Notre objectif est de travailler progressivement pour "permettre à Pierre-Emerick d’atteindre le plus haut niveau d’ici 3 ans”, affirmait le géniteur du meilleur joueur africain 2015, lors du transfert de celui-ci de Saint-Etienne à Dortmund. Deux ans plus tard, on peut dire que la « prophétie » est en passe de se réaliser avec le couronnement du joueur gabonais, comme meilleur footballeur du continent, sacre qui se justifie, au vu de ses statistiques stratosphériques au cours de l’année qui vient de s’achever.
Pierre Aubame Yaya, papa d’Emerick, a toujours voulu le meilleur pour son fiston, cela sans brûler les étapes, au regard du gabarit fragile du gamin et de son éclosion qui tardait à se faire en dépit d’un talent immense. Petit à petit, il a, avec l’aide de ses différents entraîneurs, "construit” le joueur avec les résultats que l’on connaît aujourd’hui. Avec ses statistiques actuelles, l’attaquant gabonais est en effet le troisième meilleur joueur du monde derrière les géants que sont Ronaldo et Messi. Actuellement pisté par les plus grands clubs européens, il se murmure qu’il pourrait venir étoffer l’effectif de la Casa Blanca, entendez le Real Madrid la saison prochaine. Ce serait alors la consécration et l’entrée dans la cour des deux autres « monstres » du football africain que sont Samuel Eto’o Fils et Didier Drogba. Pour l’heure, il marche sur leurs traces et son titre est amplement mérité. Toute chose qui amène à s’interroger sur la réaction de l’un de ses challengers, Yaya Touré pour le nommer, à l’issue du sacre du Gabonais. Le joueur ivoirien s’est, en effet, déclaré "déçu” par le résultat du vote, en avouant au passage que la cérémonie était "triste et lamentable” (sic). Au-delà de la déception somme toute légitime du grand champion à l’envie féroce de gagner qu’il est, on perçoit toute la morgue et la suffisance de Yaya Touré dont les propos laissent transparaître en filigrane, que ce titre lui était dû en raison sans doute de sa « qualité » de champion d’Afrique et de capitaine de Man City, un des cadors du championnat anglais. Touré a oublié par là, un peu trop hâtivement qu’il est loin d’avoir été le meilleur des Ivoiriens lors de la CAN 2015, des joueurs comme Serey Die formidable récupérateur au milieu de terrain, ou Max Alain Gradel véritable dynamiteur de défenses sans oublier le colosse et teigneux défenseur Serges Aurier ayant été plus en vue que lui lors de la compétition. Touré devrait donc la jouer modeste d’autant plus qu’il n’est qu’une star parmi tant d’autres à City. Et puis, qu’il ait été sacré quatre fois consécutivement s’explique en partie, par le déclin des deux dieux du stade précités, à savoir Eto’o et Drogba. "Calmos” donc « Yayuss » et continue de jouer au ballon comme tu sais si bien le faire, pour revenir au premier plan. Pour en revenir au palmarès 2015, notons le sacre sans surprise de la Côte d’Ivoire comme première équipe du continent et la « résurrection » d’Hervé Renard sacré entraîneur numéro un. Résurrection, car le coach français qui était retourné dans la mère patrie pour ramener l’équipe de Lille au sommet, a lamentablement échoué, lui qui a tenu à peine trois mois à la tête de l’encadrement technique lillois. Plus que ses aptitudes techniques, ce sont peut-être les « prédispositions humaines » de Renard qui ne collent pas aussi paradoxal que cela puisse paraître, avec l’univers froid de l’Occident. Habitué à la chaleur et l’affectivité africaines (attention nous n’avons pas parlé "d’émotion nègre”), Renard ne sait plus parler aux joueurs européens qui n’ont que faire des salamalecs et autres effusions. Du coup, son destin semble être rivé à celui du berceau de l’humanité et de la civilisation, du moins, s’il veut se faire un nom dans la corporation des coachs. Pierre-Emerick Aubameyang, Hervé Renard, la Côte d’Ivoire, on peut dire que le tiercé gagnant 2015 a de la gueule et de l’allure, et on attend du premier nommé qui fait rentrer son pays, le Gabon, dans l’histoire qu’il aille encore plus loin pour faire aboutir le rêve absolu de son père: que son fils gagne un jour, le ballon d’or FIFA pour trôner aux côtés de Georges Oppong Weah dans le Panthéon du football mondial. Qui a dit que le rêve était "un moteur universel "?
Boubakar SY