Après une longue et insoutenable attente après l’élection le 29 novembre 2016 suivie de la prestation de serment le 29 décembre, les Burkinabé ont pu enfin connaître le nom de celui qui sera à la barre du premier gouvernement de Roch Marc Christian Kaboré. Délivrance intervenue, officiellement, le mercredi 6 décembre. Mais c’est le lendemain matin que la grande majorité de l’opinion publique nationale apprendra la nomination de Paul Kaba Thiéba à la Primature.
Dénichée de Dakar, la «perle rare» du président Kaboré a débarqué le lendemain jeudi dans la capitale burkinabé pour recevoir ses lettres de mission puis procéder à la formation de son gouvernement dont on attendait la composition jusqu’hier dans la soirée.
Le Premier ministre leur étant déjà un illustre inconnu, ceux qu’il a la charge de conduire vers des lendemains meilleurs piaffent d’impatience de voir la fiche technique de l’équipe exécutive pour espérer ou déchanter des promesses de changement faites par le président nouvellement élu. Ne dit-on pas que l’issue d’une entreprise se reconnaît à ses prémisses ?
Mais d’ores et déjà, on espère que la formation du gouvernement ne va pas, elle aussi, nous faire mariner dans notre jus comme ce fut le cas avec la désignation du locataire du château de Koulouba.
Dans la foulée, on se demande quel cru de ministres nous réserve le banquier venu de Dakar. Sera-t-il à son image, c’est-à-dire fait de nouvelles têtes ou plutôt une cuvée d’une vieille vendange, entendez par là un gouvernement constitué de la vieille noblesse politique recyclée au gré des intérêts ?
La question se pose d’autant plus qu’étant un homo novus, pour ne pas dire une pièce rapportée dans l’écurie Roch, n’ayant pas occupé de hautes fonctions politiques ni administratives au pays, n’ayant pas, a priori, de réseau constitué, Paul Kaba Thiéba doit se rendre à l’évidence : il ne sera qu’un simple premier des ministres et non un Premier ministre dont la mission est de former Son gouvernement. Autrement dit, la composition de l’équipe gouvernementale à venir sera l’affaire des RSS et de quelques autres pontes du MPP. Bien sûr, laissera-t-on quelques postes au pouvoir discrétionnaire du PM. Et lesquels ! Le choix des titulaires de maroquins de souveraineté comme les Affaires étrangères, la Justice, les Finances et l’Economie, la Défense et la Sécurité relèveront avant tout des prérogatives régaliennes de Roch Marc Christian Kaboré. On aura donc l’équipe Roch et le gouvernement Thiéba. Après tout, nous sommes dans un régime présidentiel où le chef doit «cheffer», comme l’avait dit Jacques Chirac. Et quand bien même il en serait autrement, on voit mal les dinosaures de la faune politique, chacun avec sa cohorte d’affidés, donner coudées franches à un homme hors du sérail, qui plus est a débarqué à Ouaga avec une mallette, dans la formation du gouvernement.
Cela dit, moins que sur la bataille pour la formation du gouvernement, c’est sur la bataille du gouvernement pour le vrai changement que les Burkinabé attendent de voir le nouveau pouvoir.
Alain Saint Robespierre