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Lutte contre le terrorisme en Afrique : objet de business pour des dirigeants véreux
Publié le mardi 12 janvier 2016  |  Le Quotidien




Le dimanche 10 janvier 2016, la France a commémoré le 1er anniversaire de l’attaque de Charlie Hebdo. A la Place de la république, ce fut une cérémonie sobre, mais pleine de sens et de symbole. Le président français François
Hollande a lui-même fait le déplacement pour encourager les parents des victimes du radicalisme religieux. En dehors de l’Hexagone, le terrorisme est devenu une pieuvre qu’il faut combattre avec la dernière
énergie et dans la synergie. En Afrique, bon nombre de pays sont concernés par les attaques terroristes. Le Mali, le Tchad, le Cameroun, le Nigéria, la
Somalie et le Kenya pour ne citer que ces pays qui paient un lourd tribut des fous de Dieu. Les mouvements extrémistes islamistes accentuent une certaine terreur qui affecte chaque jour les populations.
Le président tchadien Idriss Débi a fait une sortie pour le moins malheureuse, de notre point de vue. Selon lui, une lutte efficace contre le
terrorisme nécessiterait un financement plus conséquent à son pays engagé dans la lutte contre Aqmi au Mali. Cette demande adressée à l’Occident pose le problème combien crucial de la souveraineté nationale.
Pour une question aussi importante que la sécurité des personnes et des biens, les pays africains sont encore au stade de tendre la main aux
Européens, eux-mêmes acculés ces derniers temps sur la question des attaques terroristes. Il est temps que les Etats africains se donnent la main pour créer un fonds régional géré par l’Union africaine qui permettrait de recueillir les ressources financières nécessaires à la lutte contre le terrorisme sur le continent berceau de l’humanité.
Il est triste de relever que la lutte contre le terrorisme est devenue la poule aux œufs d’or pour beaucoup d’acteurs politiques qui feignent de
s’attaquer au mal. On peut même affirmer que la lutte anti-terroriste est devenue un business pour des dirigeants véreux. Pendant longtemps, dans la sous-région ouest-africaine, certains chefs d’Etat étaient passés maîtres dans l’art de négocier avec les ravisseurs. Le moins que l’on puisse dire est que la libération d’un otage est une mission tellement opaque qu’il est loisible de penser qu’elle était une manne financière pour les principaux acteurs. Le cas du Nigéria est emblématique de cette mauvaise volonté dans la lutte contre Boko Haram. En effet, dans ce pays qui n’arrive plus à compter ses morts, des personnalités militaires ont été impliquées dans l’entretien du réseau islamiste le plus dangereux de l’Afrique. Tout cela pour des billets de banque.
La lutte contre le terrorisme est devenue de nos jours la porte ouverte à toutes sortes de dérives autoritaristes. Sous prétexte de combattre le
terrorisme, des chefs d’Etat africains font fi des règles élémentaires en matière de démocratie dans leur pays. Certains y voient un prétexte pour prolonger leur bail au niveau de la présidence. Pour ne pas citer le cas du Burkina, quelques analystes en perte de vitesse avaient prédit le chaos après le départ de Blaise Compaoré. Idriss Déby, en déployant ses forces contre le terrorisme, avait nourri
l’espoir de voir les partenaires étrangers et internationaux se taire sur les dérives autocratiques de son régime. C’était vraiment mal connaître les
exigences de la communauté internationale sur les questions des droits humains et des
libertés constamment transgressés par le régime dans le pays. Personne n’est dupe d’accorder des milliards de francs à un régime réputé corrompu comme celui du Tchad qui utilise son armée et la lutte contre le terrorisme pour obtenir le silence de la communauté internationale de plus en plus avertie et sensibilisée sur la situation du pays globalement catastrophique. Le régime pleurniche pour obtenir de l’aide financière à l’approche des échéances électorales qui exigent des financements.
Dans la lutte contre le
terrorisme, il faudrait que les Etats engagés révisent leur stratégie commune et régionale sur la base d’un certain nombre de recommandations aussi bien au plan de la communication, de la sensibilisation des populations, de la veille stratégique, au plan législatif, social et
éducatif et militaire. Par exemple, au niveau de la veille stratégique, il s’agit
essentiellement de renforcer le dispositif de renseignement, d’encourager l’échange d’informations critiques et d’accentuer la surveillance des lieux de culte et des mouvements radicaux. L’infiltration de ces groupes est donc primordiale. L’anticipation de la menace, demeure la clé de la réussite de la lutte contre ces groupes. Anticiper leur mouvement, leurs actions, leur mode opératoire, etc. Au plan militaire, la création d’unités spécialisées dans la lutte anti-terroriste est urgente.
Ce sont à ces questions qu’il faudrait s’attaquer le plus vite possible au lieu de se lamenter de façon sempiternelle sur le manque de moyens financiers1

La Rédaction
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