 25 (prolongement route de Ouaga) dans l’arrondissement n°04 s’est vite transformé en un tombeau à ciel ouvert où il ne se passe pas une semaine sans que des familles soient endeuillées. Des accidents de la circulation pour la plupart mortels et qu’on aurait pu éviter pour peu que ces conducteurs de camions qui sont les plus incriminés dans cette malheureuse situation acceptent de se conformer aux règles les plus élémentaires en matière de circulation.
Mardi 28 mai. Il est presque quinze heures sur l’Avenue de l’Union européenne. Une heure de pointe avec ces longs cortèges de véhicules et de motocyclistes qui s’ébranlent vers le centre-ville. Parmi les usagers, cette quinquagénaire qui fit preuve de civisme comme tant d’autres en marquant l’arrêt obligatoire au feu tricolore qui était encore au rouge. C’est pourtant là, que la mort la surprendra lorsqu’un camion de transport de sable la percute à l’arrière pour ensuite lui marcher dessus.
Appelés à la rescousse, les sapeurs-pompiers n’ont pu rien faire devant ce corps littéralement écrabouillé, baignant dans une mare de sang. Un drame qui rappelle celui d’il y a une dizaine de jours auparavant lorsque sur le même tronçon, un autre usager avait lui aussi trouvé la mort écrasé par un camion. Malheureusement, des exemples du genre, il en existe tellement que des Bobolais ont fini par baptiser ce boulevard “avenue de la mort”.
D’ailleurs les chiffres qui nous ont été fournis à ce sujet par la deuxième compagnie de la brigade nationale de sapeurs-pompiers sont assez révélateurs de l’insécurité qui règne en permanence sur cette route et des dangers auxquels sont exposés les usagers. Rien que pour le mois de mai 2013, les sapeurs-pompiers y ont effectué 24 interventions et constaté deux décès sur place. A ces cas malheureux, s’ajoutent ces blessés graves qui ont succombé à leurs blessures à l’hôpital Souro-Sanon.
Et la liste noire ne fait que s’allonger d’autant plus que rien n’est fait pour freiner les ardeurs meurtrières de ces chauffards sans foi ni loi. Des criminels au volant qui se comportent comme en territoire conquis par leur excès de vitesse et leur mépris total pour les autres usagers. Alors qui sera la prochaine victime? Une question somme toute légitime pour de nombreux Bobolais qui disent ne rien comprendre à ce “silence et de cette indifférence” des autorités municipales.
Car le phénomène qui persiste depuis toujours continue malheureusement de prendre de l’ampleur au fil des années sans qu’aucune action véritable ne soit engagée pour endiguer le fléau et sécuriser les usagers de l’avenue de l’Union Européenne. Selon nos informations, la plupart de ces accidents mortels seraient dû à des défaillances mécaniques, principalement à des défauts de freinage. Voilà qui nous rappelle la mort atroce en septembre dernier de cet enseignant en poste à Solenzo.
De passage à Bobo pour la régularisation des frais de scolarité de ses enfants, il aura la malchance de rencontrer sur son chemin ces engins de la mort. Un camion à benne qui le percute sur le flanc avant de l’écraser littéralement sur le bitume le crâne complètement ouvert. Le véhicule, sans frein, va ensuite poursuivre son chemin avant de s’immobiliser trois cents mètres plus loin. “Trop, c’est trop”, semblent dire aujourd’hui les habitants des secteurs 24 et 25 et principalement les riverains de l’avenue de l’UE. Car pour eux “l’impunité a assez duré”.
Il s’en est fallu de peu pour qu’on assiste, le 28 mai dernier, à un mouvement de foule pour protester contre la mort de cette quinquagénaire. Ce qui est sûr, la tension reste vive dans l’arrondissement n°4 où les populations exigent désormais des autorités des mesures ou des dispositions visant à arrêter l’hécatombe. “Nous voulons qu’ils érigent des ralentisseurs pour obliger ces camionneurs à limiter leur vitesse.
Le maire peut aussi déployer en permanence la police municipale pour dissuader ces mauvais conducteurs. si rien est fait nous serons obligés de prendre nos responsabilités”, nous ont-il confié. Des menaces que les autorités de la ville de Sya se doivent de prendre très au sérieux car à l’heure actuelle, il y a comme un sentiment de ras-le-bol avec ces morts en série et ces scènes insoutenables qui s’offrent quotidiennement aux populations sur ce boulevard.